Telle cette base de la future cuvée Guy-Louis 2007 (60 % grenache et le solde en syrah et mourvèdre). Les raisins sont issus de la culture biologique (80%) et biodynamique. Couleur sombre, profonde. Nez complexe, fruits noirs, réglisse, épice, graphite. Superbe bouche, ample, évasée avec une très belle finale. Même si l’on se trouve ici dans la version « modeste » de l’assemblage, je suis certain que ce sera là un des plus beaux « Guy-Louis » de ces dernières années, une cuvée qui fait exploser les limites de son appellation (Côtes du Rhône) et qui a gagné en précision et en élégance, grâce à un travail encore plus précis sur les sélections et à un élevage plus subtil. Auparavant, il n’y a plus du tout de bois neuf sur le « Guy-Louis ».
Rasteau 2007 Du pur grenache de très vieilles vignes (80 ans) sur argiles bleues. Floral, épicé. Le corps est puissant, solaire mais la finale conserve de la fraîcheur. L’extraction est parfaitement maîtrisée, très précise. juste de l’infusion.
Vacqueyras 2007 Encore du grenache. Toujours de la vieille vigne. Sur le plateau de Sarrians. Il est sur le versant réductif mais il n’y a pas de quoi s’affoler. « ça me plaît, cette réduction » se contente de dire Michel Tardieu. Vinifié en raisin entier, ce vin affirme une personnalité hors du commun avec une trame superbe, bien découpée, et un tannin savoureux, frais, d’une noble rusticité. « Sur le raisin entier, il faut laisser ton orgueil de côté, ajoute Michel, tu ne peux pas faire de pigeages, pas de délestages, tu es obligé de faire des vinifications à la fois plus simplistes et plus compliquées. »
Gigondas 2007 Intéressant ici de déguster deux lots très différents, avant assemblage, et d’imaginer la cuvée.
Lot 1 : vieille vigne située au milieu de l’appellation, cultivée en biodynamie. Superbe complexité aromatique. Notes de Havane, épices orientales, cassis. Le corps offre une belle densité avec une finale tout en fraîcheur mais un peu linéaire.
Lot 2 : c’est le même fournisseur sur le Vacqueyras. Vinifié en raisins entiers. Une partie vient du milieu de l’appellation, une partie du haut, vers les Dentelles. Robe incroyablement sombre. Grande richesse de constitution, finale ample, veloutée, sur les fruits à l’alcool. Quasiment 2 degrés de plus que le lot précédent…
Châteauneuf du Pape 2007 Vieilles vignes Cette cuvée de Châteauneuf provient toujours de plusieurs terroirs différents (Crau, les Grès, Mt-Redon).
Là également on goûte plusieurs lots différents qui seront assemblés dans la cuvée finale :
Lot 1 : vigne de plus de 100 ans mais pas sur un grand terroir. Il a une expression aromatique incroyable, beaucoup de vivacité fruitée, notes de cannelle, fruits confits, belle amplitude. La finale manque de complexité mais le corps est superbe.
Lot 2 : vigne de 80 ans. Pur grenache au départ de la Crau, dans la région de la Solitude. Ensemble très solaire, presque médulleux, avec de l’énergie et de la complexité. On est véritablement un cran au-dessus.
Lot 3 : vigne de 70 ans sur le plateau de Mt-Redon, vinifiée moitié raisin entier, moitié égrappé. Strict, tendu, minéral. Noble austérité. Beaucoup de race. Sans doute la « colonne vertébrale » de l’assemblage futur.
Châteauneuf du Pape (moitié rafle entière (plateau de Mt Redon, vigne de 70 ans). Plus strict, plus tendu, plus minéral. Beaucoup plus race, noble austérité.
Châteauneuf du Pape 2007 Cuvée Spéciale A la différence de la précédente, cette cuvée provient toujours d’une seule parcelle (bas de la Crau) et est toujours vinifiée en raisin entier.
Il vient de faire sa malo et plus difficile à goûter que les autres lots. Pourtant, très clairement, on est ici dans une autre dimension. Sans doute la plus grande Cuvée Spéciale de Tardieu-Laurent. Bouche d’une amplitude et d’un volume aérien extravagants. Grand tannin, serré, noblement réglissé. Un petit pourcentage du précédent (lot 3) sera sans doute incorporé à cette cuvée spéciale. Futur vin collector !
Hermitage blanc 2007 Marsanne et roussanne (20 %) Elevé comme un rouge (70 % de bois neuf) durant 20 mois. Au bout de 12 mois, l’assemblage est fait et le vin passe en fûts usagés.
Très beau vin aux notes d’acacia et de fruits à chair blanche sur une trame minérale apparente. Je suis rassuré d’entendre que l’Hermitage blanc revient à la mode…
Cornas 2007, Coteau Très joli Cornas de coteau (plusieurs fournisseurs) avec plus de 50 % de vendange non égrappée. Le bois neuf le suavise et lui apporte un peu de rondeur.
Côte Rôtie 2007 100 % non éraflé. 100 % Côte brune (Landonne, Rozier, Viaillières). Un vin minéral, austère, complexe qui intègre le bois à la perfection. Future très grande bouteille.
Hermitage rouge 2007 Vendange éraflée en partie. Provenance : Beaumes, Méal, Varoigne. Grandes notes aromatiques, violette, créosote, bacon, épices. Le corps est déjà très uni, dense, mûr, sur une assise tannique au velouté superbe (un degré de plus que le vin précédent et ça se sent nettement dans la chair des tannins).
21 Comments
Maison Tardieu-Laurent (19 vins – nov 2001)
Les vins du nord de la vallée du Rhône Nord sont très réussis, expressifs, parfaitement typés, surtout les cuvées de Côte-Rôtie et de Cornas vieilles vignes.
Les vins du Rhône Sud posent le problème d’un élevage systématique en fût neuf sur des vins issus majoritairement de Grenache. Ils apparaissent souvent dominés par le bois, parfois même asséchés et standardisés aromatiquement, bien que flatteurs par leur fruit généreux et leur rondeur. La réussite de la cuvée « Les Becs Fins » élevée en cuve, au fruité franc et immédiat, constitue peut-être déjà une réponse…
L’ensemble :
http://www.invinoveritastoulouse...
Revisites :
Côte-Rôtie Tardieu-Laurent VV 1999 : 16,5/20 – 25/4/08
Senteurs (en registre sombre lorgnant vers l’Hermitage) de minéral, de cassis, de réglisse, d’olive … Matière concentrée, brute, logiquement retorse mais sanguine et juteuse. Une syrah fortement sollicitée (Parkerisée ?) qui manque de décontraction naturelle sur un millésime doté (cf les cuvées puissantes et élégantes de Jamet). Comme dans le cas du Boutonniers 98 d’Auvenay, le vin a été pris au dépourvu, ce qui lui nuit.
Gigondas Vieilles Vignes 2004 – Maison Tardieu Laurent – 25/3/2008
75% grenache + syrah, mourvèdre – 14,5°
DS12 – PC11 – LG12 – PR13 – MS12,5
Nez sans grâce en raison d’un fruit lacté et cuit. Senteurs d’herbes infusées, de cerise à l’alcool, de cacao, de menthe.
Matière gâchée par un boisé ostensible (pire inapproprié), sucrée et sèche à la fois, si peu buvable …
Puisque Bandol est cité, je veux aussi pointer cette réussite :
Bandol Tardieu-Laurent 1995 : 16/20 – 23/5/07
Nez de grande classe, giboyeux, mêlant des senteurs complexes : figue, griotte, violette, épices (poivre en tête), zeste d’orange, boîte à cigares. Profil empyreumatique et soupçon truffé. Bouche aux tannins légèrement grenus. Très belle acidité sustentatrice pour une matière au caractère affirmé, fruitée, pleine de sève, qui ne possède malheureusement qu’un élan moyen pour frôler l’excellence. Reste tout de même un vin à point, ravigotant, tout en élégance virile. Bel accord sur le filet de cannette aux cerises.
PS : tous ces avis à titre indicatif, bien entendu, comme instantanés réanimés.
Et ça s’étale!!!!!!! parfois vaut mieux la banlieue de Toulouse qu’Albuquerque, le Mexicain….. 😆 😉 🙁
là normallement
😆
Laurentg, c’est bien ce que je disais. Le style a considérablement changé, s’est affiné. Il faudra que vous regoûtiez sur les millésimes plus récents. Cela dit, j’ai un bien meilleur souvenir que ça de la Côte Rôtie 1999 VV, un des grands vins de TL, première génération… Il me reste un magnum en cave, j’attends, pour le goûter, les grives qui viendront bientôt croiser dans les parages… Peut-être que si F. Mauss fait amende honorable sur le Lubéron, il aura le droit d’y goûter…
Il faut dire que nous avions de très belles bouteilles en comparaison : Clos dauvissat 96, Raveneau Valmur 96, Lafleur 95, Trotanoy 95, La Turque 90, …
Il vous reste à préparer le fusil.
Yves,
C’est que je n’ai pas perdu la tête, moi 🙂
Et j’essaie de réagir au contenu du post de Jacques … 🙂 🙂
Vous venez de faire allusion à Dominique Laurent en évoquant le magnum TL dans votre réponse à Laurentg.
Mais pas un mot sur lui dans l’article.
Ils ne travaillent plus ensemble ?
laurent
Joker, Laurent. Je ne me suis promis de ne rien écrire sur ce chapitre.
Oooooops, le pancréas peut-être ?
Laurent
Ne vous fachez pas, ce n’était qu’une petite potacherie de rien du tout.
Je vous confirme l’information que j’ai eue de la bouche de Dominique Laurent lors d’un entretien il y a quelques semaines : Michel Tardieu et lui ne souhaitent plus travailler ensemble, l’heure est la vente des parts de Dominique Laurent.
Il ne faut absolument pas en tirer de leçons hâtives sur la qualité de la production de Tardieu-Laurent.
A titre d’exemple, je suis parfaitement d’accord avec Jacques sur la cuvée spéciale de Châteauneuf en 2007. C’est un vin qui laisse sans voix par l’émotion que procure le grain de ses tanins et son côté "polyphonique" si j’ose dire. D’ici quelques années, à accompagner d’un Magnificat de Bach joué par les English Baroque Soloists.
Mention spéciale, toujours en 2007, pour le Rasteau, la Côte Rôtie et le Cornas.
Bravo à messieurs Tardieu et Denarnaud (ce dernier est passionné d’escalade et son goût pour la verticalité se ressent dans son travail).
Faut-il en tirer des leçons sur la qualité des (futurs) vins de Dominique Laurent ?
2007 est un grand millésime à Châteauneuf, à ce que l’on dit.
Chez Trévallon, les syrahs 2007 et CS 2007 sont superbes sur fût.
Laurentg,
c’est le passage par Lourmarin qui vous a donné envie de revisiter Camus ? 😉
zeb
Zeb,
Est-ce que c’est parce que je suis enchifrené aujourdh’hui ?
Toujours est-il que je ne décode pas votre question.
Ce matin maman est morte ?
Zeb,
vous devez faire une petite confusion entre laurentg et moi-même (sans le g).
J’ai parlé de Camus hier soir dans un post sur le blog de François Mauss après qu’il eut parlé de Sisyphe.
laurent
Laurent,
Tu parlais de Camus et du suicide …
Je te recommande la lecture d’un chef d’oeuvre, sur la dépression : face aux ténèbres, de William Styron.
(un livre qui dépasse de très très loin celui Philipe Labro – tomber 7 fois se relever 8).
"Quant à ceux qui ont séjourné dans la sombre forêt de la dépression, et connu son inexplicable torture, leur remontée de l’abîme n’est pas sans analogie avec l’ascension du poète, qui laborieusement se hisse pour échapper aux noires entrailles de l’enfer et émerge enfin dans ce qui lui apparaît comme "le monde radieux".
Là, quiconque a recouvré la santé, a presque toujours également recouvré l’aptitude à la sérénité et à la joie, et c’est peut-être là une compensation suffisante pour avoir enduré cette désespérance au-delà de la désespérance."
Fulgurant, radieux, lucide, finalement optimiste …
Vive la tête de veau … (qui nous prouve, entre autres, que Jacques a de la suite dans les idées) 🙂
Thomas, merci pour ces précisions. Je m’étais juré de ne pas évoquer ce sujet mais cela fait plusieurs années que Michel Tardieu vole de ses propres ailes (avec la complicité de Philippe Cambie). En revanche, je ne connais pas Denarnaud et il faut absolument que je le rencontre la prochaine fois. Dire que Michel m’a caché cela. Sans doute craint-il que je reprenne goût à l’escalade.
Le problème avec les personnes qui pratiquent l’escalade ou la randonnée en montagne, c’est qu’à force de tutoyer les plus hauts sommets, on risquerait de ne plus les voir revenir.
Zeb,
Ici ou chez François Mauss, vous confondez LaurentP (le suisse) et LaurentG (le toulousain).
Ooopsss j’ai raté le g…
Pour la petite histoire, Camus est enterré au cimetière de Lourmarin.
Zeb,
Etonnant en effet, cette coïncidence …