Paradoxalement, peu de Valaisans savent que Cornulus fait actuellement partie des meilleurs domaines valaisans car le domaine vend l’essentiel de ses vins en dehors du Valais…
Aujourd’hui, j’ai la chance de visiter le Clos des Corbassières, remontant le système de vieux escaliers de pierre taillés parfois à même la roche et qui nous permet de parcourir un réseau complexe de petites parcelles, certaines à peine plus grande qu’un mouchoir de poche, le tout enchâssés dans de superbes murs en pierres sèches. Emouvant de se retrouver dans ces vignes dont j’ai maintes fois tant apprécié les vins, notamment les fameux Cœur de Clos qui représentent la quintessence des plus vieilles vignes du domaine (entre cinquante et soixante ans en moyenne). A l’approche des vendanges et après les conditions climatiques perturbées de cet été, Stéphane Reynard est un peu tendu au départ de cette balade de reconnaissance. Je le vois toutefois se rasséréner au fur et à mesure que nous franchissons les « les étages ». Certains pinots sont très mûrs et les vendanges pourront commencer d’ici une bonne semaine si le beau temps se maintient. La Petite Arvine est très prometteuse avec une magnifique acidité verticale. Le chasselas, parfaitement doré et d’un sanitaire parfait, se laisse croquer avec bonheur. L’humagne rouge et le cornalin ne sont pas en reste. Lucide, Stéphane ajoute off record : ce ne sera pas un grand millésime, mais on peut encore faire bon…
La suite dans quelques semaines…
Le temps de prendre l’apéritif au Café de l’Union à Conthey (www.cafedelunion.ch). Je le recommande pour son caractère authentique, le vrai bistrot valaisan avec une jolie carte de vins de la région, animé, haut en couleurs où l’on vient refaire le monde. Et voici Sierre en vue, le château de Villa où m’attend la traditionnelle remontée du Rhône par raclettes interposées. Héraclite eût apprécié. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve mais on peut remonter le Rhône autant qu’on veut et c’est toujours bon. D’autant que le maître des lieux, le siueur Fornage, nous gratifie ce soir d’une nouveauté absolue, les premières rattes arrivées jusqu’ici. Par quel miracle ?
Le lendemain, pour la presse internationale, l’IVV a prévu une dégustation composée d’un certain vins qui ont obtenu un pointage supérieur à 90 points lors des dégustations de sélections de l’IVV. Les impressions sont à la fois contrastée et parfois très mitigées. Ce qui donne lieu à ce genre de dialogue surréaliste :
– Y’a pas d’âme sur ce vin. Il est technologique…
– Je trouve, moi, qu’il a tout de même un peu plus d’âme que le précédent….
– Y a-t-il des degrés dans l’âme ? Pouvez-vous me dire quel est le poids d’une âme ?
On en vient presque aux mains à propos d’un Ermitage qu’un dégustateur belge trouve quelconque et dilué. Et ce dernier de nous expliquer avec docte componction que plus les rendements d’une marsanne sont hauts, plus son ph est élevé… Certes… Finalement, au petit jeu des "coups de cœur" on frôlera la dispersion totale. Je ne vais pas finasser comme d’aucuns qui, jouant les coquettes ou les blasés, décrétèrent que non ils ne pouvaient pas dans ces conditions attribuer un coup de cœur. Alors, voici les miens : Heida 2005 de la St-Jodernkellerei à Visperterminen et l’Humagne rouge 2006 de Jacques Dumoulin à Savièse, diablement savoureuse et typée.
On file direction le restaurant Didier de Courten pour un très joli déjeuner léger avec des accords mets et vins bien pensés. Laurent Goffre est fidèle au poste, les moustaches lissées en arc de cercle comme des divinités tutélaires et c'est rassurant.
Le menu et les vins :
Château Lichen 2005, Arvine, Rouvinez
Un fondant de foie gras aux pomelos et aux oranges confites, mesclun et brioche toastée
Pinot noir de Sion 2006, Marie-Bernard Gillioz
Un risotto carnaroli coulant aux grenouilles,
Champignons des bois, émulsion de persil plat
Humagne rouge de Chamoson 2006, S. Maye
Un pigeon rôti façon beurre chaud « Café de Paris »,
Des tomates en aigre-douc et des frites de polenta au lard sec
Les Grains Nobles 2001, Rouvinez
Une tarte chaude au chocolat et aux groseilles,
Velouté de mangue et glace aux fleurs de génépi.
La vie de journaliste n’est pas de tout repos. On a une heure pour déguster quelques vins dans la rue. J’en vois qui partent, la fleur aux dents, intrépides, compulsifs, stakanovistes du gargouillis, le calepin et le verre à la main, les vibrisses en alerte, prêts à dénicher le Graal inconnu. Ils se bercent d’illusions et feraient mieux d’aller faire la sieste. La foule est en effet telle qu’il est impossible de déguster dans ces conditions. Je m’en vais donc saluer Patrice Bayard qui trône devant sa Villa Bayard, transformée récemment en un restaurant fashion comme il a déjà si bien su le faire à Genève (Cinq Portes, Scandale, etc.) Couchepin vient d’y déjeuner et gageons qu’il a apprécié la cuisine. Je viendrai le tester cet établissement prochainement.
Visite passionnante ensuite du Musée de la Vigne et du Vin à Salquenen, commentée par sa directrice Anne-Dominique Zufferey. Nous nous rendons ensuite à la frontière entre le Haut-Valais et le Valais central, au creux de la Raspille où nous attend un jeune biologiste Yann Clavien. Celui-ci s’est spécialisé dans la bio-diversité en relation avec les paysages viticoles ainsi que dans les questions d’enherbement de la vigne. En sa compagnie, nous allons parcourir une partie du sentier viticole qui va de Sierre à Salquenen et qui constitue une sorte de trait d’union entre les deux parties du Musée de la Vigne et du Vin, celle établie à Sierre, au château de Villa, et celle qui se trouve à Salquenen, dans l’ancienne maison Zumofen et que nous venons de visiter.
2 Comments
Salut Yann,
Nouvel habitant du VS et habitant juste derrière cet affluent linguistique de la Raspille, donc Hors Sierre, mais Salquenen Ouest.
Il me semble avoir entendu parler d’une légende de la Raspille, ou des pyramides de la Raspille.
Peux-tu ,m’glisser un mot, siteplé et en te remerciant par avance et par après si j’ai une réponse.
Ah, mother India … 🙂