De temps en temps, tel Moïse descendant de sa montagne avec ses dix prescriptions, le prophète distribuerait ses cotations. De Londres à Guangzhou en passant par Irkoutsk, l’influence du gourou serait planétaire.
Au fil du temps, certaines villes auraient noué avec lui des liens privilégiés. Jugeant la production artistique de l’année 2009 dans cette contrée, le critique aurait accordé récemment pléthore d’évaluations stratosphériques, propulsant au sommet de la hiérarchie les œuvres de dix-neuf artistes dont la valeur aurait entre temps doublé.
A en juger par un tweet laconique concernant la production artistique de l’année 2011 dans la même région, l’expert entendait tempérer l’incendie qu’il avait lui-même attisé : »Je suis en route pour Burdigala. Tout ce qu’on pourra me montrer cette année est sans intérêt, si mon intuition est bonne. » Le gourou venait d’inventer une nouvelle approche du marché de l’art, la critique virtuelle !
Est-ce une fiction ? Non ! Ce prescripteur existe. Il n’est pas Chinois mais Américain. Les grands artistes qu’il a consacrés ne se nomment pas Zhang Daqian ou Damien Hirst. Il n’est pas certain d’ailleurs qu’il s’agisse d’art et, contrairement à ce que pense le public, le critique se démultiplie. Sous sa signature sont réunis les jugements de six autres personnes. Une véritable constellation. Elle porte le nom de l’homme qui avec son Wine Advocate fait les réputations dans l’univers du vin depuis plus d’un quart de siècle : Robert Parker.
Pancho Campo et Jay Miller (au temps où ils trinquaient encore ensemble)
Le système a ses lois, ses effets (parkérisation), ses scandales aussi. Deux de ses collaborateurs ont été récemment mis en cause dans une sombre affaire, le Panchogate ! L’un, Pancho Campo, aurait monnayé les indulgences de l’autre, Jay Miller, grand pourvoyeur de notes stupéfiantes ! Les deux ont depuis quitté la constellation. Robert Parker a juré n’être au courant de rien, puis il a diligenté un cabinet d’avocats : oui, il y a bien eu « des arrangements en Espagne qui ont créé une apparence d’irrégularité, (mais qui sont) bien en deçà des standards déontologique du Wine Advocate »
Ouf ! Sauvés ! Personne n’assistera au crépuscule des idoles.
Cet article a paru dans le quotidien 24 Heures le samedi 19 mai.
PS. J’emprunte l’idée du titre au blogueur Vincent Pousson qui, l’un des premiers avec Jim Budd (Jim’s Loire), a évoqué l’affaire Panchogate dans son blog des idées solides et liquides
Comment
The Wine Advocate vendu à un trio d’investisseurs, c’est la fin d’une époque ! Cela dit, la galaxie Parker a encore de beaux jours devant elle ! online.wsj.com/article/SB…