Sœur antithétique, parente pauvre du nebbiolo, la barbera est passée en quelques années du statut de cépage un peu décrié, tolérée pendant longtemps pour ses vertus de cépage teinturier. Depuis quelques années sous l’impulsion notamment des meilleurs producteurs piémontais, ce cépage tente de conquérir ses lettres de noblesse.
Marco Reitano (sommelier du restaurant La Pergola à Rome) présente le cépage barbera en compagnie de F Mauss
Trois millésimes à l’épreuve et environ 140 vins au programme, dans des styles très différents, 2007 (grand millésime), 2006 (millésime sur la fraîcheur, plus difficile à déguster actuellement) et 2005, millésime généreux, solaire.
Dégustation difficile, hétérogène avec, il faut le dire, peu de grands vins à l’arrivée. Des styles différents et une recherche d’identité pour les vins issus de ce cépage. En fonction des régions de provenance (plus en finesse généralement pour les vins de la zone d’Alba ; plus riches pour ceux issus d’Asti et de Monferrato).
Où est la barbera idéale ? semble se demander J.L. Taupin (au premier plan).
En fonction, également, des choix de vinification et d’élevage). A tel point que durant ces deux jours, on a entendu à maintes reprises, Enzo Vizzari, un des presque « locaux » de l’étape, évoquer la perte de repères de la barbera idéale. Mais cette dernière existe-t-elle ? Où la chercher ? Difficile parfois de trouver son bonheur parmi ces vins tant les expressions paraissent parfois erratiques, entre décoction de bois, fruits surmaturés, voire blets ou, au contraire, notes végétales. La réponse ? Elle sera bientôt sur le site du Grand Jury.
Prochain article un restaurant à ne pas manquer dans le Monferrato, le Cacciatori à Cartosio.
15 Comments
J’aime beaucoup cette présentation des verres telle des jeux d’orgues, chez l’ensemble des membres du jury, sauf pour l’un des dégustateurs (1 ere photo, au premier plan à gauche) qui semble préférer les lignes et les angles…
cordialement,
laurent
Beaucoup de bois en effet sur les 97 d’Asti : Hastae Quorum et Braida Ai Suma … (ainsi que sur Braida Barbera d’Asti Bricco dell’Uccellone 98).
Intéressant Coppo Pomorosso 1997 (châtaigne, chocolat, rose), dense, tannique, sanguin, profond.
Barbera d’Alba de Giacomo Conterno 94 dans un style sans concession, alcoolisé et acide (avec beaucoup de fraise comme il se doit, demandant une adaptation "culturelle").
Pierre Citerne, qui connait très bien les vins transalpins, avait tenté cette conclusion :
Le cépage Barbera, malgré ses qualités (grand velouté du fruit dans les années mûres, équilibre intéressant entre acidité vive et discrétion des tannins, finesse et fraîcheur aromatique, capacité à "épouser" avantageusement la barrique neuve), ne semble pas capable d’égaler le Nebbiolo en terme de longueur et de complexité structurelle et aromatique. Ce que nous avons constaté en dégustation ne fait que confirmer l’opinion des vignerons piémontais, du moins de ceux qui ont à la fois des vignes de Barbera et de Nebbiolo.
La comparaison avec le Dolcetto est intéressante.
Pistes Tre Bicchieri :
Barbera d’Alba Ciabot du Re 2005 F.lli Revello
Barbera d’Alba Sup. 2005 Filippo Gallino
Barbera d’Asti Bricco dell’Uccellone 2005 Braida
Barbera d’Asti Pomorosso 2005 Coppo
Barbera d’Asti Sup. Alfiera 2005 Marchesi Alfieri
Barbera d’Asti Sup. Nizza Favà 2004 Garetto
Barbera del M.to Sup. Bricco Battista 2004 Giulio Accornero e Figli
Je vous lirai avec grand intérêt !
… rien du tout.
Laurentg,
non impossibile la comparaison avec le dolcetto…c’est comme faire une comparaison entre syrah et cabernet.
Merci, Gabriele …
Il y en a un qui réussi un beau syncrétisme à Trévallon (le pré-assemblage de la syrah et du CS 2007 est splendide) ! 🙂
Nous pouvons contribuer au thème avec quelque information sur les origines, le cépage, les appellations, …
Les origines
Le Piémont a une position de premier plan dans le panorama viticole italien. La grand part de cette surface est occupé par la Barbera, un cépage d’ancien origine, qui vois sa propre naissance dans les terre du Monferrato déjà dans le Moyen-âge. À l’époque elle était connue dans les alentours d’Asti ou elle donnait un vin médiocre bu par les paysans locaux. Dans ces années elle a connu une vite expansion dans les terres d’Asti, Casale, Alessandria, Tortona, Vercelli e Novara, seulement plus tard elle fut implantée dans les vignes des Langhe.
L’adaptation à divers terroirs et climat, la résistance aux maladies et la forte production ils ont encouragé les paysans à travailler ce cépage. Dans le XX siècle elle est devenue le cépage piémontais plus travaillé. Jusqu’à les années ’70 fut considéré un vin de table, rustique et vendu exclusivement dans les zones de production.
Fut Giacomo Bologna a signée son réveille. C’était le premier à croire dans ces potentialités, ensuite furent plusieurs vignerons à suivre ses idées, producteurs capables de porter ce vin à des niveaux inattendus. La diminution des rendements, les meilleurs technologies et l’expérience dans l’utilisation des barriques ils ont permis à la Barbera de devenir un vin de meilleurs complexités, structure e longévité.
Aujourd’hui elle occupe 16’000 ha. (35% de la surface), elle est cultivée partout en Piémont mais elle rejoindre la meilleur expression seulement dans les zones d’Alba, Asti e Casale. Hors Piémont elle est connue dans l’Oltrepò Pavese, dans les Collines autour Piacenza et en Franciacorta. Introduit par les émigrants italiennes est présent aussi en Californie et Amérique Latin.
Caractéristiques du cépage
C’est un cépage assez vigoureux, très fertile, qui dans les mauvaise millésimes a difficulté a termine sa maturation. La période de maturation idéale tombe dans les premiers jours d’octobre, mais considéré la forte acidité et la faible intensité tannique, il faut vendanger les raisins le plus tard possible. La grappe est compacte, de moyenne grandeur et de forme pyramidal. La peau des raisins est de couleur bleu foncé, le jus est doux et acidulé.
Les vins
Sa versatilité donne des vins de différentes consistances.
La version jeune, vinifié aussi dans la version pétillant, représente le vin quotidien. Cette typologie est commercialisée le printemps suivent les vendange et exclusivement vinifié en tanks d’inox.
La version affinée est un vin plus structuré, elle est élevée pour quelque temps en fûts chaine de capacité différents. Elle est commercialisée dès l’automne suivant les vendanges.
La version Supérieur est sûrement la plus importent. C’est un vin de garde, corsé, de bonne complexité, l’élevage est en barriques pour 14-16 mois. Ca robe est rubis très intense. Les aromes sont intenses, les nuances sont de rose et violette, cerise et fruits noirs de bois. En bouche sont riche et chaleureux (on espère pas trop), juteux et de belle fraîcheur, pendent que sa texture tannique est jamais abondant.
Les Appellations
La Barbera en Piémont a 7 appellations : Barbera d’Alba, Barbera d’Asti, Barbera del Monferrato, Colli Tortonesi Barbera, Colli Novaresi Barbera, Pinerolese Barbera, Piemonte Barbera. Les plus importants sont, sans doute, celles du Monferrato, Asti et Alba.
Barbera d’Asti e Monferrato
Le Monferrato est divisé en trois areas : l’ Astigiano est la zone plus étendu et comprend les vignes en province d’Asti. Le Casalese se développe autour de la ville de Casale Monferrato, pendent que le Haut Monferrato correspond aux hautes terres méridionales juste à la limite avec la Ligurie. Cette région est considéré la patrie du cépage et dispose de deux appellations crée en 1970.
L’area de productions du Monferrato comprend plus de 200 communes distribuées dans les provinces d’Alessandria (99 communes) et d’Asti (118 communes). La grande partie de cette surface ce superpose avec l’appellation Barbera d’Asti, en effet les domaines de la province d’Asti et de 51 communes de celle d’Alessandria peuvent appeler les vins avec les deux appellations. Sur ces couteaux le cépage occupe touts les meilleures vignes et trouve tout les conditions nécessaires pour développer des vins de caractère. Est le vin plus importent de cette région, avec 5’800 ha. est le vignoble, occupé par la Barbera, plus étendu du Piémont. Ici la loi autorise les producteurs à produire des vins avec un assemblage de Barbera (minimum 85%) Freisa, Grignolino et Dolcetto.
Barbera d’Alba
Cette appellation correspond à 1’700 ha. de vignes situé autour de la ville d’Alba dans les Langhe et comprendre les communes autorisés à la production du Barolo (Barolo, La Morra, Serralunga d’Alba, Manforte d’Alba, …), du Barbaresco (Barbaresco, Treiso, Neive) et Roero. Ici le cépage est arrivé plus tard et il ne dispose pas des meilleurs terroirs, justement dédiés au Nebbiolo. À différence de la version d’Asti et Monferrato, la loi a prévu l’utilisation seulement de la Barbera. L’inférieur production permette d’avoir des vins de meilleure homogénéité.
La « Superiore » c’est une sélection des meilleurs raisins, mais souvent elle représente l’expression d’un seul cru. Ce sont des vins plus corsés et concentrés avec un élevage supérieur au 12 mois en barriques. Il faut distinguer entre les vins du Roero, les plus fins, et celle de la zone du Barolo et Barbaresco, les plus structurés.
Nonsolodivino,
Etes-vous surpris par les premiers résultats de cette session ?
Merci Nonsolodivino.
Nonsolodivino : merci pour cette excellente contribution à la question de la barbera. Cela dit, la question du style, de l’identité et de l’avenir de la barbera demeure… Vous avez raison de souligner la versatilité de ce cépage. Il faut également préciser que, notamment en ce qui concerne les barberas d’Asti (terres plus lourdes argileuses), les rendements sont souvent plus que confortables. Quitte à passer ensuite au concentrateur…
Même l’appellation Barbera d’Alba ou d’Asti Superiore n’est pas en soi un gage qualitatif certain. La loi à ce sujet est bien peu restrictive pour l’obtention de l’appellation Superiore : 12 mois au moins d’élevage en fût et 13 degrés minimum. Rien n’empêche donc de trouver des Barbera d’Asti Superiore issues de vignes qui ont produit 70 hl/ha.
Quant à l’élevage en fûts, de nombreux vins dégustés montrent que, sur plan-là également, de nombreux progrès doivent être faits pour aller vers la finesse et la sapidité. L’orientation étant, pour l’heure, plutôt à surboiser les barbera, en partie pour compenser une structure tannique légère, surtout par besoin de se conformer à des « canons » internationaux, déjà périmés à mon sens.
Enfin, sur la zone de Monferrato, on espère que l’exemple d’une propriété comme celle de l’Azienda Accornero suscitera fera peu à peu des émules.
En effet la qualité est encore bas en rapporte à la forte production.
Complètement d’accord sur le Monferrato où il faut prendre l’exemple d’Ermanno Accornero et ses Barbera: l’equilibre et la complexité de Superiore et la gourmandise de Giulin.
Malheureusement dans les dernier années trop producteurs ont poussé vers des vins puissante avec des extractions marqué, un peut lourd qui manquent de finesse et élégance. Des Barbera "body builder" qui après un verre ….
Stefano
Question :
Quelle influence néfaste pousserait-elle donc ainsi ces producteurs transalpins à truquer la qualité en offrant des vins peu buvables (mais vendeurs ?).
Je ne sais pas si on peut parler de "truquer la qualité". Disons que pour un tiers de la production environ, la qualité fait défaut (matière première, vinification et élevage aléatoires). Il faut aussi rappeler ici que la barbera n’est pas un cépage facile à vinifier, alors lorsque, de surcroît, le raisin au départ n’est pas extraordinaire. Pour ce que vous appelez la "côté vendeur", il y a une tendance évidente chez les producteurs du "deuxième tiers" a essyer de gommer l’acidité naturelle du cépage et, d’autre part, à lui donner à la barbera une structure qu’elle n’a pas au départ, en boisant parfois à outrance leurs vins. Sans doute cette tendance répond-elle à la demande de certains marchés à l’export. Il faudrait creuser la question. Enfin, n’oublions pas que l’histoire de la barbera comme grand vin potentiel est assez récente et ne concerne qu’un nombre restreint de producteurs. Les autres doivent encore accéder à cette représentation, s’ils le peuvent…
Voici, en complément, un texte de présentation de la barbera que j’avais fait pour le Guide des Vins du Piémont paru dans Vinifera en 1999 (dix ans déjà…).
La barbera
On peut dater avec précision l’origine de la barbera. Celle-ci remonte en effet à 663, date de la bataille de Refrancore qui vit la victoire des troupes lombardes sur les Français et ceci grâce à une ruse que l’on peut qualifier d’œnologique. En effet, des amphores de vins furent méthodiquement réparties sur le champ de bataille et, assoiffés, les soudards français – les barberi – succombèrent à la tentation et s’y abreuvèrent trop généreusement.
Le berceau de ce cépage se situe dans le Monferrato et la région d’Asti dont les barberas les plus réussies se distinguent d’ailleurs par un fruité et une élégance particuliers. Dans les Langhe, la barbera a été introduite à la fin du dix-neuvième siècle seulement. Pendant longtemps d’ailleurs la réputation de ce cépage, qui fait partie des cépages les plus cultivés dans le monde, n’a guère été flatteuse. En 1986 même, ce cépage connut une véritable descente aux enfers avec le scandale de l’alcool méthylique. (à suivre)
La barbera (suite et fin)
Pourtant, grâce à la ténacité et au savoir-faire d’un certain nombre de producteurs, la barbera réussit depuis quelques années à conquérir des lettres de noblesse. A qui sait dompter le rendement naturellement exubérant de ce cépage et le cueillir à juste maturité, la barbera présente quelques arguments qualitativement intéressants : couleur profonde – et l’on comprend déjà pourquoi elle est souvent associée au nebbiolo dans les vins d’assemblage – fruité expressif même s’il est souvent monolithique, richesse de texture alliée à une très belle vivacité qui rééquilibre sa richesse naturelle et, surtout, tannins souples et peu marqués. Cette dernière caractéristique lui confère aux yeux de nombreux producteurs une vocation naturelle à être élevée en barriques. Dans cette perspective, la primauté du renouveau de la barbara revient incontestablement à Giacomo Bologna et son Bricco dell’Uccellone, suivi presque en même temps par Angelo Gaja, Elio Altare et Aldo Conterno.
Assemblage lombard passerillé (barbera + croatina) : Ing. Gino Brega Oltrepo Pavese 82 (Dai vigneti confalioneri in monti Beccaria), intéressant !
Je pensais croatina = bonarda, mais non ! 🙂