Et nous voilà, quittant la Combe, embarqués en direction de Grusse, la petite vallée sauvage où JFG vient d’acheter des vignes, au lieu-dit « En Billat » : un terroir unique, constitué de schistes, 20 à 25 % d’argile et, après…
– Après ?
– Après, on est vraiment sur la roche… dit-il la mine gourmande.
– Après ?
– Après, on est vraiment sur la roche… dit-il la mine gourmande.
Ce braque est très gentil et répond au patroyme de Schiste…
Il déambule dans le Pays, JFG, d’une reculée à l’autre, avec son 4X4 et son braque de Weimar au patronyme prédestiné, saluant tout le monde avec son accent chantant revermontois aux traces chantantes bourguignonnes (héritage sans doute de ses années passées à Chassagne).
Le vignoble de Plein Sud, combe de Rotalier
Sur la route, il passe en revue les « climats » que l’on va retrouver tout à l’heure dansant dans le verre. Il faudrait toujours commencer par là, par les paysages, par l’évidence du terroir. Alors, Jean-François Ganevat égrène ces lieux-dits comme des cailloux qui, à chaque fois, lui permettent de retrouver sa route, celle qu’on ne devrait quitter – parce que c’est comme une vraie leçon de choses : Plein Sud, juste au-dessus de la Combe, coiffés de ses curieux dômes calcaires, un lieu solaire, dominateur ; plus loin, les Grands Teppes, terroir argileux, avec ses très vieilles vignes (1919 et 1920) ; puis viennent les marnes bleues et le coteau des Chalasses où Ganevat possède 4 ha, la moitié de son domaine.
Les Chalasses
Et nous voilà enfin à Grusse, nouveau Graal ganevien, où fleurissent les schistes et les biotopes. Ce qui n’est pas pour déplaire à Ganevat dont tout le domaine est en culture biodynamique. On admire au passage le Champs Bessard, terroir déjà réputé auprès des anciens et qui, si le classement existait, « pourrait être classé grand cru ».
Du côté de chez Grusse…
Retour à la cave pour un parcours initiatique des différentes cuvées dont je connais déjà une partie car ma réserve personnelle en recèle quelques flacons.
On déguste les 2008, millésime difficile, « il a plu pratiquement tous les jours et après, on a eu 5 semaines de vent du nord, comme en 2007. On a attendu et on a vendangé au mois d’octobre. »
On déguste les 2008, millésime difficile, « il a plu pratiquement tous les jours et après, on a eu 5 semaines de vent du nord, comme en 2007. On a attendu et on a vendangé au mois d’octobre. »
Cuvée Florine 2008, Chardonnay : produit avec les vignes les plus jeunes, c’est, si l’on peut dire, l’entrée de gamme… Gras, ample, il affiche une belle richesse de constitution.
Cuvée Marguerite 2008 issu du melon à queue rouge (une ancienne sélection de chardonnay), à peine 7 hl/ha. C’est un vin complètement exotique, ananas, mangue, baroque et joyeux à la fois.
Grands Teppes 2008 vigne plantée en 1973 : très joli vin, ciselé, élancé, à la finale d’agrumes.
On goûte ensuite les deux Grands Teppes vieilles vignes (1919 et 1920) séparés. Les deux vignes ont presque le même âge mais il y a une différence d’exposition entre les deux, et le bas de la parcelle de 1919 comporte davantage d'argile. En fonction des millésimes, cette dernière cuvée est assemblée à la cuvée issue de la vigne de 1920 – laquelle donne toujours des Grands Teppes vieilles vignes. Compliqué ? Mais non, mais non… Superbe nez, minéral, racé. Corps ascendant, d’une grande maturité et fraîcheur d’expression. Finale expansive, complexe. Un très grand vin blanc !
Cuvée Marguerite 2008 issu du melon à queue rouge (une ancienne sélection de chardonnay), à peine 7 hl/ha. C’est un vin complètement exotique, ananas, mangue, baroque et joyeux à la fois.
Grands Teppes 2008 vigne plantée en 1973 : très joli vin, ciselé, élancé, à la finale d’agrumes.
On goûte ensuite les deux Grands Teppes vieilles vignes (1919 et 1920) séparés. Les deux vignes ont presque le même âge mais il y a une différence d’exposition entre les deux, et le bas de la parcelle de 1919 comporte davantage d'argile. En fonction des millésimes, cette dernière cuvée est assemblée à la cuvée issue de la vigne de 1920 – laquelle donne toujours des Grands Teppes vieilles vignes. Compliqué ? Mais non, mais non… Superbe nez, minéral, racé. Corps ascendant, d’une grande maturité et fraîcheur d’expression. Finale expansive, complexe. Un très grand vin blanc !
Sur les Chalasse (dont on avait déjà goûté la cuvée Florine), et toujours en chardonnay, on retrouve trois lots différents, l’un issu d’une vieille vigne (1949) de dessus de coteau, tendu, net, précis comme de l’eau de roche ; l’autre issu d’une vigne plantée en 1930, d’une richesse de constitution énorme, un vin ample, complet vibrant.
Et le dernier, le Chalasse Vieilles vignes (1902) qui à mon sens est le plus beau vin de la cave en blanc, tendu, cristallin, d'une pureté sans faille. Un vin émouvant.
Exit les chardonnay. Voici le savagnin qui est multiple : le jaune (le plus répandu mais pas le plus intéressant selon mon hôte) ; le rose ; le vert et le gros vert (les plus intéressants).
On commence par le Champs Bessards 2008 (situé sur Grusse) : très rectiligne, dense, il présente un potentiel intéressant. Pourtant, on ne semble pas encore avoir ici encore toute l’expression magique du terroir.
Voici le savagnin (en majorité jaune) Plein sud 2008, complètement différent du précédent, gras, ample, avec une superbe palette aromatique de fruits à chair jaune. Puis le Savagnin 2008 En Chalasse sur marnes bleues dont hélas un seul fût a été produit : le vin est en effet impressionnant sur des notes de curry, de noix, d’épices douces, avec une bouche d’une amplitude magnifique et une finale incroyable de persistance et de complexité !
Exit les chardonnay. Voici le savagnin qui est multiple : le jaune (le plus répandu mais pas le plus intéressant selon mon hôte) ; le rose ; le vert et le gros vert (les plus intéressants).
On commence par le Champs Bessards 2008 (situé sur Grusse) : très rectiligne, dense, il présente un potentiel intéressant. Pourtant, on ne semble pas encore avoir ici encore toute l’expression magique du terroir.
Voici le savagnin (en majorité jaune) Plein sud 2008, complètement différent du précédent, gras, ample, avec une superbe palette aromatique de fruits à chair jaune. Puis le Savagnin 2008 En Chalasse sur marnes bleues dont hélas un seul fût a été produit : le vin est en effet impressionnant sur des notes de curry, de noix, d’épices douces, avec une bouche d’une amplitude magnifique et une finale incroyable de persistance et de complexité !
Quelques 2007 pour terminer : l’amusant Rien que du Fruit 2007, produit à partir d’un certain nombre de cépages locaux en voie de disparition (Enfariné Petit Bécland, Scévillard, Geusch) pressés en blancs pour certains. Ce vin à l’humble degré alcoolique est une très agréable surprise et les tontons glouglou et les écluseurs mélancoliques vont à coup sûr l’adorer.
Notez que, moi aussi, sans soufre ou pas, j’en lamperais bien quelques lichettes, pour la soif, mais la route du retour ondoie là-bas, dans le lointain.
Notez que, moi aussi, sans soufre ou pas, j’en lamperais bien quelques lichettes, pour la soif, mais la route du retour ondoie là-bas, dans le lointain.
Je salue Fanfan de la Combe de Rotalier et de Grusse, pipette à la main, visage de faune mi-inquiet mi-souriant, accoudé à un fût.
On promet de se revoir bientôt, de prendre le temps. Toutes ces paroles qu’on échange au moment de prendre congé. Davantage que des civilités ou des songes en creux, elles sont de vrais engagements d’amité. Car l’ami est celui qui fonde la parole autant qu’il la tient.
On promet de se revoir bientôt, de prendre le temps. Toutes ces paroles qu’on échange au moment de prendre congé. Davantage que des civilités ou des songes en creux, elles sont de vrais engagements d’amité. Car l’ami est celui qui fonde la parole autant qu’il la tient.
24 Comments
Jacques,
De Rotalier à Pontarlier la distance est selon l’itinéraire choisi par Michelin de 95 km.
On arrive alors au restaurant l’Alchimie.Le reste les amis…je vous laisse le soin d’imaginer.Plus d’une demi-douzaine de visites.Et bien sûr y a du Ganevat.
En plus le restaurant est ouvert le dimanche et le lundi.
Merci pour le tuyau, Pascal ! Cet alchimiste perdu au fond de la cambrousse m’a l’air bien inspiré (j’y retrouve une idée qui m’est venue depuis un certain temps déjà, associer la betterave et la truffe – bientôt ici…) et ça m’a tout l’air d’être la cantine chicos du Fanfan ! http://www.l-alchimie.com/articl...
Jacques,
On enlève le paleron et on trouve donc l’association betterave/truffe/moelle,pour y trouver des saveurs terre/terre/gras.
Essayes betterave/huître pour le côté terre/mer.
Un jour on fera un 4 mains côté cuisine!
Gannevat fait des vins splendides comme son inspirateur (et celui des meillerus vignerons du Jura) Overnoy (et son successeur inspiré Houillon). Voilà un exemple de parfait idéalisme bio. Si on cherche vers Arbois un bon resto le Grapiot à Pupillin est idéal avec ses vins locaux si bien choisis et pas cher et sa gourmande cuisine. Ils en ont de la chance au royaume du Ploussard..
Parfaitement M. Bettane, un idéaliste qui néanmoins préserve la qualité de superbes jus magnifiant des terroirs de premier ordre.
Du matériel végétal il doit aussi être fait mention. Combien d’ailleurs en Côte d’Or possèdent encore des vignes centenaires ?
Oui, on en a de la chance, au royaume du ploussard, de pouvoir boire d’aussi bons vins élaborés sans chimie à la vigne ni soufre à la cave. Comme quoi…!
La cambrousse, la cambrousse, c’est vite dit, Jacques! Pontarlier est un axe franco-helvétique très prisé. A tout juste 3/4 d’heure des bords du Grand lac, côté Lausanne. Ici aussi, on a droit à la haute gastronomie! 🙂
Ce qui est beau – et qui fait tout l’attrait de jurassic pax – c’est que ses vins ne seront jamais à la mode parce qu’ils sont intemporels ! Un jour, un client, parlant des vins de Puffeney, me disait, avec une pointe de dépit :" Oh mon Dieu, mais qui boira des vins comme ça ?!"
– Moi le premier, lui ai-je répondu. Et j’en connais des hordes qui les adorent !
Alors, Olif, tu vois pourquoi je l’aime du fond du coeur, la brousse, parce qu’elle est vraie et peuplée de rêves vivants !
Michel : tu as raison de parler de Pierre Overnoy, modèle et figure sainte des vins du Jura. Il faudra qu’un jour je raconte ma première rencontre avec Pierre, il y a fort longtemps, comment j’ai annulé un déjeuner chez Jeunet pour partager avec lui une saucisse de Morteau.
J’aurais mangé la saucisse de Morteau chez Jeunet!
Je suis très heureux parce’que ce weekend Fanfan viendra en belgique (Chez Laurent M). Cela sera de retour une degu agréable et bcp d’ambiance.
Je l’ai visité en octobre et c’est toujour un grand moment de passer à La Combe.
Bonne Soirée
Magnifique saucisse de Morteau hier au restaurant Les Tontons (flingueurs), à Beaune (avec une marsanne de Dard&Ribo et un mourvèdre de l’Anglore).
On a dit gamay ou syrah ou grenache mais ce n’est pas le plus important, le vin étant très net … (le sans soufre arrondit les tannins, rend les vins plus glissants).
Superbe parcours au passage chez Prieuré-Roch avec un géant : Clos de Bèze 2007 (casse-croûte de luxe assuré, avec quelques autres splendeurs du domaine dans ce style si particulier, infiniment digestes, comme nous le fîmes). 🙂
Merci à notre hôte …
Vu l’emplacement des vignes du CDBèze de Prieuré-Roch, il a intérêt à faire bon !!!
Pourquoi réduire les vins de Ganevat à de bons vins sans soufre ni chimie ?
Ils sont premièrement au delà de cela, ils sont des vins parfois extraordinaires. Et mon petit doigt me dit que du soufre ils contiennent, aussi intelligemment que faire ce peut. Les étiquettes en mentionnent la présence, certainement voulue par JFG pour protéger le fruit de ses terroirs et de son travail.
Ce débat qui tourne en rond sur le sans-soufre est au fond aussi stérile qu’une terre mal travaillée !
Je n’ai pas dit cela Paul …
Il y a des cuvées de Ganevat que j’ai aimées (Grands Teppes 2004).
A propos de vin raté, j’ai été peiné le même jour par un Barral Jadis 2001 à la volatile douteuse et au goût de vinaigre : très peu pour moi …
Mais Laurent, je ne parlais ni de vous ni à vous !
Ah, l’Orangercentrisme, le mal du siècle … 😉 (humour inside, je précise)
Désolé, Paul,
C’est que j’aime bien échanger sur ces thèmes …
Et j’avais "commis" un petit aparté sur Prieuré … (la dégustation in-situ fut formidable et ce qui est bien, c’est que cela permet un autre style de grands pinots).
Les derniers sans soufre que j’ai bu étaient en grande majorité bien convaincants.
Le pire, c’est qu’un ami a dit sur l’un de ces vins : peut-être un peu trop propre, la raie au milieu, pas assez ébouriffé …
Cela fait sens, non ? 🙂
En discutant avec pas mal de vignerons cette semaine, le thème du changement climatique en faveurs de certaines régions est souvent revenu …
Le Jura en fait partie (pour le moment, j’ai un peu de mal avec les rouges de ce domaine).
PS : le braque de Fanfan ressemble comme 2 gouttes d’eau à celui de Louis-Michle Ligier-Belair.
Louis-Michel Liger-belair, voulais-je écrire …
Son approche sur le soufre et la vendange entière est intéressante.
Effectivement, Paul, les vins de Jean-François Ganevat sont des grands vins tout court, des vins de terroir. Dire qu’ils sont cultivés sans chimie et vinifiés sans soufre n’est pas réducteur (un paradoxe?), c’est une vérité qui mérite d’être soulignée. Certains ont tendance à penser que ce n’est pas possible d’élaborer de grands vins ainsi.
Quant à la mention "Contient des sulfites" sur l’étiquette, vous devriez le savoir, elle ne signifie nullement que le vigneron en a ajouté au cours de la vinification. Elle est obligatoire dès lors que le taux de SO2 libre est supérieur à 10mg/l dans la bouteille. Jusqu’en 2006, Fanfan n’en utilisait que 2g/hl à la mise en bouteilles. Depuis, plus du tout.
Le débat sur le "sans-soufre" est par ailleurs loin d’être stérile, il fait plein de petits un peu partout.
Grand vin tout court ?
Et la longueur en bouche, Olif ? 🙂
Celle d’un Rayas 2000 (a lot of sulfites ?) ou celle d’un Bèze 2007 de Prieuré-Roch (contains sulfites) ou encore celle d’un Bâtard-Montrachet 2000 du DRC (immense).
Voilà pour moi des grands vins : complexes, nuancés, équilibrés, longs, de fort potentiel de garde.
C’est certes un peu académique mais cela compte.
Cela dit, les vins de Ganevat sont selon moi des vins de belle qualité, surtout quand le chardonnay apparaît bien mûr (Grands Teppes 2005 par exemple).
Je suis moins fana des rouges (même sur 2005).
Je suis certain qu’une visite enjouée au domaine m’en donnerait une vision encore plus éclatnte (le vin n’est rien hors contexte).
Je n’ai volontairement pas accordé au pluriel ,Laurent. "Grands vins tout court", l’ambiguïté n’est pas de mise.
Nul doute qu’après un "parcours du combattant" au domaine, tu serais à même de réviser ton jugement. Les rouges 2006, 2007 et 2008 sont potentiellement supérieurs aux 2005, de l’avis même de Fanfan, du fait d’une approche différente en matière de vinification. L’effet millésime a ici certainement une moindre importance. Si ce n’est sur les rendements…!
Olif,
Fort déçu (à l’aveugle) par le Poulsard "Allobroge Vieilles Vignes" 2006 ("… nez bien animal, bouche acide et brève").
Même analyse l’après-midi par Philippe Ricard ("… nez pas charmeur pour un sou, … bouche simple, à l’acidité aiguë, sans chair ni longueur").
Il doit me falloir une explication de texte (un vin noté 12/20 par 5 dégustateurs) …
Cela dit, je ne mets en doute ni ton appréciation ni le soin du producteur dans la réalisation de ses vins.
Au passage, quelle est plus précisément la nature de ce changement de vinification ?
Jacques, vous n’avez goûté que les vins blancs de JF Ganevat? Vous ne parlez pas du tout des rouges?
Faute de temps, je me suis effectivement concentré sur les blancs mais j’ai également "tasté" quelques rouges mémorables, Cuvée de l’Enfant Terrible 2007, envoûtante par ses arômes ébouriffants et son naturel ; Le Trousseau Plein Sud 2007 et l’étonnant Pinot noir sur schistes 2007 Cuvée Julien du lieu dit En Billat sur Grusse.
Rien que du fruit 2007 :
Robe trouble. Très axé sur la pomme et une forte acidité, très continentale.
Pas mal …
Chalasse marnes bleues 2007 : pas convaincu du tout par la grandeur de ce vin.
Boisé encore gênant, finale très acide. A revoir car l’harmonie n’est pas là.
Olif m’a expliqué qu’il n’était pas question de sentir de la noix sur ce vin … 🙂
Belle chienne. Voici une page avec la liste des portées actuelles de braques de Weimar inscrites au LOF, elle est mise à jour et archivée chaque semaine:
braquedeweimar.braquedubo…