La dégustation portait sur 32 vins d’Italie en provenance de la Basilicate, Lombardie, Sicile, Toscane, Ligurie, Ombrie, Piémont, Vénétie, Abruzzes, Frioul, Emilie-Romagne, Val d’Aoste, Sardaigne, etc.
Peu de révélations et quelques dissensions. Entre tradition plus ou moins éclairée et vins techniques, entre cépages classiques (Fiano ou Verdicchio par exemple) et les grands cépages internationaux comme le chardonnay ou le sauvignon, l’Italie des vins blancs donne l’impression de se chercher un peu. Les résultats seront bientôt en ligne sur le site du GJE.
2) Cabernets-merlots 2001 du monde
Une double session originale et parfois troublante dans ses résultats : je rappelle ici que, selon les principes qui ont fait la réputation du GJE, les vins sont dégustés à l’aveugle. La session du matin portait sur les cabernets-merlots à moins de 100 euros la bouteille et celle de l’après-midi sur ceux à plus de 100 euros la bouteille.
Je vous renvoie également à la publication prochaine des résultats mais vous donne toutefois quelques-uns de mes coups de cœur et de mes déceptions :
Session du matin :
Mon coup de cœur : Château Haut-Carles 2001
Ma déception : Château La Mission Haut-Brion 2001 (vin pirate car à plus de 100 euros la bouteille, ce Mission était méconnaissable. Sans doute un problème de bouteille. Compte tenu de ce problème, ce vin reviendra dans la session de l’après-midi).
Session de l’après-midi :
Mes coups de cœur : Château Pape Clément et château Pavie (pour les Bordeaux). Harlan Estate en vin étranger.
A signaler que la Mission Haut-Brion, sans être transcendante, s’est nettement mieux goûtée l’après-midi.
Les déceptions (car ce ne sont ici uniquement les miennes) : Latour et Pétrus… Aveugle ou pas, ces bouteilles n’étaient à la hauteur ni de la réputation des crus en question, ni de leur prix. Manque de netteté aromatique dans Latour et structure fluide, aucune complexité dans Pétrus avec un côté très végétal…
Une dégustation très intéressante avec de grosses surprises ! Beaucoup de déceptions parmi les syrah issues de leur berceau historique (Ampuis et Tain l’Hermitage) et l’extraordinaire réussite des syrah suisses dans un millésime qui, pourtant, ne les favorise pas davantage que les syrah rhodaniennes. Attendons les résultats définitifs mais les syrah suisses pourraient bien avoir trusté les premières places, en compagnie de la syrah de Sine Qua Non en Californie ! Elles ont en tout cas damé le pion à des stars confirmées telles que Guigal (La Turque et château d’Ampuis), Jamet, Gérin, Cuilleron, La Chapelle, etc.
Etaient présentes les syrah des producteurs suisses suivants :
Simon Maye (splendide !) – Denis Mercier – Didier Joris – Claudy Clavien – Benoît Dorsaz – Grognuz frères.
Demain je vous parle de la table ronde que nous avons tenue samedi après-midi concernant le rôle et l’évolution de la critique de vins…
21 Comments
et ça voudra dire quoi ces résultats : que DUCHMOLL cette année à fait mieux que TRUCMUCH qui fera mieux que TARTEMPION l’année prochaine et ainsi de suite jusqu’à la nuit des temps mais aura permis une belle séance d’onanisme oenologique, j’attends l’avis du gars Vincent, l’ami du "témoin de la créosote"
A Monsieur Serge :
Ces résultats ne voudront strictement rien dire pour vous, donc, ne perdez pas de temps à les lire : votre hiérarchie ne correspondra pas à la nôtre. Et, vous le savez sans doute, cele ne nous fera ni chaud, ni froid. Onanez vous vous-même, vous y trouverez un immense plaisir, une sourde satisfaction d’être unique, le meilleur, et d’avoir laissé entendre que tous les autres sont des cons.
Reçu 5 sur 5 grand maître, d’alleurs je relisais votre article sur "la notation d’un vin" du 5/10/2007 qui est au vin ce que le discours de Dakar est à l’Afrique.
Au fait, attendez vous toujours que Bettane apparaisse un jour au milieu de la nuée céleste pour vous expliquer, enfin, "LE" vin. Bon courage, quand même!.
Face aux grands problèmes du monde et, dans une moindre mesure, face à ceux qui semblent agiter le dénommé Serge, cela n’a effectivement aucune espèce d’importance… Cela dit, les Denis Mercier, Axel Maye, Benoît Dorsaz, Didier Joris ou les frères Grognuz, vignerons idéalistes qui, année après année, s’évertuent à produire de grands vins, qui savent ce que les mots "travail" et "passion" veulent dire, trouvent à travers une telle dégustation une reconnaissance méritée. De même si un Haut-Carles ou un Haut-Condissas confirment, à l’aveugle, leur grand potentiel, cela ne dérangera que les esprits chagrins et les fats qui aboient dans l’ombre. Quant au dénommé Serge, il a le choix, si ça le titille autant que ça, entre la relecture (?) des œuvres complètes de Amiel ou de Freud. C’est à lui de voir…
Monsieur Perrin, auriez-vous l’amabilité de nous fournir votre classement concernant les syrah ?
Christian Rausis, Valaisan, bien sûr grand amateur de ses syrah qui peuvent être magnifiques, mais aussi très interpellé par le classement de certains vins, notamment la Turque de Guigal, les Ruchets de Colombo, la Chapelle de Jaboulet…
En vous remerciant pour tout ce que vous faites pour la culture du vin.
Résultat officiel des syrah : 34 vins sur 39 dégustés :
1 Simon Maye et fils
2 Claudy Clavien
3 Grognuz
4 Benoît Dorsaz-Quintessence
5 Graillot-Crozes Guiraude
6 Combier-Crozes Clos des Grives
7 Denis Mercier-M
8 Krankl-Midnight Oil
9 Didier Joris-Pré des Pierres
10 JP et JL Jamet
11 Cuilleron-CR Terres Sombres
12 Kay Brothers Amery-Hillside
13 Shafer-Relentless
14 Gangloff-Serine
15 JP et JL Jamet, Côte Brune
16 Gerin-Grandes Places
17 Fontodi
18 Coursaudon-Paradis
19 Finca Sandoval
20 Planeta
21 Colombo-Ruchets
22 Two hands wines -Ares
23 Gerin-Champin Seigneur
24 Guigal-Turque
25 Torbrek-Descendant
26 Roger-Morgassi
27 Anderson-Wild Duck
28 Isole Olena-Coll. Marchi
29 Vernay-Maison Rouge
30 Maltus-Exile
31 Kay Brothers Amery-Block6
32 Shirvington
33 Luigi d’Alessandro-Il Bosco
34 Astralis-Clarendon
J’étais très étonné par le résultat de cette dégustation qui a confirmée ma prédilection pour les syrahs du Valais (j’achète régulièrement quelques bouteilles de la Syrah d’Axel Maye et celle de Benoît Dorsaz, et j’essaye depuis quelques années d’obtenir plus qu’une bouteille à la fois de la Syrah de Denis et Catherine Mercier que, personnellement , je trouve la plus spectaculaire des Syrah du Valais).
Pourtant, un nom me semble manquer sur la liste des 35 Syrah qui constituent, selon un commentaire dans "Le Temps", la "crème de la crème des Syrahs du monde", à voir celui de Marlène Soria qui m’a procurée avec son Clos des Cistes (1995 si je me souviens) une des expériences les plus sublimes de Syrah que j’ai jamais vécu.
Il semble que Marlène Soria a eu des problèmes ces récentes années (pourtant, elle semble s’être relevée d’une façon spectaculaire avec son 2002, selon votre dernier courrier!). Est-ce la raison pour laquelle ses vins n’ont pas pu participer dans la dégustation du millésime 2001?
Si elle aurait pu participer avec son 2002, où pensez-vous, qu’elle se serait située? Au milieu de nos héros valaisans, devant ceux et celles-là, ou plutôt dans la région des fameux Côte-du-Rhone?
D’ailleurs, en parlant des Côtes-du-Rhone, j’étais très heureux de voir un de mes vins favoris de cette région, le Clos des Grives dans les dix premiers!
Meilleures salutations
Thomas Bally
Vous avez raison, Thomas Bally, manquaient quelques syrah d’envergure. A commencer par celle de Jean-Louis Chave, un Hermitage de Tardieu-Laurent n’aurait pas fait mauvaise figure non plus dans le paysage. En ce qui concerne Marlène Soria, elle n’a pas produit de vin en 2001 et il était donc impossible de l’intégrer dans la dégustation. Cela dit, son vin est tellement hors normes, idiosyncrasique, venu d’une autre planète en quelque sorte, que je doute qu’il eût pu prétendre aux places d’honneur…
Bonjour et merci pour ce tableau …
J’ai pourtant goûté il y a peu quelques monstres convaincants, au sein d’un panel d’amateurs parisiens pointus …
Côte-Rôtie Guigal la Turque 2001 : 18/20 – 5/11/07
Nez sanguin d’une profondeur confondante, certes encore fermé, réunissant des senteurs prometteuses de cassis, de fumée, de minéral, de menthol : bouche d’une densité impressionnante, puissante, carrée, tannique. Caractère hiératique, minéral et caverneux n’excluant ni la race ni l’élégance. On a pu penser à Chave ou la Brune de Jamet (en moins sensuel).
USA Midnight Oil Sine Qua Non 2001 : 17/20 – 5/11/07
Olfaction délibérément exubérante : orange, poivre, eucalyptus, cassis crémeux, réglisse, fumée. On devine un vin capiteux mais de la fraîcheur et de la finesse également ainsi que de la retenue (profil exotique net mais sans tomber dans la caricature – dans les pires cas presque repoussante). La bouche reprend ces notes (s’y immiscent de flaveurs d’asphalte et d’épices), dans une silhouette correctement charpentée (cette ossature faisant quelque peu défaut au vin australien). Une interprétation de la syrah particulière et encore une fois convaincante. Lors de la dernière dégustation, ce vin était un poil plus satisfaisant encore, probablement car il ne rivalisait pas avec des « monstres » rhodaniens, plus longilignes.
Côte-Rôtie Côte Brune Jamet 2001 : 18,5/20 – 5/11/07
D’emblée, on retrouve dans un jaillissement assez sensuel ces notes prestigieuses caractéristiques du domaine : cassis, laurier, olive noire, suie, orange sanguine, réglisse, violette. Bouche également signée, farouche, impérieuse, affermie par une mâche considérable et une acidité sans faille (conférant une énorme et salvatrice fraîcheur à ce jus magnifiquement concentré). Ce vin brille aussi par son naturel d’expression, son potentiel de garde (il est toujours cette splendeur reconnaissable, toute en plénitude).
en moins bien :
Côte-Rôtie Rostaing La Landonne 2001 : 15/20 – 5/11/07
Au nez, on reconnaît des senteurs très « syrah du Nord », dans un registre en veilleuse cependant : cassis, fumée, terre, pointe végétale. Bouche dans un style plutôt « authentique », qui tient principalement sur son acidité. Manque d’ampleur (presque maigreur ?), austérité, goûts acidulés et végétaux prononcés. Le vin n’est pas mal en introduction mais fera pâle figure quand il sera regoûté à la fin de la dégustation (face à des pairs bien plus racés et moins sommaires).
Australie Clarendon Hills Liandra Vineyards 2001 : 15,5/16 – 5/11/07
Ici encore, le vin « étranger » est décelé en raison d’une nature plus « sucrée », régressive. Elle se traduit en un ensemble de senteurs de bourgeon de cassis, de confiture de fraises, de bourbon, de menthol. Ce nez figué semble appeler un tajine d’agneau. Bouche veloutée, à la douceur sucrée, qui tend malheureusement à rapidement saturer le palais. Trame un peu lâche. Manque de colonne vertébrale bien préjudiciable (même reproche fait à Astralis 1999 lors du match des syrahs françaises et australiennes de mai 2004 méticuleusement préparée par Pascal Perez).
Une syrah italienne intéressante :
VDT (Piémont) Gillardi “Harys” (syrah) 1998
D’accord avec vos commentaires des trois premiers vins !
Jacques,
C’est un lien donné par Alain "Winemega" sur LPV qui m’a fait venir chez vous …
Pour avoir participé (en tant qu’invité) au GJE Bordeaux 2004, je sais bien la complexité de l’analyse du vin …
Le club toulousain IVV les regoûte en ce moment (avec de nouveaux biais bien sûr …).
Au passage : Shirvington 2002 est un grand vin (18/20).
Shirvington 2001 était dans la dégustation. Dans la série des blockbuster, riches, suaves, presque médulleux, c’était un des meilleurs vins juste après Midnight Oil !
de belles pistes :
Barossa Valley – Amon Ra (Ben Glaetzer) – Unfiltered Shiraz 2002 : 17/20 – sept 2004
USA Cayuse Vineyards Walla Walla Syrah 2002 : 16,5/20 – 31/10/06
Barossa Valley – Massena – The Eleventh Hour Shiraz 2002 : 16/20 – sept 2004
…
Bonjour,
Les résultats de cette dégustation de vins de Syrah sont une magnifique nouvelle pour les producteurs de vins suisses (mais aussi pour les amateurs qui les apprécient). C’est effectivement une forme de reconnaissance de leur travail et de leur passion.
Ce qui est doublement positif, c’est que ce tir groupé de six caves ou domaines, démontre qu’il n’y a pas qu’un seul producteur pour cacher la forêt !
Si, pour cette dégustation, la Cave Cornulus n’était pas présente avec sa syrah Antyca, l’on parle d’elle et de son cornalin sur ce blog quelques pages plus loin. Et, parce que le Valais est aussi un vignoble au féminin pluriel, comment ne pas penser à Marie-Bernard Gillioz-Praz qui réalise de superbes vins d’Ermitage et de …syrah !
Enfin, si cela permettait de relancer une reflexion sur l’encépagement en Valais (50 variétés!), pour ne garder que ceux qui ont réellement un haut potentiel qualitatif, pourquoi pas …
Santé,
Laurent Probst
Et le "Dead Arm Shiraz" de d’Arenberg à McLaren Vale qu’en pensez vous ?
Étonnant aussi que le fameux "Grange" de Penfolds ne soit jamais cité…ou dégusté.
Dead Arm 2001 a déçu sur ce flacon précis :
Mc Laren Vale – D’Arenberg – Dead Arm 2001 : syrahs australiennes 29/9/04 (dégustation préparée par Pascal Perez)
JP12,5 – PP12 – LG14 – 45 euros
– Nez légèrement boisé, développant des senteurs de fruits, de réglisse, de minéral.
– Bouche serrée, sanguine, réglissée, non dénuée de goûts typés de cassis mais qui manque d’harmonie en l’état. Je lui reproche moins son acidité et son amertume que d’autres.
Je suis intéressé par le résultat de cette dégustation préparée par Pascal Perez. L’Astralis de Clarendon HIlls en faisait aussi partie?(classé dernier à villa d’este??) Les syrahs australiens sont peut-être trop généreux en sucres résiduels pour les palais non anglo-saxons? A mon humble avis la "terra rossa" de Coonawarra permet non seulement au "cab-sauv" mais aussi a la syrah -"shiraz" de développer une magnifique expressivité meme sur des vins au bon rapport qualité-prix comme ceux de Wynns ou Majella.
Je me demande aussi ce qu’une dégustation-repas (en mangeant) pourrait amener comme différence de rang entre ces mêmes syrah dégustés à Villa d’Este. Les plus "puissants-évidents" se défendront peut-être mieux avec des choux farcis des Carpates, un boeuf bourguignon ou une moussaka aux aubergines que leurs comparses plus fins (valaisans par exemple) et que j’adore aussi! (sauf que je suis allé chez Simon Maye il y a un mois pour lui en acheter et que -c’était prévisible- il n’en avait plus une seule!)
Cico,
Pour ce cr, laissez-moi un mail (allez voir la rubrique contact sur le site ivv).
Astralis a fait partie d’une autre comparaison (grandes syrahs du Rhône vs grandes syrahs australiennes).
Les Chave, Jamet, Allemand (sur 1999) l’ont emporté haut la main (face à Grange, Henschke Hill of Grace, Torbreck run rig, …, Astralis 99 décevant fortement).
Goûté le we dernier des syrahs valaisannes de Marie-Bernard Gillioz er Philippe Darioli qui ne m’ont pas fait grande impression.
Une confirmation (malheureusemnt) :
Mc Laren Vale – D’Arenberg – Dead Arm 2001 : 12/20 – 20/12/08
Olfaction un poil repoussante, aux arômes cuits, comme factices : cassis, barbe à papa, eucalyptus, coca-cola. Bouche bizarre, agressive car trop acide, alcoolisée (ne pas oublier que le vin est aussi une boisson). Pensé en priorité Australie (car le cassis et l’eucalyptus sont marqués) ou Afrique du Sud ou bien encore Portugal (car ce profil est très « koala », mais avec une finale heurtée en raison d’une forte acidité).
Note : jugement unanime pour les 10 dégustateurs (chevronnés) présents.
Et pourtant ce Dead Arm 2001 est Extraordinary (96-100). Me vient donc à l’esprit la question suivante : Ne devrait-il pas y avoir une cohérence plus au moins forte au niveau des notes de dégustation d’un même vin parmi les cadors du métier ? Pour moi, la notion d’élégance est universelle et devrait permettre de rejoindre les grands nez et palais. Or si un consensus semble atteint sur la cotation des vins rouges de Bordeaux, celui-ci est plus disparate dès que l’on s’aventure sur le terrain miné des syrahs du monde ou des pinots noirs. J’ai entendu à maintes reprises des critiques européens se plaindre du niveau d’alcool élevé ou des textures confiturées des shiraz australiennes. Des remarques similaires sont régulièrement invoquées à propos des pinots noirs valaisans qui, par déséquilibre des maturités phénoliques et physiologiques, produirait une vendange cuite au goût de pruneaux.
Les dégustateurs de ce blog ont-ils quelques débuts d’explication sur les différences parfois énormes que l’on retrouve à l’appréciation de certains cépages ?