Malgré l’étrange beauté des lieux, son caractère presque irréel, nous n’avons guère le temps de musarder. A travers d’antiques tènements, je cherche le chemin qui nous verra, mon infortuné pilote et moi, déboucher tout à coup le long du mur d’enceinte de Calon-Ségur après avoir longuement erré jusqu’à St-Seurin de Cadourne. Rendez-vous a été pris (enfin !) avec l’altière Madame Capbern-Gasqueton. Pour de plus amples précisions sur le sujet, je renvoie les lecteurs aux éditions précédentes de mon Journal de voyage à Bordeaux. Je rappellerai simplement que, au vin de Calon-Ségur et à sa propriétaire, je voue une indéfectible admiration et que je suis particulièrement heureux à la perspective de pouvoir revoir celle que, eu égard à son caractère intransigeant, je me permets de surnommer la “diva de Calon-Ségur”. Impétrant transi sous la pluie, je pénètre, en compagnie de l’ami qui m’accompagne, dans la petite cour pavée. Elle est là qui m’attend, tirée à quatre épingles, l’intrépide Madame Capbern-Gasqueton, le regard, mi-amusé, mi-inquisiteur, dardé sur nous, sûre de son effet.
A ses côtés, discret, un peu intimidé, son nouveau directeur, Vincent Millet qui était auparavant responsable de la qualité au château Margaux et qui, en quelques mois, ainsi que nous allons tout de suite le constater en dégustant le 2006, a parfaitement pris la mesure de cette propriété mythique et, sans dénaturer son caractère singulier, unique, a su lui donner une finesse et une précision qui par le passé ont parfois manqué à ce cru.
Comment
..le nord du Médoc, pluvieux, les mots comme la poésie..