L’histoire du domaine Sottimano situé à Neive près de Barbaresco commence au milieu des années soixante-dix avec Rino Sottimano, une gueule de shérif dans un film d’Ennio Morricone. 1974 est en fait le premier millésime, celui qu’on retrouvera en toute fin de dégustation, pour le symbole !
A départ, Rino ne vient pas du milieu de la vigne, il n’est l’héritier de rien. Juste le fils d’une passion envahissante, celle de la vigne. Avec Anna, sa femme, il va peu à peu racheter un certain nombre de parcelles situées sur quelques-uns des plus beaux crus de Barbaresco : Curra', Fausoni et S.Cristoforo. C'est l'époque où, même si l'on ne dispose pas de grands moyens, c'est encore possible de le faire, d'inscrire un rêve dans la réalité.
Andrea Sottimano.
Andrea Sottimano, le fils, est né presque en même temps que le domaine, qu’il rejoindra en 1994, « un des plus mauvais millésimes de la décennie » dit-il, après un détour par une école d’œnologie et les routes buissonnières du rock, versus Jimi Hendrix.
Encore aujourd’hui, Andrea demeure passionné par tout ce qui sonne juste, de Hank Williams aux Black Keys, son champ de références est large.
En matière de vins, en revanche, ses préférences sont plus resserrées. Après son terroir natal, sa passion, c’est Bourgogne, et encore Bourgogne, modèle et référent de tout son travail, avec une prédilection particulière pour les grands Chablis !
Gianni Fabrizio, critique de vins réputé et co-directeur du Gambero Rosso, accompagnait Andréa pour commenter cette verticale.
La verticale de Pajoré et Currà
• Barbaresco Pajoré « Vigna Lunetta » 1996 Le cru Pajoré est situé sur Treiso, en altitude, et donne des vins plus incisifs, plus nerveux, un peu initiatiques, surtout dans un millésime classique, limite austère, comme le 1996. Angelo Gaja possède plus de la moitié du Pajoré et comme l’homme a un flair infaillible ! Joli nez, expressif : tabac, goudron, girofle, fruits macérés sur un corps au tanin un peu strict.
• Barbaresco Currà « Vigna Masué » 1996. Nez de cacao, d’épices, de fruits noirs. Davantage de chair et de plénitude ici et un tanin mieux enrobé.
• Barbaresco Pajoré 1999. Andrea présente ce millésime comme « un peu froid également mais avec plus de rondeur que 1996 ou 2001. » Nez de café grillé, d’épices et un corps élancé, d’une belle rectitude d’expression, avec davantage de profondeur dans la saveur que le 1996.
• Barbaresco Currà 1999 Avec ce cru magnifiquement situé, au cœur de Barbaresco, sur la commune de Neive. Belle robe soutenue avec peu d’évolution. Il s’avance sur des notes balsamiques. Dense, ferme, il offre un très beau développement en bouche, avec un chair centrale suave et une finale expressive. Ce millésime voit un certain nombre de changements s’opérer dans le travail du vignoble et à la cave. C’est le premier millésime avec des levures naturelles et des fermentations plus longues. Comme le rappelle avec humour Andrea : »la guerre avec mon père a commencé en 1991 et on a commencé à supporter en 2001. Aucun des deux n’avait absolument raison. L’essentiel, c’est qu’on se soit trouvés quelque part, au milieu ! »
Gianni Fabrizio et Andrea Sottimano.
• Barbaresco Pajoré 2001. Et voilà ce que ça donne quand l’harmonie règne : un superbe Pajoré qui, dans ce millésime, prend le dessus sur le Currà et fait parler la poudre, ainsi que l’âge des vignes (une cinquantaine d’années). Grand nez racé, sur la réglisse, la cardamome, les épices et les fruits mûrs.
• Barbaresco Currà 2001. Le nez est plus « confit » que le précédent. Notes boisées. Très belle entrée en bouche. La texture est noble, caressante, avec une trame acide présente et une très belle finale, complexe. Très bon mais pour la première fois, le Pajoré prend un peu l’ascendant sur lui.
• Barbaresco Pajoré 2004. Superbe nez, dense, complexe, minéral. C’est une vin d’une étonnante droiture d’expression, long et d’une merveilleuse finesse, qui fait chanter le calcaire.
• Barbaresco Currà 2004. C’est la première année où les malos ne sont pas provoquées, plus de filtration ni de collage et l’élevage se fait en fûts de chêne provenant de la maison François. A la vigne également, un certain nombre de choses ont changé (plus de désherbants, plus d’anti-botrytis). Nez marqué par des notes brûlées, capuccino. Très fin, très racé, dans ce millésime, Currà semble avoir étonnamment emprunté le style de Pajoré. Etonnant !
• Barbaresco Pajoré 2008. « C’est un millésime frais, avec un peu de pluie, le nebbiolo a mûri tardivement. Il fallait anticiper cela et faire tomber du raisin. Nous avons fait trois vendanges en vert. Aujourd’hui, je peux dire que 2008 est un millésime extraordinaire pour nous ! » Ce Pajoré est l’illustration parfaite des propos d’Andrea qui ne parle jamais pour ne rien dire. Fin, floral, nuancé avec des notes de rose et de girofle, il s’appuie sur une trame tannique superbe, dense et racée, et sa finale offre une merveilleuse persistance.
• Barbaresco Currà 2008. Plus onctueux, plus évasé dans sa forme, il est procure déjà un grand plaisir mais apparaît moins précis et moins racé que le précédent.
• Barbaresco (Cottà) Vigna Brichet 1990. On entre dans un pan d’histoire avec un grand millésime. Nez de marron glacé, créosote, notes mentholées. Corps généreux et caressant avec une pointe de verdeur dans le fruit et dans le tanin. Sans doute le rendement n’était-il pas le même qu’aujourd’hui.
• Barbaresco (Cottà) 1974. C’est le premier millésime vinifié par Rino Sottimano. Une bouteille témoin des débuts et d’une année difficile. On l’apprécie comme telle. On y retrouve un peu la signature du terroir, des notes de goudron, de terre mouillée, mêlées à léger côté mentholé. Une belle manière de conclure cette dégustation qui a séduit les œnophiles présents ce soir-là.
• Barbaresco (Cottà) 1974. C’est le premier millésime vinifié par Rino Sottimano. Une bouteille témoin des débuts et d’une année difficile. On l’apprécie comme telle. On y retrouve un peu la signature du terroir, des notes de goudron, de terre mouillée, mêlées à léger côté mentholé. Une belle manière de conclure cette dégustation qui a séduit les œnophiles présents ce soir-là.
Merci à Andrea et Rino Sottimano, ainsi qu’à Gianni Fabrizio !
Photos : Serge Pulfer
Comment
François bon c’est du Eric Chevillard en aussi bien! si ! vraiment! on voit pas les coutures……..