Nous sommes un petit groupe pour visiter quelques propriétés de cette région viticole d’Espagne, célèbre par certains des vins qui s’y produisent (Vega Sicilia et Pingus notamment) et méconnue. L’œnotourisme n’est guère le genre de la maison dans cet endroit un peu retiré, aux beautés secrètes.
Nous nous trouvons ici à l’extrémité de la province de Burgos, sur un plateau d’altitude (entre 600 et 1000 m) au climat contrasté, traversé par le fleuve Douro. Les hivers y sont rigoureux et les étés chauds et secs, ainsi que nous allons le constater bientôt.
J’y suis venu la première fois en 2003. Dans l’intervalle la superficie du vignoble a crû de 2000 ha de vignes pour atteindre les 19 000 ha aujourd’hui. Le paysage s’ordonne autour du fleuve mythique qui structure un espace viticole de premier ordre puisqu’on le retrouve dans la vallée du Douro au Portugal, là où sont produits les grands Portos.
Le cépage roi de la région est le Tempranillo ou, plus exactement, le Tinto Fino qui est une adaptation du Tempranillo à la Ribera. Un cépage original, complexe à vinifier (très réducteur, il est également sensible à l’oxydation), doté d’une grande plasticité.
Le cépage roi de la région est le Tempranillo ou, plus exactement, le Tinto Fino qui est une adaptation du Tempranillo à la Ribera. Un cépage original, complexe à vinifier (très réducteur, il est également sensible à l’oxydation), doté d’une grande plasticité.
De gauche à droite : Gabriel Rivera, Pierre Robyr et Marco Parusso (au premier plan)
En compagnie du producteur piémontais Marco Parusso qui, même à l’étranger, porte les couleurs de son terroir préféré, de Pierre Robyr, sympathique viticulteur de Corin en Valais, du docteur Regamey toujours aussi virevoltant, nous visitons pour cette première journée la cave de Marquès de Velilla où œuvre Gabriel Rivero, physique de rugbyman, œnologue et passionné de grands vins. J’ai connu Gabriel Rivero à Sociando-Mallet où il a travaillé de 1991 à 1998. Pour la petite histoire, c’est lui qui a eu l’idée de la cuvée Jean Gautreau.
Paco Casas, Pago de los Capellanes
Puis nous mettons le cap sur Pago de los Capellanes, un des domaines de référence dans la région pour une verticale sous la conduite du discret (et très compétent) Paco Casas. Leurs deux sélections parcellaires, les crus El Picon et Nogal font partie de l’élite des grands vins espagnols. J'ai une préférence pour le Nogal et son style presque bourguignon, sur la finesse et la tonicité.
Confirmation tout à l’heure, au restaurant Asados Nazareno à Roa (réputé pour son agneau de lait !) : on nous sert quatre vins espagnols, à l’aveugle. Pas des seconds couteaux visiblement : les prix varient entre 50 et 500 euros la bouteille en vinothèque.
Le dernier vin domine les autres par sa précision millimétrique, sa fraîcheur et sa grande finesse. De l’avis unanime des dégustateurs. Surprise, c'est le moins cher…
Le premier vin présenté ne manque pourtant pas de classe dans un style assez démonstratif, même si ses tannins demeurent un peu rigides. Le deuxième manque d’intégrité. Le troisième, un peu oxydatif, se caractérise par un corps riche, un peu lourd, qui délivre des sensations alcooleuses sur la finale.
El Nogal (le noyer), un cru superbe de Pago de los Capellanes
Les vins dans l'ordre de présentation :
1) Aro 2004 de Mugo, Rioja
2) Fontelaz 2004, Bierzo, Descendientes de J. Palacios
3) L’Ermita 2004, Priorat
4) Pago de los Capellanes 2004, Vigna El Picon
1) Aro 2004 de Mugo, Rioja
2) Fontelaz 2004, Bierzo, Descendientes de J. Palacios
3) L’Ermita 2004, Priorat
4) Pago de los Capellanes 2004, Vigna El Picon
Maria del Yerro, Alonso del Yerro
Nous découvrons ensuite cette petite merveille de propriété, Alonso del Yerro de Javier et Maria del Yerro. Le chais est plongé dans la pénombre suite à une panne générale d’électricité dans la région, mais les vibrations sont là et les vins, fins et précis, affirment un style fait d’élégance et de profondeur. Coup de cœur pour la Cuvée Maria 2003 qui réussit même à émouvoir Marco Parusso, plutôt sévère. La vinification et la viticulture sont supervisées par Stéphane Derenoncourt qui doit justement venir demain pour faire un tour du vignoble.
Dommage, Stéphane ! A un jour près…
PS : à part ça, c'est toujours la noria des journalistes, ici, en Espagne, à propos de l'affaire Pascal Henry. Mon portable sonne régulièrement pour savoir si j'ai "du nouveau" (Vanguardia, Il Periodico, Stern, El Mundo). Désolé de vous décevoir, mesdames et messieurs les journalistes-enquêteurs mais je n'en sais pas plus que vous… Dans le quotidien Vanguardia on a décidé visiblement d'en faire le feuilleton de l'été (pour rattraper la "lenteur à l'allumage") et, chaque jour, leur correspondant à Genève brode sur le thème – je devrais dire sur le vide – amalgamant les informations plus ou moins sérieuses glânées ici ou là… Décidément, cette disparition suscite bien des fantasmes.
Et dire que je l'avais proposée en exclusivité à un quotidien suisse bien connu qui a dû croire à un canular !
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