Oui, mais encore ?
« Moins j’étais compétent, plus j’avais le sourire… Je n’y connaissais rien et j’ai tout de suite fait de très bons vins. En 1985, je me suis endormi avec le sourire, en 1986 aussi, ça m’amusait beaucoup. Après, on ne se satisfait plus de réussir par hasard…"
« Moins j’étais compétent, plus j’avais le sourire… Je n’y connaissais rien et j’ai tout de suite fait de très bons vins. En 1985, je me suis endormi avec le sourire, en 1986 aussi, ça m’amusait beaucoup. Après, on ne se satisfait plus de réussir par hasard…"
"Après on ne se satisfait plus de réussir par hasard !"
Travaux pratiques dans la cave pour se convaincre que, vraiment, le hasard n’existe pas. J’aime bien l'approche de J. F. Mugnier. Malgré sa détermination à maîtriser les choses, il a toujours l’air d’être sur le chemin du scepticisme et de la découverte. Nous ne sommes pas très loin des Grecs…
Dégustation des 2007, des terriens, des stylés et des vins en apesanteur !
Chambolle-Musigny 2007 il est issu de 2 parcelles, une sur la partie Village de la Combe d’Orveaux, l’autre du climat Les Plantes qui est un premier cru mais que le domaine ne revendique pas comme tel. Pimpant, délié dans ses arômes, merise, touche florale, il incarne le style d’un très joli village, avenant, sur l’élégance davantage que sur la puissance.
Chambolle-Musigny 1er Cru Les Fuées 2007 très belle cuvée, comme toujours au domaine. On sent parler ici la vieille vigne (une cinquantaine d’années et le plus beau matériel végétal du domaine). Nez complexe, tabac, fruits noirs, touche minérale et superbe toucher de bouche, raffiné, élégant sur une trame parfaitement intégrée. Belle vinosité sur ce vin.
Bonnes-Mares 2007 très fermé au nez. Il est beaucoup moins dégagé, beaucoup moins expressif sur le plan aromatique que Les Fuées. Dense, serré, il est également sur la réserve en ce qui concerne le corps mais l’évidence est là : il finit ferme, épicé, sans une once de rigidité et laisse une magnifique empreinte. En fin d'élevage, il apparaîtra dans toute sa beauté. La vigne du domaine Mugnier est située au milieu des Bonnes-Mares à l’intersection des terres rouges du bas et des terres blanches du haut.
Le domaine Mugnier à Chambolle-Musigny
Musigny 2007 le domaine possède deux parcelles sur le (grand) Musigny, la plus jeune ayant été replantée en 1962. Vin émouvant, d’une grande clarté d’expression, lumineux dans ses séquences aromatiques (fraise des bois, églantine, réglisse) comme dans son corps, velouté et aérien.
Chambolle-Musigny les Amoureuses 2007 le nez est sur la réserve. Le vin n’a pas été soutiré et il manque un peu d’éclat à ce stade. C’est le premier millésime où les vins n’ont jamais été soutirés durant l’élevage. Le premier soutirage aura lieu en mars, peu avant la mise en bouteille. Mais au palais la transparence du terroir est là, cette grâce particulière, cette élégance tactile toute particulière, cette légèreté essentielle d’un vin qui, comme le rappelait ici même M. J.F. Mugnier : Les Amoureuses, c’est un vin de substance qui ne semble n’avoir aucune pesanteur.
Nuits-St-Georges 1er Cru Clos de la Maréchale 2007 c’est la cuvée la plus importante du domaine en terme de volume. Le Clos est divisé en 8 carrés qui donnent lieu à autant de cuvées différentes. A partir de là, le but est de constituer deux assemblages. Le meilleur sera le Clos de la Maréchale et un 2e vin déclassé en village sous le nom Clos des Fourches (qui était l’ancien nom de la Maréchale).
Très beau nez intense, vibrant, un des plus ouverts de la série : notes de ronce, fruits noirs, Entrée en bouche, volume généreux et très belle sève au développement. Sa chair est remarquable de consistance. Finale remarquable aux notes fruitées intenses, baies des bois, tabac blond, graphite. Il est là, posé comme une évidence, terrien, bien campé, droit dans ses bottes.
Très beau nez intense, vibrant, un des plus ouverts de la série : notes de ronce, fruits noirs, Entrée en bouche, volume généreux et très belle sève au développement. Sa chair est remarquable de consistance. Finale remarquable aux notes fruitées intenses, baies des bois, tabac blond, graphite. Il est là, posé comme une évidence, terrien, bien campé, droit dans ses bottes.
Chambolle-Musigny 1er Cru les Amoureuses 2006 encore un vin merveilleux, d’un grand raffinement aromatique. La texture est envoûtante, voluptueuse dans son approche, d’une grâce sensuelle et dès l’entrée de bouche, le vin apparaît irrésistible, magistral dans son envolée
Musigny 1996 on termine ce tour de cave avec, privilège rare, un Musigny 1996. Il exhale des notes aromatiques d’une très belle complexité avec la dynamique caractéristique du millésime : encore orienté sur le versant fruité, petits fruits rouges, végétal noble, merise, rose sauvage, cuir. Bouche élancée, ciselée avec une trame parfaitement découpée. C’est un vin d’une fraîcheur remarquable, tonique et ascendant.
On peut commencer à le goûter aujourd’hui mais je préconise de le garder encore quelques années. On l’associerait volontiers alors, quand la patience aura épuisé ses heures, à une Poularde demi-deuil façon Mère Brazier ou, plus proche de chez nous, pour évoquer un plat du grand répertoire girardien, avec un Epigramme de pigeonneau aux parures de truffes aux carottes fondantes.
Après cela, s’il existe encore une justice sous cette voûte céleste, qu’elle vous aide à trouver les amis qui n’oublieront jamais la grâce d'un tel moment !
7 Comments
Superbe récit, Jacques !
J’espère passer au domaine à la fin du mois.
Petit souvenir explicite :
Musigny – Jacques-Frédéric Mugnier 2001 :
VM17,5 – JP17,5 vers 18,5 – PP17 – LG16,5+ (cr par Pascal Perez)
– Parfums un peu écrasés de griotte, d’épices douces, de fourrure, de réglisse et de terre.
– Il s’avance tout en dentelle mais bien proportionné et d’une longueur appréciable. Quelques divergences finissent par apparaître, même si, l’essentiel étant acquis, elles ne portent que sur des détails. Certains sont éblouis par son équilibre, sa plénitude, son respect du terroir. Les autres, sans nier ces qualités, regrettent un certain manque d’éclat du fruit, un certain manque de personnalité somme toute. A revoir en confiance tout de même.
Marrant car la polémique avait touché un Pahlmeyer 97 bu dans le même repas (que j’avais préféré, d’autres le trouvant lourd).
Votre conclusion sur le Musigny 1996 conforte nos récentes conclusions sur l’état actuel des Bourgognes de ce millésimée épineux (mais il vrai ici que l’on est au pinacle- idem pour le chambertin 96 de Rousseau).
"En 1985, je me suis endormi avec le sourire"
J’avais oublié un dîner au domaine de l’Arlot qui m’a permis de rencontrer un Musigny 1985 de Mugnier de belle facture, mais un peu réticent.
Meilleur comportement ce soir-là, à côté de la piscine, du remarquable Chambolle Gruenchers 1985 de Dujac – un domaine phare (et déception sur Richebourg François Gros 1985).
Le Musigny 1994 de Mugnier est difficile, carré.
Vraiment, la poularde en 1/2 deuil ? Je perçois que quelque chose vous travaille Jacques …
😉
Effectivement, ce devrait être parfait dans l’entrelac du subtil et du puissant. Ether et terre, de la truffe comme du vin. Salivant.
Eh oui, Paul, ça me travaille, cette histoire, mais en douceur, tout en douceur. Je me réjouis déjà de la perspective !
http://www.youtube.com/watch?v=u...
J’ adore véritablement les vins du domaine mugnier; souvenirs de musigny 1985 absolument superbe d’élégance, de distinction, sans esbrouffe mais d’une noblesse terrienne; nouvel episode concluant sur le musigny 1987 plus en dentelle(j’en ai encore une bouteille offerte par mon épouse le jour de ma thèse= on la boiera en tête à tête…)
j’aime aussi le clos des fourches et la maréchale depuis qu’il sont rentrés dans le giron du domaine. hélas je n’ai pas eu accès au domaine quand j’en ai fait la demande(gentiment éconduit au téléphone me signifiant qu’il n’y avait plus rien à la vente hormis les nuits.
j’espère que ça pourra être partie remise d’autant que mon ptit doigt me dit que monsieur Mugnier est également un fin mélomane, une autre de mes passions
amitiés
Suffit de lui parler de Gould pour qu’il lève les yeux… et c’est rare car c’est un grand discret.
Musigny 2004 du domaine est ce que j’ai gouté de plus grand en Bourgogne dans ce difficile millésime, et de très loin. Ce vin a juste réussi à me faire taire alors que j’étais en plein discussion avec un ami.
http://www.deezer.com/track/2742...
M’a fait cet effet là…