Dom Pérignon Œnothèque 1962
La présentation du vin par Richard Geoffroy a mis la barre très haut pour les conférenciers suivants. Celui-ci a d’abord défini le style Dom Pérignon : ni classique, ni traditionnel ; si on observe tous les paramètres (œil, nez, palais), DP est ailleurs, idiosyncrasique ! » J’adore ! Moi, des phrases comme ça, ça m’expédie en orbite et j’attends la suite. « Nous sommes tous engagés sur l’intensité. L’intensité de DP ne vient jamais de la puissance. Elle vient de la justesse : c’est la différence entre frapper juste et frapper fort… Et puis… et puis, on trouve la finale. C’est la signature de la mémoire. Tenir la note, sans la sécheresse. 1962 est une année tempérée. On est presque en haut de l’équilibre pour DP… Et jamais, jamais de tannins ! On sent qu’il va, après toutes ces années sur lattes, entrer dans une nouvelle fenêtre d’expression, une nouvelle vie peut-être. »
Dom Pérignon est ailleurs, c'est un vin idiosyncrasique…
Le premier nez est « grisé », presque sombre, empyreumatique. C’est la gamme grise. Puis apparaissent les notes vivaces, le fruit orangé, le jasmin, la fougère qui s’emplissent peu à peu, s’échappent vers la frangipane, le miel et l’ambre. L’effervescence est tenue, ce qui est normal. C’est finement grainé. « Quelque chose de seamless, précise M. Geoffray, sans couture, une manière de tenir la note » un équilibre aussi parfait que possible entre le blanc et le noir. « A ce jeu-là, ajoute-t-il, DP est assez seul, assez isolé en Champagne, ce qui explique son apparente fragilité. »
J’ai gardé précieusement mon verre pendant presque deux heures, pour suivre son évolution et sa tenue m’a sidéré. Sa finale est vraiment magique, avec un côté iodé, salin, traçant.
Quelques autres grandes réussites de Dom Pérignon selon R.G :
1959 (très grand) – 1961 (un des plus racés) – 1964 (solaire et u peu atypique) – 1966 (assez classique, comme un galet, roulé, poli par le ressac) – 1969 (à nouveau un peu atypique, assez « carré », corsé).
Pour le reste, on verra !
J’ai gardé précieusement mon verre pendant presque deux heures, pour suivre son évolution et sa tenue m’a sidéré. Sa finale est vraiment magique, avec un côté iodé, salin, traçant.
Quelques autres grandes réussites de Dom Pérignon selon R.G :
1959 (très grand) – 1961 (un des plus racés) – 1964 (solaire et u peu atypique) – 1966 (assez classique, comme un galet, roulé, poli par le ressac) – 1969 (à nouveau un peu atypique, assez « carré », corsé).
Pour le reste, on verra !
"Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change" Mallarmé. Le tombeau d'Edgar Poe
Volnay Caillerets 1er Cru 1959, Ancienne Cuvée Carnot, Domaine Bouchard Père et Fils
Ceux qui ont eu le privilège de participer à l’une ou l’autre des dégustations organisées par cette vénérable maison beaunoise savent quels trésors se cachent dans ses caves. Plus de 2500 bouteilles du XIXème siècle dont le 1846 est le plus ancien millésime. Un des fleurons de cette époque-là étant le Montrachet 1864, la légende absolue. Aujourd’hui, on n’ira pas aussi loin à reculons dans le temps. On se « contentera » de ce Volnay-Caillerets, issu d’un autre millésime de légende, le 1959. Millésime précoce et abondant. Avec des vendanges au 14 septembre pour ce climat. La robe, admirable, ne montre aucune trace d’usure. Nez de parfumeur, complexe qui évolue avec grâce et profondeur dans le verre : violette fumée, créosote, terre humide, truffe et même un rappel d’encens. Plus tard, à l’ouverture, il semble rajeunir et, derrière le floral nuancé d’épice, apparaît, dans le lointain, une note fruitée. La bouche est tout en texture, merveilleux taffetas épicé.
« Il est sorti du temps, c’est un vin qui est apaisé. Il est dans son temps. Tel qu’en lui-même l’éternité l’a changé. » note Michel Bettane, grand lecteur de Mallarmé.
Ceux qui ont eu le privilège de participer à l’une ou l’autre des dégustations organisées par cette vénérable maison beaunoise savent quels trésors se cachent dans ses caves. Plus de 2500 bouteilles du XIXème siècle dont le 1846 est le plus ancien millésime. Un des fleurons de cette époque-là étant le Montrachet 1864, la légende absolue. Aujourd’hui, on n’ira pas aussi loin à reculons dans le temps. On se « contentera » de ce Volnay-Caillerets, issu d’un autre millésime de légende, le 1959. Millésime précoce et abondant. Avec des vendanges au 14 septembre pour ce climat. La robe, admirable, ne montre aucune trace d’usure. Nez de parfumeur, complexe qui évolue avec grâce et profondeur dans le verre : violette fumée, créosote, terre humide, truffe et même un rappel d’encens. Plus tard, à l’ouverture, il semble rajeunir et, derrière le floral nuancé d’épice, apparaît, dans le lointain, une note fruitée. La bouche est tout en texture, merveilleux taffetas épicé.
« Il est sorti du temps, c’est un vin qui est apaisé. Il est dans son temps. Tel qu’en lui-même l’éternité l’a changé. » note Michel Bettane, grand lecteur de Mallarmé.
Clos Sainte-Hune Vendanges tardives 1989, Trimbach
On connaît ce qui a fait la gloire du Clos Sainte-Hune (premier millésime déclaré sous ce nom : 1919), ce style tendu, sec et vibrant où s’affirme toute la finesse et le style du cru Rosacker, un des rares grands crus calcaire en Alsace avec le Furstentum, le Steinert et le Steinklotz. Seuls trois millésimes de Clos Sainte-Hune ont été déclarés en VT : le 1967, le 1983 et le 1989. Dans ce millésime, il existe même deux cuvées de VT, celle-ci et une cuvée « hors choix » (correspondant à un SGN).
Très belle robe à reflets or. Nez d’une sublimissime finesse. Il est sur l’orange sanguine, l’écorce de fruit, les notes hespéridées et évolue vers le floral et le minéral. Corps splendide, élancé, longiligne, d’un équilibre surprenant par sa fraîcheur. Les données analytiques n’ajoutent rien au génie d’un vin mais rappelons-les pour la petite histoire : 14.5 % et 17 g sr. Très peu de notes terpéniques mais des nuances florales et minérales d’anthologie sur la finale qui se déroule harmonieuse, complexe. Comme le note Michel Bettane : »Un petit chef-d’œuvre, frais comme c’est pas possible, avec le sucre qui porte le fruit. »
On connaît ce qui a fait la gloire du Clos Sainte-Hune (premier millésime déclaré sous ce nom : 1919), ce style tendu, sec et vibrant où s’affirme toute la finesse et le style du cru Rosacker, un des rares grands crus calcaire en Alsace avec le Furstentum, le Steinert et le Steinklotz. Seuls trois millésimes de Clos Sainte-Hune ont été déclarés en VT : le 1967, le 1983 et le 1989. Dans ce millésime, il existe même deux cuvées de VT, celle-ci et une cuvée « hors choix » (correspondant à un SGN).
Très belle robe à reflets or. Nez d’une sublimissime finesse. Il est sur l’orange sanguine, l’écorce de fruit, les notes hespéridées et évolue vers le floral et le minéral. Corps splendide, élancé, longiligne, d’un équilibre surprenant par sa fraîcheur. Les données analytiques n’ajoutent rien au génie d’un vin mais rappelons-les pour la petite histoire : 14.5 % et 17 g sr. Très peu de notes terpéniques mais des nuances florales et minérales d’anthologie sur la finale qui se déroule harmonieuse, complexe. Comme le note Michel Bettane : »Un petit chef-d’œuvre, frais comme c’est pas possible, avec le sucre qui porte le fruit. »
La suite (Château Pavie 1998, Château Léoville Las Cases 1985, Château de Beaucastel 1981, Château Gilette 1975, Porto Taylor’s 985) bientôt. Mais je vous promets d’être concis !
5 Comments
Du très très haut de gamme : Clos Ste-Hune 1981 : bu 2 fois au pinacle …
Très belles photos des robes des vins …
On trouve ce vin 1989 à la carte du Celler de can Roca (pas trop cher, quand on sait en plus que le Bollinger vieilles vignes françaises 1996 nous fut proposé à 200 euros !!!!) :
Trimbach Clos ste-Hune VT 1989 : 19/20
Le nez développe des senteurs typées particulièrement exquises : minéral, agrumes, thym. Elles sont confondantes d’évidence. En bouche, l’expression est racée, excitante, dotée de pureté et d’aisance. Le niveau que l’on pouvait attendre d’une telle cuvée (mensurations idéales, équilibre suprême, avec notamment une intégration du sucre parfaite et cette magie du grand vin sucré évolué).
Frédéric Emile VT 89 et 90 sont sublimes également (on les trouvait à la carte de Roellinger, et cela allait bien sur ses desserts corsaires).
Tous des vins un peu jeunes pour Papy Audouze qui a l’air de faire la moue sur la photo ?
Effectivement, Papy d’Eaudouce accuse un peu le coup, coup de calgon dans les gencives ? Fin de la dégustation ? Trop de bulles dans son Champagne ?
http://www.youtube.com/watch?v=P...