Première étape à Kanazawa (« le ruisseau doré »), sur la côte nord-est du Honshu. Tout est sous la neige ici, dans cette ville très vaste mais pas si peuplée (500 000 habitants), qui au début du règne Edo était la quatrième plus puissante du Japon. Une ville de seigneurs de guerre, de samouraïs et de geishas dont on peut encore voir quelques « vestiges » dans les vieux quartiers de Tera machi et de Naga machi avec ses murs et ses façades de l’époque Meiji. Kurosawa n’est pas loin.
Kanazawa, au petit matin…
Outre ces endroits disons… pittoresques, deux spots sont particulièrement dignes d’attention. Le premier, le musée d’Art contemporain du XXIe siècle, passe pour l’un des musées les plus novateurs au monde. Dessiné par Sejima Kazuyo, il déploie ses lignes d’une grande élégance au cœur d’un immense parc. Nous n’en verrons que l’extérieur hélas (le Musée est fermé du 28 décembre au 2 janvier).
Heureusement, juste à côté, se trouve le jardin Kenroku-en, un des plus beaux du Japon. Ce parc des « six perfections » a été conçu en 1676 sur le modèle des jardins chinois de l’époque Song. Aujourd’hui, il s’étend sur une superficie de 11.4 ha. Même à cette saison, sous la neige, dans la froidure hivernale, c’est une fête pour les sens. Au détour d’une allée, on devine la présence de Bashô, célèbre pour ses haïkus.
Neige qui tombais sur nous deux
Es-tu la même
Cette année ?
Es-tu la même
Cette année ?
Bashô, on ne peut ne pas l’avoir constamment sous le regard et dans l’esprit quand on visite le Japon. Concision, trait de lumière et d’humour, détachement souverain, attention à l’infime. A la trace également.
Un de ces jours peut-être, sous son influence, deviendrai-je également lapidaire et ne produirai plus que des haïkus. Qui sait ?
Les sashimis du Genzaemon.
Plus tard, la faim s’étant invitée au futur banquet des contemplatifs, il fallut choisir un restaurant. Moment capital. Où aller ? On compulse les revues, envoie des messages sur la lune, recoupe les rares informations sur le sujet. Le Michelin n’est pas encore arrivé ici. Kanazawa est pourtant un endroit réputé pour sa cuisine. Finalement, on tombe sur une adresse plutôt engageante. On demande à l’hôtel de réserver. Le chef du Genzaemon nous fait répondre qu’il est désolé, qu’il n’accepte pas de clients étrangers, qu’il ne peut donc pas nous recevoir : ses menus sont en japonais uniquement et personne ne parle un mot d’anglais dans le restaurant. Nous accueillir chez lui et ne pouvoir répondre à nos questions serait, selon le code d’honneur, assimilable à un manquement au devoir d’hospitalité !
Heureusement, Clio, l’une de mes filles, est avec nous. Elle étudie à Kyôtô depuis trois mois et se débrouille déjà plutôt bien en japonais. Grâce à elle, nous passons une superbe soirée au Genzaemon, un petit restaurant d’une quinzaine de couverts. Visiblement l’endroit n’est fréquenté que par des Japonais avec lequels le chef, Hayashi, trinque régulièrement, gardant un flegme imperturbable, pendant que son second, physique de lutteur de sumo, l’œil mi-clos, semble vivre au ralenti. Les sashimis méritent de rentrer dans la catégorie « très bon » et le nabemono, simple et précis, également.
Voici donc l’adresse, mais n’oubliez pas l’arme secrète : la traductrice !
Le restaurant : Genzaemon, Kigura-Machi, t. 076 232 71 10
Le restaurant : Genzaemon, Kigura-Machi, t. 076 232 71 10
Demain : tempête de neige dans les montagnes de la péninsule du Noto : Shiratawaka-go et Katayama
4 Comments
Dépaysement total, sauf la neige.
Voeux amicaux à vous, voyageurs impénitents, avec tant de récits dont nous profitons.
Merci, Jacques.
J’ai oublié de vous dire que la plieuse de votre carte de voeux était parfaitement réglée !
A 2011, en pleine forme,
Philippe
J’ai pensé à vous devant ma télé en regardant cette émission:
http://www.arte.tv/fr/Comprendre...
Très bonne fin de périple !
La suite:
videos.arte.tv/fr/videos/…
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