Depuis une demi-éternité, j’attendais ce moment, parcourir le val de Réchy et pousser, à la descente, jusqu’aux Vernys où vivait Chappaz. Il y a rédigé en 2003 La pipe qui prie et fume, son ultime (et superbe) ouvrage qui fait partie de mes livres de chevet.
Celle-ci est née bien plus haut, sous les Becs de Bosson, s’épanche un instant dans le lac de Louché, puis, par une série de quatre ressauts, franchit les étages alpins comme d’autres, passant d’un plateau à un autre, associent des rhizomes et des fleurs d’indigence.
De mes diverses relectures, et suivant les paysages, voici quelques citations extraites du livre de Maurice Chappaz. Que vous dire encore ? Que les monotypes de Pierre-Yves Gabioud sont au diapason et que je reviendrait dans ces parages. Très vite !
Je ne me rappellerais plus mon existence, si un instant je l’oubliais.
Un exploit me relie à ce temps que je déteste : l’arrivée sur la lune des deux hommes dont j’ai aperçu les images, il y a trente ans. Je continue de les revoir en moi comme si je rêvais. Ma religion s’y retrouve.
Les derniers voyageurs sont les voyageurs interplanétaires. Tels des touristes de la sainteté qui s’occupent de la science, ils tentent de capturer une vérité inconnue qui nous relie à l’inconnu impossible. Je les ai suivis volant, marchant, roulant, cueillant des cailloux sur la lune.
Moitié machines, moitié dieux.
Quelle aventure !
Au terme de la canicule, si bleue, avec les glaciers qui fondent, les groseilles s’adoucissent dans un rien de brume. Chaque jour veut sa quête, puis caressé par les flammes je m’exerce à allumer un feu sans la moindre fumée pour la sensibilité des confitures.
Si la saveur s’éteint…
Rien, rien ne peut être compris pour réussir à exister soi-même. Si ce n’est (comme si on entrait au couvent) se rendre déjà au pays des morts, là-bas, où, dit-on, le coucou chante.
L’itinéraire deux options s’offrent à vous au départ de Vercorin en Valais.
1. Par le télécabine du Crêt-du-Midi suivre une sente à flanc de coteau jusqu’à l’Ar du Tsan. De là, remonter jusqu’au lac du Louché. Puis descendre le vallon de Réchy jusqu’en direction de La Lé. Si vous souhaitez passer par le hameau des Vernys où vivait Maurice Chappaz une partie de l’année, continuez tout droit lorsque vous arriverez à l’alpage de La Lé (1657m). Puis rejoindre Vercorin en empruntant une partie du sentier du bisse. Compter 6.30 pour le circuit intégral.
2. On peut effectuer ce périple à la montée. A Vercorin, prendre la direction Mayens de Réchy, La Lé, les Vernys. Remonter ensuite le Vallon de Réchy jusqu’à La Lé puis l’Ar du Tsan et le lac de Louché. Retour en télécabine par le Crêt-du-Midi. Vérifier les horaires. Compter 7.00 pour le trajet.
22 Comments
Incontestablement l’altitude te donne un sens rare de l’écriture :
Pour nos petits-enfants qui auront besoin de quelques citations dans leurs rédactions : mémorisez cette phrase si musicale :
"L’automne a commencé de disposer ses orgues visuelles, ses camaïeux sidérants, ses spleen alanguis qui ont des douceurs inavouables."
Quand je dis que tu peux postuler à l’Académie des Belles lettres !
Du Grand Jacques ! Beau.
Ainsi donc, le poète se balade désormais avec un GPS! J’imagine l’éberluement du choucas roulant dans les vagues du ciel. Or vous rendez parfaitement, vos mots autant que vos images de ces hautes terres, ce sentiment d’être hors du temps, ou plutôt au coeur du Temps et des Choses, qu’on éprouve en lisant le dernier livre de Chappaz. Merci, et merci la vie de nous donner une nouvelle journée divine.
jls
Fully, Saxon, Saillon, Chamoson, Ardon, Vétroz, Conthey, Savièse, Sion, Grimisuat, Ayent, Lens, Miège, Venthône, Les côteaux de Sierre, Salquenen, Varen ????????
Belles photos, Jacques …
Cher Jean-Louis, j’essaie d’apprendre la "langue chouca" mais ils sont tellement imprévisibles et mystérieux. J’aime les voir descendre des cols en longues bandes sifflantes. J’attends avec impatience de lire le récit que vous ferez à votre tour sur le vallon de la Rèche !
Laurent : le vignoble de l’autre côté de la cascade est celui de Corin et de Flanthey. Sur le premier, il y a depuis peu un drôle de zazou qui, sous le nom "Histoire d’enfer", prétend vous emmener au paradis ! Tu le connais. Cherche bien. Je suis sûr que ses vins figurent parmi les rares au monde que tu n’as pas encore goûtés…
Goûté il y a très peu de temps : Maître de Chais "Rouge d’Enfer" 2006
(Pinot Noir, Cornalin, Humagne Rouge, Syrah)
Icelui ? 🙂
Laurent, je te croyais plus sagace : tu connais l’oiseau. Tu as dû le croiser à Bordeaux…
Le docteur ?
Et le chasselas de Raymond Trollat (St-Joseph) : l’as-tu gôuté ?
Laurentg qui sèche sur un vin. aïe aïe aïe !
Petit indice :
But: l’exploitation de vignes et autres terres agricoles ainsi que d’un commerce de vin et toutes affaires en rapport avec ces exploitations (cf. statuts pour but complet).
Grand Jacques : j’avais oublié de qualifier ta belle phrase… à la Grand Jacques :
c’est un pur apophtegme !
Tu vois comme le Père Mauss travaille la nuit ?
Alfredo : cool avec Laurentg : il passe vite en surchauffe !
François,
Il sort de 8 jours de cours pointus en techniques spatiales …
C’est dire que les HQE … 🙂
D’un autre côté, quand on s’appelle Al fredo on ne craint pas la surchauffe de Laurentg
Dis-moi, Armand,
tu as mangé un clown ?
tu travailles avec des auteurs ?
🙂
Qu’en faire d’autre ?
Oyez de Thélème. On va boucler la boucle et faire honneur au bon père Françoia qui travaille la nuit. Rabelais l’a précédé en ces terres : "Jamais homme noble ne hait le bon vin: c’est un apophtegme monacal."
Quant au quizz adressé à Laurentg, il s’agit bien du bon docteur B. qui, dana sa présentation de Histoire d’Enfer, prescrit de boire du bon vin (le sien est préférable), un à deux verres par jour. Ou trois. Ou quatre.
C’est à vous de voir, les biches et les cerfs !
Jacques,
J’aime ces premiers jours d’automne en montagne, quand les couleurs deviennent fauves.
Avant, que les mélèzes flamboient aux rayons du soleil, la nature se prépare doucement à se couvrir d’une longue cape blanche, pour les six mois de froidure.
Cette atmosphère très particulière est un bonheur pour le peintre ou le photographe, mais quelles émotions pour le promeneur!!!
Michel.
…
Merci Michel. Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir venir au concert de F.R. Duchable samedi prochain mais on va se voir à Chambéry jeudi !
🙂
Qu’est Brise Menu devenu ? 🙂
Le père sévère perd ses verres et persévère…
Ah, le Vallon de Réchy, combien de fois parcouru seul ou avec mes enfants! Bien sûr, il y a les Chocards à bec jaune (les alpinistes les appellent Choucas, nom d’un autre Corvidé qui habite la plaine), mais aussi les Cerfs nobles, les Bouquetins des Alpes et les Lagopèdes alpins (les Perdrix des neiges habitent l’Himalaya). Ce vallon est magique et ne doit sa survie sauvage qu’à ceux qui se sont battus pour lui…
A très bientôt Michel, pour un périple en montagne où tu me diras tout sur les Chocards et leur transhumance !