Un kilomètre à peine de là, à un jet de pierre de l'Ogre, le vieil hôtel Bellevue des Alpes (1842) de la Kleine Scheidegg. Meubles d’époque. On y dîne tous les soirs, à cette période de l’année, en smoking et robe de soirée dans une atmosphère délicieusement surannée et (légèrement) décalée. Public d’habitués, un peu crâne sans doute, des Anglais pour la plupart qui y ont leurs quartiers… à vie ! Le cigare, le single malt des collines tourbeuses écossaises et le whist peuplent ensuite des fins de soirées qui s’étirent jusqu’à l’aube.
N’appelez pas pour l’an prochain : tout est complet jusqu’à l’an dix mille !
Parfois, les soirs de pleine lune, on sort, au bras d’une conquête, contempler furtivement l’Ogre, monstre assoupi, comme las de tant de tragédies…
31 décembre, l’année finit, long ruban dans la nuit, parsemée des lucioles des frontales. Ce moment est à savourer. En face de nous deux étoiles scintillent ; on pourrait les confondre avec des étoiles, vouloir suivre leur trace : celle de gauche jaillit de la petite cabane de Mittelegi sur l’arête éponyme ; l’autre, plus mystérieuse, sourd du Stollenloch au cœur de la paroi…
Température estimée : moins six degrés. Pas de quoi fouetter un lynx. Nous sommes juste en face de l’Eiger, sur le chemin verglacé qui dévale de Bussalp au-dessus de Grindelwald. Nous avons garé nos montures incroyables, flèches filantes dans la nuit, des Urgemel (ou Gemel). Plus éthérées que des Ferrari. Plus écologiques aussi…
Le Gemel fait l’objet d’un véritable culte dans la région. Inventé en 1911 par un Gridenwalder inspiré, Christian Buhlmann, le Gemel ressemble à un vélo en bois monté sur patins. Presque un siècle et l’objet, beau comme une légende, au carénage d’alezan des cimes va nous emporter vers 2008.
Mais tout d’abord, avant d’entamer la folle descente et de négocier, avec plus ou moins de bonheur, les virages, il nous faut célébrer cet événement avec un chef-d’œuvre amené ici avec d’infinies précautions, le Champagne rosé de Jacques Selosse ! Un vin d’un incroyable raffinement, festif, dansant, nietzschéen
"Au-delà du nord, de la glace, de la mort – notre vie, notre bonheur… Nous avons découvert le bonheur, nous connaissons le chemin, nous avons trouvé l’issue de ces milliers d’années de labyrinthe."
3 Comments
Y s en disent des chose compliquées sur le blo à PASSOU!!!!!:
"Mais je ne dis pas du tout que la pensée de Heidegger n’est pas profonde ! Je dis exactement le contraire : elle est profondément dangereuse, inhumaine. Et elle repose sur une dualité de l’Être et de l’Etant qui est totalement contestable, aberrante même. C’est d’ailleurs là l’idiotie de fond de la pensée de Heidegger : ce fantasme délirant de la dualité du réel. De là découle son oubli de l’Être. Vaste foutaise mais vraie foutaise !
Rédigé par: Mauvaise langue | le 04 janvier 2008 à 00:19"
Je ne vois pas ce qu’Heidegger vient faire là-dedans…
Moi non plus ! Assez délirant en effet. J’ai l’impression que Yves est le seul à se comprendre : ce garçon devrait prendre un peu de repos…