Je n’étais pas revenu au Priorat depuis 2004 et la région continue sur son formidable essor. Pour le seul village de Gratallops (175 habitants), on compte désormais 25 caves qui embouteillent leur vin, trois restaurants, dont l’excellent Les Irréductibles, et un hôtel confortable (le Cal Lop) : il y a une vingtaine d’années, il n’y avait quasiment rien ici…
C’était aujourd’hui la deuxième édition du Tast Amb Llops qui permet dans une ambiance bon enfant, décontractée, au son d’un orchestre, de découvrir un certain nombre de vins de la région de Gratallops.
La chaleur est au rendez-vous et la gestion de la température de service constitue un écueil redoutable. D’autant que les vins de la région sont plutôt chaleureux, solaires. A surveiller lors d'une prochaine édition.
Quelques vins que j’ai particulièrement aimés
Gratallops Pardida Bellvisos 2006, Priorat, R. Barbier et Sara Perez, une cuvée issue de lladoner pelut et carignan vinifiée à quatre mains par René JR et Sara, très jolie texture, déliée, un vin élancé, tout en fraîcheur
Planassos 2006, le coup de cœur de la dégustation, un vin issu d’une vieille vigne de carignan (60 ans), vinifié en grains entiers par Fredi Torrès. Deux barriques seulement mais quelle élégance. Une très belle interprétation et un modèle de finesse pour la région.
Laurel 2006, encore une découverte, un assemblage de grenache (55 %) et cabernet, dans un style plus opulent, très belle entrée en bouche, de la densité et une finale qui conserve une certaine fraîcheur.
La Vinya del Vuit 2006 une très jolie cuvée qui associe richesse de constitution, ampleur en bouche et fraîcheur minérale sur la finale.
Planassos 2006, le coup de cœur de la dégustation, un vin issu d’une vieille vigne de carignan (60 ans), vinifié en grains entiers par Fredi Torrès. Deux barriques seulement mais quelle élégance. Une très belle interprétation et un modèle de finesse pour la région.
Laurel 2006, encore une découverte, un assemblage de grenache (55 %) et cabernet, dans un style plus opulent, très belle entrée en bouche, de la densité et une finale qui conserve une certaine fraîcheur.
La Vinya del Vuit 2006 une très jolie cuvée qui associe richesse de constitution, ampleur en bouche et fraîcheur minérale sur la finale.
Et puis, cette incise sympathique, quelques vins valaisans amis, représentés par Gilles Besse : l’Amigne Grand Cru et l’Amigne flétrie 2005 de Fabienne Cottagnoud, l’Arvine 2007 et la Petite Arvine 2007 de Jean-René Germanier, Passion rouge 2005 de Romain Papilloud et l’Humagne rouge 2006 de André Fontannaz. Un air de Valais et de fandango sur les cimes du Priorat.
Gilles Besse (à gauche) et Fredi Torrès, le match amical Valais-Priorat.
Un mot encore sur les vins de la région. Visiblement, après l’euphorie des débuts et le côté démonstratif inhérent à certaines reconnaissances (celle du marché américain notamment), les grands vins du Priorat se trouvent face à la croisée des chemins et des styles. L’encépagement, à la frontière de la tradition et vision moderniste (entre le carignan et le cabernet ou le merlot, le lien n’est pas toujours évident), les modes de culture différents (culture traditionnelle en coteau, nouvelles terrasses, irrigation ou pas), définissent des styles de vins différents, parfois assez massifs et très boisés. Sans doute la voie de sortie, vers le haut, sera celle qui, à l’avenir, privilégiera et la finesse et la notion de terroir ; celle-ci commence d’ailleurs à émerger avec, comme premiers jalons de cette notion de cru, des identités liées aux villages-phares de la région (Gratallops, Torroja, Porrera, etc.).
Vieux cep de carignan à Porrera.
Dégustation d’un très bel Ermita 2005 au restaurant Les Irréductibles. Le vin est dense, puissant, caractérisé par de beaux arômes de fumé, de fruits noirs, de tabac, d’épices orientales. La bouche est ample, racée, d’une superbe richesse de constitution. Pourtant une petite sécheresse dans la tannicité laisse planer le doute sur la nécessité d’associer le cabernet sauvignon (8 %) au grenache (superbe parcelles de très vieilles vignes situées sous l’Ermitage de la Mère de Dieu de la Consolation, ça ne s’invente pas !).
Aux Irréductibles, Alvaro Palacios (en blanc) et François Mauss (debout).
J’ai depuis les débuts la conviction que le cabernet, ici, n’amène rien. Alvaro Palacios est à la table d’à côté. François Mauss lui pose la question concernant la présence du cabernet. Quelle coïncidence : partir de 2006, il n’y a plus de cabernet dans l’Ermita. Qu’on se le dise. « Le 2007, pur grenache, est une bombe qui, dit-il, explose dans la tête ! »
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