Je suis intrigué par ce manège : à tour de rôle, des dîneurs sortent à intervalles plus ou moins réguliers, glissent dans le froid acéré.
Terrine de chevreuil et foie gras de canard, une rusticité éclairée et un prix cadeau !
Parfois, des tables entières se volatilisent et je craindrais presque de me retrouver seul au milieu du restaurant.
Ils sortent faire des ronds dans la nuit, tirer une taf, si vous préférez.
Ils sortent faire des ronds dans la nuit, tirer une taf, si vous préférez.
Tout à coup, cette évidence me saisit : la fumée a disparu. Le monde a recouvré une partie de sa pureté originelle.
Bizarre époque. Avant, pour être dans le vent, il fallait fumer comme un chef Comanche en détresse. Dans les avions, sur les cimes verglacées, sur les plateaux d’Apostrophe ou du TJ, dans les grands restaurants entre une bouchée de petit Choux farci de langoustine au beurre de béluga et une de Homard à la vanille, en écoutant les stridences de Deep Purple, on boucanait, on grillait des sèches, des vertes et des pas mûres, on s’encalminait de Gauloises égrillardes, de Celtiques romantiques ou des Craven A qui, en plein hiver, valaient sans doute deux sous de trèfles, si j’en crois ce brave Léo !
Aujourd’hui, fini tout ça. On a délocalisé. Terminé le règne des hauts fourneaux ! Exit la java des Boyards et des clous de cercueils. Oubliée la libération de toutes les pensées chère à Pessoa.
Enfin nous pouvons sacrifier à notre passion du goût dans la transparence. Sans inutiles volutes. Ni remugles tenaces de cendrier refroidi, le lendemain. On respire enfin avec nos poumons de flanelle : sûr, Léo, que la vie est là…
Et l’on voudrait nous persuader que c’est attentatoire à notre liberté, une, indivisible et frivole, que d’enfermer la fumée à l’extérieur…
Avant de la voir disparaître ?
Avant de la voir disparaître ?
7 Comments
T’es bien roulée dans ton tabac
Viens que je t’aspire au bout de mes doigts
Comme une frangine à la dérive
Qu’a son tabac dans ses archives
Et qui vous refile tous ses dossiers
Histoire de mieux vous renseigner
T’es une donneuse de paradis
T’es ma Gitane et ça m’ suffit
T’es ma Gitane, t’es mon amie
T’es bien sapée dans ton futal
Comme une cibiche qu’on fume au bal
Comme une frangine qui part en douce
Qu’a sa valise dans sa frimousse
Et qui vous laisse sur le pavé
A faire, tranquille, des ronds de fumée
T’es une copine de patachon
T’es ma Gitane, t’es mon tison
T’es ma Gitane, t’es mon patron
T’es bien à l’aise sous mon briquet
Viens que je t’allume et viens t’user
Comme une frangine à régalade
Qu’on boit d’un trait sous une œillade
Et qui s’épuise comme un godet
Au fond de la gorge à se régaler
Et quand l’amour vient se consumer
Comme un mégot dans le cendrier
Je prends une Celtic dans mon paquet
Léo Ferré – La Gitane – "Ferré 64"
Manquait la Gitane, eh oui ! Ah la Gitane…
Feues Les Pauls – Fillmore West enflamme
Merci Jacques.
http://www.youtube.com/watch?v=O...
Dieu est un fumeur de havanes …
SG, bien vu…http://www.everythingsg.com/cele...
Suggestion en eclats
http://www.thehighwaystar.com/gr...
http://www.youtube.com/watch?v=Y...