Je vous en dirai plus un jour, lorsque je serai allé rendre visite au graveur dans son atelier.
L’autre vivant remarquable de ce vernissage, c’est Maurice Chappaz qui présentait son ouvrage La pipe qui prie & fume paru récemment aux éditions de la revue Conférence. Remarquable travail d’édition à l’ancienne avec des formes en plomb et l’ouvrage est illustré de monotypes de Pierre-Yves Gabioud, tellement ému d’être là, de rencontrer Palézieux et de prendre la parole après Maurice Chappaz.
On lit l’éternité comme un journal.
Nous sommes embarqués.
Un excellent vieux vin sortit de la cave. Au moment de le boire, où je regarde le vin qui épouse le soleil, j’ai eu l’impression que la Mort debout à côté de moi me regardait.
(…)
Les années s’éteignent.
Je savoure la dernière braise.
Maintenant.
Je ne désespère pas de la vieillesse, je la partage avec celles à qui j’ai ouvert ces demeures où je me réfugient ou qui m’appellent et m’écrivent de loin ; les âmes ou les corps qui sont des mayens, traversés de passants et de parents comme des inconnus. Mes ancêtres me rêvent tandis qu’il m’arrive de rencontrer à l’improviste mes disparus.
(…)
On s’aventure derrière la vie.
Chaque personne y attend son âme.
J’ai aperçu le coucou perché sur le toit et dans le même instant son envol et son cri.
Rien, rien ne peut être compris pour réussir à exister soi-même. Si ce n’est (comme si on entrait au couvent) se rendre déjà au pays des morts, là-bas, où, dit-on, le coucou chante.
Nous ne sommes qu’une volute du cigare de Quelqu’un qui s’éloigne
Notre existence se compose, se recompose sans fin comme s’il n’y avait pas d’origine. N’empêche, on est intime avec tout l’univers.
5 Comments
Jacques, je suis ému à la lecture de cet événement et tellement content que Palézieux, son contemporain, ait pu assister et parler de ce monde qu’ils connaissent mieux que personne.
Belles photos, très touchantes…
Je me réjouis de pouvoir m’y rendre puis, un intéressant sujet de conversation à Veyras.
Merci pour le lien et amitiés.
Merci Philippe ; ce fut une rencontre rapide mais très belle. Ni le Valais ni la Suisse n’ont encore totalement compris à quel point Chappaz est un "immense" écrivain. Il est passé par St-Maurice. Comme beaucoup d’autres, y compris moi-même. En 1968, nous avions accroché une banderole "Vive Chappaz" sur la falaise près de la chapelle du Scex. Cela avait ému les autorités sourcilleuses. C’était – pour moi – les débuts de l’escalade moderne…
Quelle famille que les Chappaz.
Le viel homme qui parle au vent, me fait penser à Joris Ivens attendant le vent sur sa dune de sable dans "une histoire du vent" et aussi à Ella Maillart dans sa retraite. Ont-ils trouvés une autre route vers l’Asie. Je m’arrête parce que je pense déjà à Annemarie Schwarzenbach et à Lesley Blanch que je regrette de ne pas avoir connu.
Je n’arrets de penser aces mots de René Char:
« Notre héritage n’est précédé d’aucun testament. »
Merci pour ces belles photos, Jacques, qui n’ont rien de cha(p)pa(z)rdées.
Pour tous ceux que Maurice Chappaz touche, un lien précieux qui guide vers une émission de TSR qui lui a été consacrée en 1990 :
mediaplayer.archives.tsr….
Du bonheur, vous verrez.
"L’univers redoute le temps, mais le temps redoute les pyramides"