Ce texte est comme cette journée de dimanche, limpide. Quittant l’Erié (1850 m), on file d’abord par une sente forestière dans une forêt de très vieux mélèzes et d’épiceas, juste sous l’ombre écrasante et les tours crénelées du Grand Chavalard. C’est le chemin qu’empruntera à la désalpe le troupeau de 150 vaches (la plupart de la race d’Hérens) pour redescendre sur Randonne ; force est de reconnaître que, ici, les reines ne se contentent pas de se battre : oui, elles pensent, môssieu…
Les géologues, eux, nous suivent à la trace pour nous rappeler que nous traversons des âges multiples, passant de l’ère primaire (– 300 millions d’années) à l’ère quaternaire. D’ailleurs, le Chavalard qui nous domine est, lui aussi, un nomade, à l'instar des Dents de Morcles sur lesquelles tout à l’heure nous irons buter : des forces gigantesques se sont autrefois onjuguées pour faire voyager sur plusieurs dizaines de kilomètres les Dents de Morcles et le Grand Chavalard. Imaginez le tableau, ces ébrouements monstrueux, ces colosses de pierre, ballottés comme des fétus dans la tourmente des tectoniques, l'engrenage des plateaux : comme si vous y étiez… et nous avec !
On passe de l’étage subalpin à l’étage alpin et on arrive bientôt en vue des idylliques lacs de Fully et de l’alpage de Sorgnio où paissent les guerrières couronnées.
Par une ligne de crêtes qui file sur le Lui Dessande et qui nous permet d’admirer le vignoble de Fully, la géométrie implacables de ses cultures maraîchères, on atteint en une heure le Portail de Fully, passage symbolique du Sud-Ouest qui se présente telle une étrave au-dessus de la vallée du Rhône. Au-dessous, plus de mille mètres de « gaz » et le célèbre coude du Rhône. Le temps d’admirer le paysage, un brin masqué par les cumulonimbus – mais on y devine tout de même le Vélan, le massif des Combins, la Ruinette, le massif du Trient, l’aiguille d’Argentières et, à l’ouest, les Dents du Midi : sept sommets tout de même, ça fait une belle dentition. Récapitulons : Cime de l’Est, Forteresse, Cathédrale, Eperon, Dent jaune, Les Doigts et la Haute Cime. Le compte est bon. Poursuivons notre chemin, même si Maurice veut déboucher la syrah Maison rouge 2005 qu’il a hissée jusque là et qui lui pèse. Direction le col de Demècre. Encore 45 minutes de bonheur et l’on débouche sur le massif extraordinaire des Dents de Morcles, la nappe de Morcles comme le disent nos savants amis géologues. Imaginez : la table est mise avec tous ses apprêts ; un dieu farceur tire la nappe, tout s’écroule et des piles d’assiettes voyagent alentours. Les étages les plus anciens se retrouvent parfois au-dessus, comme à la Dent de Morcles. C’est la subduction. Nous y sommes…
Les géologues, eux, nous suivent à la trace pour nous rappeler que nous traversons des âges multiples, passant de l’ère primaire (– 300 millions d’années) à l’ère quaternaire. D’ailleurs, le Chavalard qui nous domine est, lui aussi, un nomade, à l'instar des Dents de Morcles sur lesquelles tout à l’heure nous irons buter : des forces gigantesques se sont autrefois onjuguées pour faire voyager sur plusieurs dizaines de kilomètres les Dents de Morcles et le Grand Chavalard. Imaginez le tableau, ces ébrouements monstrueux, ces colosses de pierre, ballottés comme des fétus dans la tourmente des tectoniques, l'engrenage des plateaux : comme si vous y étiez… et nous avec !
On passe de l’étage subalpin à l’étage alpin et on arrive bientôt en vue des idylliques lacs de Fully et de l’alpage de Sorgnio où paissent les guerrières couronnées.
Par une ligne de crêtes qui file sur le Lui Dessande et qui nous permet d’admirer le vignoble de Fully, la géométrie implacables de ses cultures maraîchères, on atteint en une heure le Portail de Fully, passage symbolique du Sud-Ouest qui se présente telle une étrave au-dessus de la vallée du Rhône. Au-dessous, plus de mille mètres de « gaz » et le célèbre coude du Rhône. Le temps d’admirer le paysage, un brin masqué par les cumulonimbus – mais on y devine tout de même le Vélan, le massif des Combins, la Ruinette, le massif du Trient, l’aiguille d’Argentières et, à l’ouest, les Dents du Midi : sept sommets tout de même, ça fait une belle dentition. Récapitulons : Cime de l’Est, Forteresse, Cathédrale, Eperon, Dent jaune, Les Doigts et la Haute Cime. Le compte est bon. Poursuivons notre chemin, même si Maurice veut déboucher la syrah Maison rouge 2005 qu’il a hissée jusque là et qui lui pèse. Direction le col de Demècre. Encore 45 minutes de bonheur et l’on débouche sur le massif extraordinaire des Dents de Morcles, la nappe de Morcles comme le disent nos savants amis géologues. Imaginez : la table est mise avec tous ses apprêts ; un dieu farceur tire la nappe, tout s’écroule et des piles d’assiettes voyagent alentours. Les étages les plus anciens se retrouvent parfois au-dessus, comme à la Dent de Morcles. C’est la subduction. Nous y sommes…
Un peu plus bas brille l’éclat sanguin du refuge de Demècre. Une brève cavalcade et l’on pousse la porte de cette féerie de montagne. Benoît Dorsaz, le responsable des lieux est là. A ses heures perdues, il cisèle de petits bijoux viticoles sur Fully, des arvines, des cornalins et des syrahs de haute volée. Maurice Zufferey, autre grand vigneron zen, nous accompagne. Rencontre au sommet ! Un beau moment de convivalité et de partage. De ceux qui restent quand on fait le bilan des moments essentiels passés sur cette planète. On referme la porte du refuge avec, inaltérable, ce goût tumultueux de l’Arvine Les Perches 2006 et de la Syrah Maison rouge 2005. La salinité et le poivre comme une bouffée revigorante d’ailleurs et d’ici. On se prend à dire longue vie aux montagnes et à celles et ceux qui les aiment ! Et les fleurs ? les anémones, les séneçons doronics, les lins, la valériane, la raiponce, les gentianes ? J’allais les oublier. Je reviendrai pour elles.
Itinéraire : sur la longue route qui va de traverse le village de Fully en direction de Saillon, vous trouverez à un moment donné des feux. Tourner à gauche, direction Chiboz/Randonne/L’Erié. Route étroite et pentue. Traverser le hameau de Chiboz (très bon restaurant), puis l’alpage de Randonne, continuer en direction de l’Erié (1850 m). Parking. La féerie commence à partir de cet instant. Compter 2.30 à 3.00 depuis l’Erié jusqu’à Demècre par le Portail de Fully. Possibilité de passer la nuit à Demècre (www.demecre. ch), refuge très accueillant.
8 Comments
Ne doit on pas voir dans ce texte un luxe inouï de nantis dans une période où des multitudes doivent faire 20 km aller-retour pour puiser une eau saumâtre qui est plus vénérée qu’une Romanée-Conti pour nous ?
Subduction : Enfoncement d’une plaque lithosphérique océanique sous une autre qui avance en sens inverse.
Celui là, c’est le couillon : nuance !
Eh oui, le vrai luxe, c’est ça, marcher dans les montagnes et déguster un bon vin dans un refuge de montagne à peine chauffé, pas nécessairement de la DRC. Cela dit, le nanti, c’est plutôt celui qui vrombit avec son 4X4 juste en face de Demècre, du côté de Verbier et qui a peut-être oublié ces joies simples.
Ce texte me rappelle un moment privilégié vécu à la cabane du Demècre. Je montais à la cabane un bel après-midi pour accueillir une classe des écoles secondaires de Gland (eh oui!) qui passait la nuit là-haut. Dans la voiture, la radio avait interrompu son programme pour couvrir en direct un événement incroyable. Les infos arrivaient en boucle, supputations, infos, contre-informations, aléas du direct….le monde s’arrête de tourner.
Enfin, le bout de la route, éteindre la radio et laisser les casse-noix me raconter leurs histoires. Puis, c’est le silence de la marche, seul entre les mélèzes et les arolles, les infos radiophoniques s’éloignent, la cabane se rapproche. Je pousse la porte du Demècre et la sérénité du lieu m’accueille comme à l’accoutumée.
Déjà, les premiers jeunes arrivent, avides de boisson et de chocolats, la cabane s’anime et même les plus fatigués sont ragaillardis par le thé et quelques biscuits. Les profs sont là aussi. On raconte la randonnée sous le soleil, la dernière montée, les jurons de l’un quand sa gourde s’est renversée, le mérite de celui qui marche avec des chaussures trop petites…
Les élèves ont l’interdiction de prendre leur téléphone portable lors de ces randonnée; nous voici donc seuls au monde en cette fin d’après-midi. J’avertis discrètement les enseignants des nouvelles radiophoniques et nous décidons de maintenir le secret jusqu’au retour de la randonnée, le lendemain. loin de la radio, de la télévision et des médias ou autres natels nous avons offert à ces ados de Gland un luxe insoupçonné : quelques heures de plus dans le calme d’avant le 11 septembre 2001.
Le Relais des Chasseurs à Chiboz dont il est fait mention sous "Itinéraire", mérite quelques précisions pour décrire tout son charme et ses qualités: Yolande, Michel Ançay Gentile et Filles – Relais des Chasseurs – Chiboz – 1926 Fully VS. Le Relais des chasseurs est situé à Chiboz, village perché à 1350 mètres, balcon dans le ciel, accroché au flanc du Chavalard, sur la commune de Fully. La vieille demeure qui date de 1739 était la maison de Rachel et Émile Ançay, parents de l’actuel propriétaire Michel Ançay. Bonne cuisinière, Rachel a longtemps restauré des clients de passage, leur offrant à boire dans son «débit de vin». On peut dire qu’elle fut la première dame à servir la raclette dans ce qui deviendra le plus vieux restaurant de Fully avec toujours le même propriétaire. Après avoir transformé l’écurie des chèvres en restaurant, Michel inaugure le «Relais des chasseurs» le 15 août 1969. Chambres d’hôtes – Situé au sommet du village, un charmant chalet pouvant accueillir jusqu’à 12 personnes vous est mis à disposition afin de vous éviter parfois une descente périlleuse "avec un verre dans le nez" !
Le trajet d’aller est plus reposant par Leytron, Ovronnaz, ravissant plateau étagé aux multiples essences de feuillus qui conduit sur la gauche à flanc de coteaux, puis par une gorge et un tunnel surprenant à l’alpage de Randonne et sa longue étable. De ce perchoir, on est en face de la célèbre Pierre Avoi. En quelques minutes, vous atteindrez le hameau de Chiboz. En automne, avant la fermeture, la chasse du patron est proposée en deux services, apprêtée différemment.
Réservation impérative Tél. 027/746 29 98 – 079/310 68 74 – vous serez surpris d’y rencontrer autant de monde.
Tous renseignements pratiques sur le site http://www.chiboz.ch
Le retour sur Fully, que seul un chauffeur sobre saura affronter, est très spectaculaire. Arrivés à Fully, garez votre véhicule et observez le parcours emprunté. Il vous paraîtra encore plus périlleux que la réalité !
Vous avez raison de le signaler, Philippe, Chiboz mérite le détour. Nous y retournerons bientôt… Quant à la route, elle est certes spectaculaire mais, aujourd’hui, nous avons fait plus fort encore. Je vous en parle demain dans "Défense de s’arrêter !". Images à l’appui
Allez grimper un peu à la limite des neiges éternelles pour écouter rouler l’écho
sur les versants étouffés des montagnes, progresser jusqu’à la lisière du souffle
atteindre la haute altitude pour asseoir un instant sentir la morsure du froid,reprendre sa marche sentir l’air comme l’éther, avoir la tête en fête par tant
de belles conquêtes, 5h de marche à l’horizon! et finit les contradictions !
c’est toujours la montagne la raison ! Alex descîmes