Quarante ans plus tard, les Etats-Unis continuent de financer leur croissance à travers un déficit devenu abyssal. Cet été, le plafond de la dette a dû être une fois de plus relevé. Celle-ci atteint désormais 100 % du PIB américain. On a frôlé le pire. L'a-t-on vraiment évité ? La sanction est tombée : un abaissement de la note des Etats-Unis par S & P. Même la Chine, principale créancière des Etats-Unis, s’en est émue. Pourtant, les stratèges chinois sont sans doute les derniers à souhaiter que le monde économique renoue avec l’esprit de Bretton Woods.
Nixon en compagnie du King dans ces années-là… Le président américain a fait du dollar un nombre pur.
Déjà fragilisés par l’instabilité européenne, les marchés n’ont cessé de plonger durant l’été. Entre craintes et rumeurs, les bourses ont traversé de sérieuses zones de turbulence. Une seule certitude, les traders n’auront guère eu le temps de bronzer cet été. Nombre d’entre eux se sont transformés en Cassandre, pariant sur des faillites en cascade. Dans leur ligne de mire, des Etats, des banques plombées par des crédits douteux. Résultat : des milliards volatilisés (5300 depuis le 22 juillet). Mis en corrélation avec la réalité, ces chiffres devraient donner le vertige.
Ce qui arrive aux Etats-Unis, première puissance mondiale en déclin, pourrait bien se produire chez nous demain. La croyance en la toute puissance des marchés nous a fait oublier cette évidence : 95 % des flux internationaux actuels sont purement financiers, sans relation directe avec le travail et le développement économique. Sans lien avec le réel.
Les marchés financiers sont-ils devenus fous ? Cette question paraît naïve ou provocatrice. De nombreux économistes tirent pourtant le signal d’alarme : oui, les marchés financiers sont erratiques ; oui, les banques centrales devraient réguler les marché des changes en exigeant une avance de 20 à 30 % sur les opérations à terme qui exercent aujourd’hui une influence déterminante sur le cours des changes, lesquelles se font sans avance de fonds; oui, les montages financiers, de plus en plus complexes, et l’interconnectivité instantanée, s’allient pour créer des situations à très haut risque. Oui, la vie est plus importante que la bourse !
Article paru dans 24 Heures du 10-11 septembre
14 Comments
Les milliards volatilisés sont de toutes façons des milliards virtuels…What else?
Milliards virtuels peut-être, licenciements réels certainement. Et c’est sans doute ce qui est le plus immoral dans l’histoire
Bruno
Meuhhh non, le capitalisme est fondé sur la capacité du système a apprécier la solvabilité des emprunteurs, 2008 lehman brother en a fait les frais et c’était de la roupie de sansonnet maintenant ce sont des Etats qui sont insolvables, et pas qu’un!
Quelle est l’histoire de ce roi qui se trouva débiteur d’un banquier plus riche que la couronne de France et qui plutôt que de le rembourser, l’envoya au bûcher ?
Des états insolvables mais armés jusqu’aux dents …
Raga…vla un nouvel article sur la finance et ces bons vieux clichés!!!
1)Pour la frontière entre économie virtuelle et économie réelle trois interrogations:
-Renault gagne plus d’argent avec son activité prêt qu’en vendant des voitures c’est de l’économie réelle ou virtuelle?
-Comment déterminer la juste valeur comptable d’une société comme Apple ou Google, la marque Danone "image du bon produit" se valorise combien par rapport à Mc Do, c’est de l’économie réelle ou virtuelle?
-un grand industriel présent au conseil de surveillance ou d’administration d’une grande banque (y en a beaucoup plus qu’on ne le croit) préfère ne rien dire et prendre son jeton et ses benef c’est de l’économie réelle ou virtuelle?
2)Pour les flux financier un produit dérivée bien couvert en risque nécessite d’acheter une couverture au jour le jour contrairement à une personne qui ne couvre pas son risque. Combien de compagnies ont virés plein de monde pour n’avoir pas couvert leur risque de change!
3) Je finirais par une phrase de Denis Kesser lut dans Challengs:
"la fébrilité des pouvoirs publics explique largement la volatilité des marchés"
Oui il est nécessaire de réguler les marchés et de réformer mais pitié évitons les clichés et les propos hâtifs qui ne reflètent pas la réalité….
Bon une coquille: Challenge’s du 15sep p73
Olivier: un prêt crée de la monnaie, c’est d’ailleurs comme cela que les banques la crée. On est dans le virtuel depuis l’abandon de la parité et c’est bien pour cela qu’il y a divergence avec l’économie réelle.
"fébrilité des pouvoirs publics" ?
http://www.youtube.com/watch?v=A...
Olivier :
Ici comme sur tant d’autres blogs, la place est plus destinée à ce type de commentaires nécessairement biaisés, mais porteur de sentiments réels.
Il suffit de lire, par exemple, le blog d’Attali qui lui, a bien plus d’ambition d’explications raisonnées que nous. Et bien, chaque billet d’Attali suscite un paquet impressionnant de réponses. Certaines sont de sublimes stupidités alors que d’autres sont frappées d’analyses assez singulières, originales, et bien argumentées. En tout cas des analyses valant lecture attentive.
Ceci dit, par exemple, un Maurice Allais (qui fut mon prof à IUHEI à Genève) irait bien plus loin que le Grand Jacques dans ses condamnations du virtuel.
Bonjour,
Bel article précis et objectif, je ne sais plus combien de temps l’Empire romain a mis pour se décomposer, celui-ci sera beaucoup plus rapide.
Cordialement
Jean-Louis, La décomposition de l’empire romain est en bonne voie.
Longue vie à l’Europe et à l’euro :o)
A qui profite les discours déclinistes et apocalyptiques?
@Armand: je suis assez d’accord mais cela n’a pas empêcher Philippe le bel de mettre du plomb dans sa monnaie!
@Mauss: oui je suis d’accord à 100% sur les sentiments réelles et je suis juste triste qu’il n’y ait pas assez d’articles dans les journaux et autres médias qui expliquent plus les rouages de tous ces mécanismes et basta pour que tout le monde se fasse son idée sur pièce! voili voila…Et dans le genre:
Evariste Lefeuvre
Sortir de l’Euro? Une idée dangereuse?
Eyrolles
est très instructif sur l’actualité.
Aie, encore une coquille, "empêché" bien sur..
Il n’empêche qu’Ephèse ne se trouve plus en Europe depuis belle lurette.