Reprenons. Le désespoir serait au contraire de ne pas être autorisé à pousser cette porte, à en franchir le seuil pour découvrir une cave exceptionnelle. La cave de l’honnête homme tel qu'on le définissait au XVIIème siècle. Celui qui avec simplicité sait associer qualité de cœur et d’esprit.
« Qu'on ne songe point qu'il parle bien, sinon quand il s'agit de bien parler. Mais qu'on y songe alors. » Selon Pascal donc, parler pour ne rien dire n’est pas l’apanage de l’honnête homme.
S’il vous invite à descendre dans son royaume souterrain, ce n’est ni pour vous en faire miroiter l’étendue, la diversité et la suprématie ni pour vous faire mesurer la distance qui vous sépare désormais de lui…
S’il vous invite, c’est en « voyageur, en explorateur, en aventurier » de l’amitié et des vins qui la désaltèrent : "Voilà les clés. Choisis, dit-il, ce qu’il te plaira de déguster ensemble !"
Dégustation pour attribuer les Etoiles d'Or du Valais. A gauche, P.A. Roduit, chef de la viticulture du Valais, Ghislaine Carrupt et Pierre Devanthery, directeur de l'Interprofession des Vins du Valais.
Je choisis donc. A cette heure de la journée – le soleil lance encore ses arcs au-dehors – et après une matinée de dégustation consacrée aux Etoiles d’Or du Valais, un grand Champagne s’impose. Clin d’œil spinoziste ! Ce sera un Avize 2000 de Jacquesson issu de trois parcelles de vieilles vignes. Dont une au nom étrange : Champ Caïn. Complexe, raffiné, mûr, il s’apprécie merveilleusement aujourd’hui ; il se profile sur des notes de craie, de pâte d’amande, de pain d’épices et de fougère.
Dans les paysages et dans les rêves de ce millésime en passe d’être vendangé,
il y a l’automne et ses légende
Vendanges 2009 des pinots noirs au domaine Simon Maye et fils
Un de mes oncles était vigneron. Sa cave, emplie de fûts et de tonneaux, ressemblait à un labyrinthe et à un charivari. Recelait-elle, elle aussi, des trésors ? Je l’ignore.
Enfant, j’y descendais parfois ; je goûtais ce vin étrange qu’on disait provenir des glaciers. Je voyais des vignes sur les bordures invisibles du temps et des moraines silencieuses, des caves recluses au milieu des séracs, des joies éclatantes parmi les hauteurs.
Enfant, j’y descendais parfois ; je goûtais ce vin étrange qu’on disait provenir des glaciers. Je voyais des vignes sur les bordures invisibles du temps et des moraines silencieuses, des caves recluses au milieu des séracs, des joies éclatantes parmi les hauteurs.
La cave de mon oncle avait une empreinte olfactive particulière – il n’existe pas une odeur de cave : chaque vraie cave a la sienne.
Miracle du temps qui passe et de la mémoire. Je l’ai retrouvée en partie dans celle de l’honnête homme ! Peut-être le goût du vin m’est-il venu d’ici, de ce temps enfoui, de ce vin de montagne, âpre, contingent, inoubliable. Oui, sans doute !
11 Comments
Jacques : ai passé la journée avec les frères Favre et Jean-François Maye.
Quels personnages merveilleux, dans un pays tout aussi merveilleux !
Passage à l’improviste et John de me payer le café, pendant que Mike me parle de l’année, des raisins, de l’ambiance. Je vois couler les premiers jus de gamay, les oechslés observés au refracto sont plus que prometteurs, les couleurs sortent toutes seules. La "coolitude" est toujours de rigueur ici, même en période de vendange. Cette décontraction ne masquant d’ailleurs pas leur grande organisation et leur perfectionnisme. Des types supers !
Puis descente de la rue où Jean-François me reçoit avec une gentillesse qui fait que je m’en sens presque gêné. Discussion toujours sur le 2009, les grands terroirs de Chamoson, l’histoire de cette famille si attachante. Puis il débouche un vieux Moette, pour me montrer que ces parchets d’Ardon font des fendants de terroir. Le vin est simplement émouvant et à point. De la coquille d’huitre au miel, en passant par les fruits jaunes, l’amande, tout y est passé. Et une bouche qui présente comme seul défaut de me faire encore davantage aimer les grands chasselas (qui existent !). Ces moments n’ont pas de prix.
Puis final en apothéose avec une promenade en solo au beau milieu des tablards de Chamoson…
C’est décidé : je suis amoureux.
J’oubliais : nonante trois, le Moette. Et loin d’être au bout…
Si jamais !
😉
Mémoire : la cave de Don Alfonso.
Nicolas : il n’y a rien de plus beau que le Valais, c’est sûr ! J’étais dans les parages aujourd’hui mais sur les hauteurs. J’ai vu, 2000 m plus bas, le collège de la Royale Abbaye où j’ai passé 8 ans.
François, ça ressemble à la cave de Don Alfonso, effectivement. J’espère te faire rencontrer un jour l’heureux propriétaire. Quand tu "daigneras" venir en Valais…
Ah ! alors c’est vous que j’ai apperçu, "ici en dessus" !
Et pendant ce temps là, les châtaignes de Fully grillent dans le four…
Un shadok tombé dans la suissitude,je persiste,Nicolas Herbin est un grand homme.
Nicolas est aussi un homme qui a le sens de l’amitié vraie, fidèle, patiente. Et si "jeune" pourtant. Ok je me tais.
Pascal, le shadok t’attend le 7 octobre aux Bastions pour te faire goûter les vins du nouveau courrier.
D’ici là, tout de bon !
😉
J’adresse ce commentaire à Pierre qui trône en bout d’une table bien garnie et qui en dit long sur ce qui a suivi.
Le titre de Jacques et cette cave ne sont pas sans me rappeler "ces repas événement" auxquels j’ai parfois assisté.
Je pense donc avoir deviné à qui appartient la cave de l’honnête homme que j’ai visitée, autrefois à mi-coteau.
Amitiés,
Philippe
Ce sont de petits chariots électriques qui véhiculent les cueilleurs ? Vu cela ce matin aux infos sur une propriété française.
C’est la force du mollet qui véhicule le cueilleur du moins dans les vignobles valaisans.