Puis dégustation des Sauternes 2008 au château Guiraud (durement touché par le gel dans ce millésime, ainsi que quelques autres). J’ai rarement goûté des liquoreux aussi cristallins et aériens. Je parle des meilleurs bien sûr. L’Yquem 2008 parachève la dégustation avec un vin d’une grande subtilité, lumineux, tendu. Spirituel.
Château d'Yquem, le 30 mars.
Tard le soir, après avoir parcouru la petite route interminable qui mène de Macau à Bordeaux en bordure de la Gironde, m’être fait prendre dans l’endémique embouteillage des quais, puis dans la nasse des sens interdits qui émaillent les vieux quartiers de Bordeaux, j’arrive enfin dans ce lieu improbable, rue Paul Louis Lande, le bien-nommé Au bonheur du Palais.
Le menu proposé par les frères Shan au Bonheur du Palais.
Superbe restaurant chinois qui propose une cuisine dans la grande tradition de la cuisine de Canton et de Sichuan. Le célèbre LPV est venu avec des munitions sérieuses, beaucoup en format magnum. Pour tester des accords avec la merveilleuse cuisine des frères Shan. Tous servis à l’aveugle, comme il se doit.
Grandissime Château Montrose 1959
Les vins
Champagne Henriot 1988 Cuvée des Enchanteleurs
Champagne Philipponnat réserve 1990
Riesling Frédéric Emile 2004, Trimbach
Côtes du Jura 2005, Jean Macle
Châteauneuf du Pape blanc 1972, La Bernardine, Chapoutier
Château Climens 1966
Château Petit-Village 1983, Pomerol
Grange 1982, Penfolds
Château l’Angelus 1959
Château Montrose 1959
Corton Grancey 2001, Louis Latour
Gamay Vinifera 2007, H. Marionnet (pour faire la transition avec les liquoreux)
Château Rieussec 2005
Vouvray 1989, Clos Naudin, Foreau
Château Lafaurie Peyraguey 1989
Domaine Cauhapé 1988, Vendanges Tardives
Champagne Philipponnat réserve 1990
Riesling Frédéric Emile 2004, Trimbach
Côtes du Jura 2005, Jean Macle
Châteauneuf du Pape blanc 1972, La Bernardine, Chapoutier
Château Climens 1966
Château Petit-Village 1983, Pomerol
Grange 1982, Penfolds
Château l’Angelus 1959
Château Montrose 1959
Corton Grancey 2001, Louis Latour
Gamay Vinifera 2007, H. Marionnet (pour faire la transition avec les liquoreux)
Château Rieussec 2005
Vouvray 1989, Clos Naudin, Foreau
Château Lafaurie Peyraguey 1989
Domaine Cauhapé 1988, Vendanges Tardives
Un grand merci à Laurent pour tous ces flights, la pertinence des choix et la perfection des choix !
Avec tous les vins que je commente à longueur de journée en ce moment, difficile d’en rajouter mais je citerais dans mon empyrée personnel le très bel accord du Jean Macle 2005 avec cette cuisine, l’étonnante surprise d’un Petit-Village 1983, tout en fraîcheur et en finesse, l’immense Montrose 1959 (mise du château) que je n’avais pas « revu » depuis pas mal d’année, la surprise du Grange 1982, de très grande race et les liquoreux, bien sûr, qui prolongeaient le rêve commencé à Yquem quelques heures plus tôt…
Maman Shan, 82 ans et toujours en cuisine !
L’adresse Le bonheur du Palais
74, Rue Paul Louis Lande
F-33000 Bordeaux
t. +33 5 56 94 38 63
5 Comments
J’ai bu un magnifique Climens 1966 chez Gagnaire …
Pavé de bar poché au laurier – Avocat, champignons de Paris, langoustines ; jus onctueux de pamplemousse – Huile d’olive Santa tea, foisonnée au miel du désert des Agriates.
Jus émulsionné à l’huile d’olive santa tea : on obtient une " mayonnaise sans œuf " en généralisant le principe de l’aïoli. L’eau où l’on disperse la matière grasse sous la forme de gouttelettes peut alors être puissamment parfumée, et la sauce évolue vers un système hybride entre le gel et l’émulsion.
Le vin : Barsac Climens 1966 : 18,5/19 – 11/2/08
Expression sublime soulignée d’une multiplicité d’arômes évolués préservés : orange amère, abricot sec (cette impression d’être dans un bazar turc), inflexions balsamiques, gingembre. Toute la grandeur d’un Climens retenu et juste, harmonieusement poli par l’âge, au sucre estompé. Finale renchérie par une agréable résurgence acide, fruitée et épicée.
* Plat en hauteur, « babélien », compilation d’ingrédients multiples, sorte de compression à la César (le modeste champignon de Paris reste sans intérêt – fade, de texture anodine). Bel accord bar, Climens (le petit côté résineux du vin s’accordant bien à l’apport subtil du laurier). Il est intéressant de placer à ce moment du repas un Barsac d’une telle insigne finesse ; son sucre résiduel a été digéré et il s’apparie très bien.
Vous avez décrit ce Climens 1966 à la perfection, Laurent ! Avec les Bras croisés à la mode de Chengdu, je peux vous dire qu’on n’est pas resté impassibles !
Merci, Jacques …
Climens 71 n’est pas mal non plus et le 88 ira loin.
A noter que j’ai ensuite réalisé une belle promenade digestive dans un Paris nocturne et frisquet, totalement épargné, d’un point de vue sanitaire, par la cuisine du chef Forézien …
Oublié peut-être l’Yquem (j’ai un 2004 en cave) dans la liste des Bordeaux blancs intéressants …
Souvenir aussi d’un beau match Grange 86/Lafleur 86, 2 excellents vins racés à leur manière.
En revanche, j’ai eu beaucoupo de mal à décrypter, samedi dernier dans les Hautes-Côtes, l’Unico 1998, à attendre encore longtemps malgré son élevage très long.
Moi c’est un Rieussec 1966 qui resurgit souvent de mes souvenirs épicuriens, un vin partagé en famille il y a 2 ans, en fin de repas, pour lui-même.
Une folie baroque qui se repose, adoucit par les ans, totallement intégrée et une image mentale qui a quitté ses habits exotiques pour (effectivement) prendre des consonnances orientales…me reste l’image d’un palais mauresque…
…Et de ce moment partagé qui ne divise pas le plaisir mais le multiplie à l’infini…
Je parlais de Y de Yquem, le vin sec …
Pas sûr qu’Yquem 66 soit du même niveau.
Verticale de Château d’Yquem
Carcassonne, le 27 avril 2002 (cr par Pierre Citerne)
Château d’Yquem 1966 :
DS : 17 – PC : 16,5
– La robe est semblable à celle du 1967 (18/20), avec moins d’éclat et de viscosité.
– Nez moins exubérant que le précédent, avec une nette acidité volatile, un botrytis très présent, presque médicinal, iodé, des notes de miel d’acacia, de cire et de fruits secs.
– La bouche est vive, longue, avec une liqueur plutôt discrète et une amertume finale racée confinant à l’austérité. Mince par rapport au 1967, ce vin s’affirme grâce à son acidité qui lui donne fraîcheur et allonge.
A transmettre à LPV … 🙂