D’abord cette image… une armée de l’ombre… quelques centaines d’hommes à peine… combinaison blanche… masque de protection sur le visage… survivants sans avenir… Ils avancent dans un monde opaque, silencieux… qui n’est plus tout à fait le nôtre… Ils marchent à travers l’urgence… au milieu de la centrale éventrée… parmi les lances à incendie… les gravats… Depuis Tchernobyl, ils portent ce nom étrange, les liquidateurs. La mission de ces samouraïs de l’atome ? Refroidir le monstre. Eviter que le cœur nucléaire ne s’emballe, empêcher la fusion.
Quel paradoxe : des métaphores amoureuses pour dire le pire !
Nous avons tous été sidérés par ces images en boucle. Les tours qui dansent dans le ciel. Puis la vague arrive, énorme, dévastatrice. Les digues, les ponts, les maisons, emportés, fétus de paille. Des villages entiers, des routes, disparus.
Comment oublier la suite ? Les explosions à la centrale de Fukushima… les systèmes de refroidissement en panne… montée de la température… l’émission de particules radioactives. Cynisme et atermoiement de la Tepco, le géant en charge de la centrale, un des plus importants conglomérat de l’électricité dans le monde. Gêne des autorités japonaises. Rétention de l’information. Les deux pouvoirs face à face, démunis. L’énergie et l’information. Reste à consulter les oracles, ou plutôt, les experts. On a peu entendu jusqu’ici la parole des Japonais, ni leur colère. Encore ces images. Comme si elles étaient porteuses d’un sens caché. Les rues de Tokyo à moitié vides. Les rescapés errent parmi les décombres. L’empereur Akhito demande de prier pour le Japon, émouvant et dérisoire. Nous savons désormais qu’il y aura un avant et un après Fukushima.
Après la catastrophe de Tchernobyl, le monde s’est rassuré, pensant que celle-ci n’avait pu se produire que dans un état déliquescent. Aujourd’hui, c’est le Japon, un des pays les plus technophiles de la planète, qui est touché. Une telle catastrophe ne pourrait pas se produire chez nous, rétorquent les experts. Oui, mais si tel était le cas, à quels liquidateurs ferions-nous appel ? Aux dernières nouvelles, la situation à Fukushima est toujours aussi critique. Nous le savons, nous sommes passés de l’improbable à l’imprévisible, de la gestion du danger au risque incontrôlé, de l’accident à la catastrophe. Notre rêve de maîtrise totale sur la nature s’est brisé. Nous avons tous mal au Japon. Les cerisiers sakura seront-ils en fleurs cette année ?
2 Comments
Ce qui prouve, MALHEUREUSEMENT, que, malgré la foultitude de nos polytechniciens et autres sur-doués issus d’une éducation plus propice au bachotâge qu’au sens de la réalité, et malgré les discours toujours empreints de fausse sagesse de ceux qui nous gouvernent, que nous sommes incapables de gérer les "machins" (systèmes pour rester "politiquement correct") qui nous échappent et qui s’emballent.
Bien triste pour nos enfants (et petits-enfants ?).
Un peu comme le monde du vin qui marchent sur la tête avec des prix de sortie primeurs complètement déconnectés de la réalité réelle, celle que vivent des milliards d’humains en ce moment.
Dieu existe-t-il réellement ?
Bruno
Là…….. vous pouvez ouvrir un magasin de perles!