Hier c’étaient les rosés, beaucoup de calamités, très peu d’élus. Du soufre, des réductions, des faux goûts. Ou des absences de goût. Ou de la technologie bonbon anglais. Il faudra remettre ça sur l’ouvrage… Pourquoi ne sait-on pas faire de grands rosés ? ?
Aujourd’hui, une série de vins du Beaujolais. Et là, surprise : waow ! De la joie dans les arômes et les textures, des flaveurs dansantes, des naturels d’expression confondants. Je sens que vais très vite retourner dans cette région pour saluer quelques amis que je n’ai pas vus depuis un moment. Notamment un endroit au milieu des vignes de Fleurie que j’aime beaucoup. Car, en plus, ce vignoble est beau !
Jean-Marc Burgaud
Je pense en ce moment à ces vignerons passionnés qui s’évertuent à mettre en valeur leur terroir. Les vins qu’ils produisent sont uniques, excitants. Souvent, ils peinent à les vendre car l’image des vins du Beaujolais s’est souvent réduite à la caricature qui en est offerte par les autres, ceux qui produisent…
L’esprit de Jules était là, durant cette dégustation. Lui qui savait si bien décrire les grands crus du Beaujolais, les notes aromatiques de chacun de ces crus, leur rythme propre :
"Les vins du Beaujolais se distinguent davantage par leur structure qui articule très délicatement les éléments de leurs arômes et ce, dans un rythme léger et rapide." (L'Esthétique du vin).
Et quelle lumière, quel éblouissement dans certains de ces vins. J'ai même cherché chez eux cette "note suprême, mystérieusement placée, insaisissable" qui était, toujours selon le mage de la Chapelle de Guinchay, la signature du grand vin.
Mais puisque celle-ci est, par essence presque, insaisissable, je ne me départirai pas de sitôt de l'objet de cette étude…
Je procède toujours ainsi. Je reprends les meilleurs, ensuite, à table. Sur deux jours si possible. Voici donc mes coups de cœur immédiats :
Les vins de Jean-Paul Brun (mais ça, c’était couru d’avance : depuis le temps que je travaille avec lui…). Affriolant Beaujolais 2008 L’Ancien. Comme dirait Bono : I’ll go crazy if I don’t drink it tonight !
Du même artiste, l’envoûtant Fleurie 2008, peau de pêche, réséda, violette, un équilibre sur le fil, épanoui, une ouverture aromatique et une transparence du goût exquises.
Du même artiste, l’envoûtant Fleurie 2008, peau de pêche, réséda, violette, un équilibre sur le fil, épanoui, une ouverture aromatique et une transparence du goût exquises.
L’antithèse stylistique du précédent mais une merveille également : le Fleurie 2007 de Jean Georges et fils, une famille que Chauvet portait aux nues. Du même domaine, un Chénas 2006 sur le bulbe d’iris, la tubéreuse, la framboise, un vin qui s’épanouit aujourd’hui. Je me suis permis d’imaginer, instant d’égarement, le ris de veau braisé à l’estragon qui pourrait lui servir de contrepoint. On reste chez les mêmes avec un admirable Moulin à Vent 2007, d’une amplitude et d’un chatoiement de texture simplement émouvants.
Et dire qu’il y a de par le monde des snobs qui boudent ces vins ! Mais, nom d'un Archimède, laissez vos préjugés au vestiaire : c’est bien meilleur que beaucoup d’ersatz à la mode ou de compositions dévoyées…
Bien aimé aussi, dans un style intègre, unique, sans compromis, le Côte de Brouilly 2007 de Georges Vionery.
Et l’apothéose, le moment de pure émotion, le Morgon Côte du Py 2007 James 07 de Jean-Marc Burgaud, issu d’une vieille vigne au sommet du Py. Terroir de schistes. Un vin dense, minéral, serré, grande énergie interne, allonge spectaculaire et finale superbement réglissée !
Routine ou pas, buisiness as usual ou pas, en reparle bientôt, pas vrai ?
23 Comments
Jacques, vous ne pouvez savoir à quel point voir mis en lumière mon ami Jean-Marc me fait plaisir, m’émeut même, tant ce vigneron est intègre et talentueux.
Toujours à la recherche, toujours en mouvement, en questionnement sincère, jamais là où on l’attend … ses vins sont des épures des grands terroir de Morgon.
Le grand style …
Et quand il va voir ça …
C’est qu’il n’est jamais blasé l’animal, et toujours avide d’avis et conseils !
JM Burgaud et J.Georges, des tous bons…Encore merci nicolas. Heureux de les voir reconnus sur ce blog. Il est vrai que JM a quelque chose de R’n’Roll lui aussi.
PS : Magnifique la photo de J.M.Burgaud…
Bravo! Quel plaisir de lire enfin que les crus du Beaujolais font partie des grands vins de France! Ils sont si injustement snobés…
Jacques, pourrais-tu retrouver les notes de dégustation de Jules Chauvet caractérisant les arômes de chacun des grands crus du Beaujolais?
Puissent de tels vins retrouver la place qu’ils méritent ! Michel, je réponds volontiers à ta question. Selon Jules Chauvet, voici les caractéristiques aromatiques principales des crus du Beaujolais :
FLEURIE : iris et violette ambrée, rose fanée.
MOULIN A VENT : violette pure.
ST-AMOUR : pêche et réséda.
JULIENAS : pêche et framboise.
BROUILLY : prune, myrtille, mûre.
COTE DE BROUILLY : myrtille, mûre.
MORGON : griotte, kirsch, meurise, décorée de tonalité abricot.
Je souhaite aussi dire bravo pour ce magnifique article… Je salive à la lecture du mariage ris de veau braisé et Moulins à Vent 2007 ! Merci…
Un grand merci à Nicolas pour l’énergie qu’il met à faire découvrir de grands vins (et oui !) d’appelations trop souvent dénigrées. Il faut goûter et ne pas avoir peur de ses préjugés……
Et à ce moment là, le plaisir et très souvent au rendez-vous.
Encore merci.
Simone rosé vieilli 10 ans … (j’ai ainsi bu les 93 et 94 comme d’excellents vins).
Mas Jullien, Chante-Coucou : pas mal !
Et il faut se lancer sur de vieux cabernets d’Anjou, harmonieusement tendres et vieillissant de manière surprenante.
Simone rosé vieilli 10 ans … (j’ai ainsi bu les 93 et 94 comme d’excellents vins).
Mas Jullien, Chante-Coucou : pas mal !
Et il faut se lancer sur de vieux cabernets d’Anjou, harmonieusement tendres et vieillissant de manière surprenante.
Laurent, j’adore le château Simone rosé et le Mas Jullien. Coume del Mas est superbe aussi. Il y a tout de même quelques rosés qui "tiennent la route". Keep on movin’
J ete en Beaujolais le quatre dernier jours et il ya des vins splendide. Monsieur Burgaud ces vins et la personne super interessant. Les vins ont ma surprise.Il faut oublie l`image du primeur!!!!!!
J ai goutté 1976 St. Amour du Domaine Lassagne ca montre bien potenial de garde.
Quelle coïncidence, Noreen ! Je vous le dis, les (rares) grands Beaujolais vont revenir à la mode. Serez-vous à Stuttgart la semaine prochaine pour Artvinum ?
Non je ne suis pas a Stuttgart mais dimanche a Mainz pour le Mainzer Weinbörse. Le VDP de tout l`Allemagne present ses vins.
Oui, les vins du Beaujolais peuvent être grandioses. Malheureusement les bouteilles ne restent pas longtemps en cave, tellement le désir de les ouvrir est fort. Et pourtant ces vins savent admirablement bien vieillir, certains autant que les tous grands vins de Côte de Nuits.
Quelques une des bonnes adresses (et il y en a!) ont été citées ici, et Nicolas connaît parfaitement la région pour ne jamais s’en lasser. Comment pourrait-on par ailleurs?
Ah, et ces schistes du Py! Ils font partis de mes préférés. Et cela me rappelle tant les vignobles de Mosel, où le riesling brille tout autant entre les mains des grands producteurs.
L’occasion sera donner, comme le souligne Noreen, d’en regoûter le week-end prochain à la Mainzer Weinbörse.
On a cité Chauvet. Quelles lectures sur les terroirs du Beaujolais à conseiller ?
"Le" Vermorel et Danguy toujours dans le coup ?
laurent
Indémodable, le Vermorel et Danguy. Nicolas vient de me le prêter. Et puis les textes de Jules Chauvet (tous publiés chez J.P. Rocher). Michel Bettane a écrit de très belles choses sur le Beaujolais. Il y vit d’ailleurs une partie de l’année.
Voila qui tombe bien, on vient de m’offrir le V & D (éditions J. Laffitte 1982).
Merci,
laurent
Cher Jacques,
L’intelligence de l’homme se trouve aussi dans son absence totale de préjugés.Vous retrouver le nez plongé dans le gamay prouve s’il en était besoin que vous faites définitivement partie des grands hommes.
Encore en mémoire le souvenir d’un Fleurie cuvée Ultime en magnum de chez Yvon Métras bu chez Inaki Aizpitarte au Chateaubriand Paris,un grand moment!
Pascal,
Ultime 2003 (bu 2 fois comme un archétype de beau vin sans soufre, fruité et gouleyant mais avec en corollaire une tribologie particulière, un certain manque de fond, de verticalité, d’aspérités, bref un peu trop glissant – un peu comme dans certains vins de Prieuré-Roch) ou 1999 ?
Moi, j’ai bien aimé ceci : Beaujolais Choix de Pasquier-Desvignes 1967 (16/20 – nov 2006).
Pensé Vosne ou Chambolle …
Je signale à tout le monde que le Vermorel et Danguy est disponible dans son intégralité sur le Web à la BNF:
gallica.bnf.fr/ark:/12148…
710 pages!
En dehors du Danguy et Vermorel qui est un véritable pavé d’histoire, d’infos agronomiques, qui classe les terroirs et villages et délivre quelques anecdotes, si vous n’avez pas jeté vos vieilles RVF (mais si vous savez, celles "d’avant"), il faut lire…
RVF N° 481, mai 2004 : « A la recherche de l’âme du Beaujolais », par Michel Bettane
…en dossier central. J’ai usé cet article jusqu’à la corde, et il m’a beaucoup aidé. Au passage, merci Michel !
Mais surtout, surtout, surtout ! LE BEAUJOLAIS CA SE VIT ! allez y ! rencontrez les bons vignerons, les locaux, baladez vous entre les monts, les villages charmants, promenez vous au pays des pierres dorées, allez saluer la Madone à Fleurie, le Moulin à Vent aux Thorins, cassez une graine dans les vignes, sur les hauteurs de Chiroubles, etc, etc…
100% d’accord avec Nicolas (enfin pas celui de l’Elysée, quoique il en existe aussi un à Lausanne), il est indispensable de lire Michel Bettane sur le Beaujolais. Et n’oubliez pas Daniel Bouland à Corcelette, c’est un grand.