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Evidemment, pour notre penseur, le monde et son champ d’observation infini ne s’arrêteront pas à cette soirée de mai 1677. Son Essai sur l’entendement humain (1700) va, notamment, exercer une influence déterminante sur les encyclopédistes. Après avoir, par l'observation, jeté les bases de la notion de cru, Locke va contribuer à la fondation d’idées fondamentalement novatrices articulées autour de la déclaration des droits de l’homme.
Selon la philosophe Blandine Kriegel, interviewée récemment par le Monde, l’influence de la pensée de Locke permettrait de mieux comprendre la séparation entre l’Angleterre et la France. Celle-ci n’est pas seulement géologique ou linguistique ; elle est surtout idéologique, déterminée par des courants philosophiques : l’absolutisme cartésien, d’un côté, qui ne peut que déboucher sur un affrontement permanent ; le pragmatisme tolérant de l’empirisme puritain anglo-saxon, de l'autre.
« En France, nous sommes sortis des guerres de religion par l’Edit de Nantes et la proclamation de la neutralité de l’Etat. Mais, dans le même temps, la concentration du pouvoir dans la souveraineté, le lent mais irrésistible parcours de la philosophie cartésienne qui donne à la volonté le primat sur l’entendement et exile l’homme hors de la nature ouvrent la porte à l’idée des recommencements absolus. On perd la loi naturelle. Contre la religion de la force sortie du laïcisme machiavellien, la loi naturelle est la revanche de l’Angleterre puritaine qui croit à l’existence de normes stables régissant les relations humaines, exactement comme Einstein un siècle dira plus tard que Dieu ne joue pas aux dés.
Or nous qui rejouons toujours la division de la droite et de la gauche héritée de la Révolution française comme le même et unique grand drame national, nous avons manqué cette conciliation. Avec notre Etat administratif souverain, nous avons échoué à la pacification des partis. Voilà pourquoi la Révolution n’est pas terminée. Et notre philosophique soutient cette politique : nous croyons qu’il est possible de réiventer les règles, alors que Locke avait indiqué que nous pouvons les déclarer, parce qu’elles sont présentes dans la nature politique et éthique de l’homme. "
2 Comments
Définitivement, cette idée de révolution permanente me plaît par dessus tout.
Au moins, cela nous donne l’impression que, quelque part, on peut agir sur notre sort.
On aurait manqué, à cause de cela, une conciliation ? So what ?
Mais qui êtes-vous donc, Einstein, pour dire à Dieu ce qu’il doit faire ?
Niels Bohr (1885 – 1962)