Je sais, je suis partial, Led Zeppelin, je les adore, je suis un fan absolu même si, sur les premiers rushs du O2, ils ne sont plus tout jeunes. Le temps a passé. Malgré tout ! Plant, la paupière lourde – pourquoi ce ce bouc grunge qui lui va comme une laisse à un guépard – ne traîne plus tous les cœurs derrière lui…Et Jimmy Page ? L’androgyne anorexique qui s’accrochait à sa Gibson double-manche, est devenu un dandy respectueux, sapé dans une redingote et chemise à jabot Paul Smith, crinière blanche au vent…
Mais quand il déroule ses solos sidérants et tutoie les étoiles avec ses accords rauques, inouïs, une onde parcourt la terre d’un pôle à l’autre ! John Paul Jones est de retour, à la basse et aux claviers, hiératique, introverti, sombre comme un bassiste. Manque Bonzo, John Henry Bonham, le batteur de légende, mort étouffé dans son vomi, en 1980… Un gars qui avait impressionné Jimi Hendrix lui-même. Davantage que ne l'avait fait Jimmy Page…
Mais quand il déroule ses solos sidérants et tutoie les étoiles avec ses accords rauques, inouïs, une onde parcourt la terre d’un pôle à l’autre ! John Paul Jones est de retour, à la basse et aux claviers, hiératique, introverti, sombre comme un bassiste. Manque Bonzo, John Henry Bonham, le batteur de légende, mort étouffé dans son vomi, en 1980… Un gars qui avait impressionné Jimi Hendrix lui-même. Davantage que ne l'avait fait Jimmy Page…
Jimmy Page et Robert Plant (ce n'était pas lundi soir…)
Et là, ce miracle, qui fait que le Led, même en partie décimé, privé de son fondement rythmique, demeure égal à lui-même : Jason Bonham, le fils de Bonzo, a pris la relève : sa frappe, méthodique, lourde, implacable, ressemble à s’y méprendre à celle de son père. Le même physique de bûcheron teigneux, le même pied droit armé de castagnettes et cet obscur mais nécessaire travail de sape autour duquel s’ordonnent les dérives et les incandescences du dirigeable… Un autre mort qui doit rigoler, c’est Keith Moon lui-même, qui trouva le nom du groupe et qui montra la voie à son copain Bonzo – Lao-Tseu du druming – l’attirant trop tôt vers la frontière invisible, là-bas, direction le soleil des loups.
Led Zeppelin en 1969, pas encore le look vraiment sulfureux !
Dans la magie des lumières bleutées, le Led est là, machine de guerre parfaitement rodée, malgré toutes ces années d’éloignement, sauvage, térébrante, pour un set dont les élus se souviendront toujours ! Good Times Bad Times, puis Ramble On, Black Dog bien sûr, In My Time Of Dying (mieux vaut pas trop écouter le prêchi-prêcha des paroles). Et ce joyau For your life, sorti en 1976 : ils ne l’avaient encore jamais joué en concert ! Et ça continue comme les perles avec lesquelles on reconstitue le collier brisé : Trampled Under Foot – Nobody's Fault But Mine – No Quarter – Since I've Been Loving You (forcément sublime) – Dazed And Confused (piqué autrefois à Jack Holmes…) – Stairway To Heaven (bof, de loin pas la meilleure) – The Song Remains The Same – Misty Mountain Hop – Kashmir – Whole Lotta Love (torride !) – Rock And Roll pour conclure et incendier la nuit.
Et pendant ce temps, grâce mystérieuse, coup de poing dans le plexus, toute votre jeunesse qui défile, intacte, à travers les feulements de Robert Plant. C’est cela la grandeur du rock, ce sentiment de complétude, d’éternité, cet hymne à des forces invisibles, ce temps pulsé, immense, irradiant !
4 Comments
La fusion du zwinglisme, des zeppelin, du soufre en un maelström aussi vivant reste pour moi la preuve vivante de la complexité helvète ! Qu’on est loin des coucous au chocolat !
Tu parles aussi bien du rock que des vins : bel éclectisme ! A quand un lien entre tel vin et tel morceau classique, entre un Tertre-Roteboeuf 1990 et une messe de Biber, un Altenberg de Deiss et l’adagio de la Hammerklavier ? A quand l’époque des dégustations synesthésiques généralisées ?
Ah, la synesthésie ! Alors, là, on avance en terrain difficile. La plupart des tentatives dans cette direction ne m’ont guère convaincu… Mais peut-être que toi, Daniel, tu pourrais écrire sur la question !
Enfin on va s’éclater !
Mon dico canadien : synesthésie =
Perception anormale d’une autre sensation que celle perçue normalement, dans une autre région du corps ou appartenant à un autre sens.
Des applications sur le cas du Dr Bonobo ?