Egon Müller, la légende des siècles.
A 9 heures pétantes, nous entrons dans le Scharzhof, la belle demeure des Müller, adossée à la colline du Scharzberg, près de Wiltingen. C’est ici un des joyaux de la Saar, un vignoble de 600 ha dont Wiltingen est le centre. Le climat, ici, est plus froid, marqué par des extrêmes importants entre le jour et la nuit. En grande année, le Riesling y acquiert une minéralité et une race incomparables.
A 9 heures pétantes, nous entrons dans le Scharzhof, la belle demeure des Müller, adossée à la colline du Scharzberg, près de Wiltingen. C’est ici un des joyaux de la Saar, un vignoble de 600 ha dont Wiltingen est le centre. Le climat, ici, est plus froid, marqué par des extrêmes importants entre le jour et la nuit. En grande année, le Riesling y acquiert une minéralité et une race incomparables.
Le Scharzhof et le Scharzhofbger
Egon Müller, quatrième de ce nom, nous reçoit avec ce qu’il faut de distance pour vous faire mesurer le privilège et l’amitié qui vous sont accordés, d’être reçus ici, presque au saut du lit, dans le grand salon-bibliothèque survolé par cormoran-luminaire qui tient en son bec un poisson et une cloche. La propriété doit son essor à l’arrière arrière grand-père d’Egon Müller. Deux siècles et des poussières plus tard, nous voici dans la lumière d’une belle matinée d’automne. Etrange de voir l’automne si pressé cette année d’enluminer de ses camaïeux la toile du paysage.
On visitera le Scharzhofberg plus tard en compagnie de Roman Nievodniczanski. Pour l’heure, dégustation avec Egon Müller d’une série de vins issus du célébrissime Scharzhofberger, un cru de 28 ha (18 ha originellement) qui compte 8 propriétaires, Egon Müller étant le plus important avec 8.5 ha dont un tiers environ de très vieilles vignes, franches de pied, à haute densité de plantation.
Des notes de dégustation concises et précises, le style Bourguignon !
Scharzofberger Auslese 1990
Belle robe ambrée. Le nez est d’un raffinement incroyable, sur des notes de fruits exotiques (ananas rôti), pêche, verveine ; il évolue à l’ouverture sur des notes anisées avec une fine nuance de naphte. Très belle bouche, dense, opulente mais jamais saturante, avec une superbe tension et une finale, interminable, épanouie d’une complexité éblouissante. Magistral.
Belle robe ambrée. Le nez est d’un raffinement incroyable, sur des notes de fruits exotiques (ananas rôti), pêche, verveine ; il évolue à l’ouverture sur des notes anisées avec une fine nuance de naphte. Très belle bouche, dense, opulente mais jamais saturante, avec une superbe tension et une finale, interminable, épanouie d’une complexité éblouissante. Magistral.
"comme un soleil couchant"
Scharzhofberger Trockenbeerenauslese 1976
Superbe couleur ambrée, lumineuse, « comme une soleil couchant » précise Philippe Bourguignon. L’émotion est déjà là, dans cette façon qu’a le vin de refléter la lumière. Notes d’écorce d’agrumes confites, de coing, une nuance safranée, la figue sèche, la crème brûlée. Toutes les fragrances d’un dessert idéal réalisé par un pâtissier imprévisible. 1976 fut, on s’en souvient à cause de l’impôt « sécheresse », une année très chaude avec, précise Egon Müller, une pluie importante en septembre qui nous a obligés à vendanger assez vite. Le corps est monumental, d’une volume évasé avec une finale irradiante, sans rien de pesant. Avec le temps, la liqueur, importante, s’est parfaitement intégrée. Un vin solaire, de concentration, aujourd’hui complètement apaisé, quasi zen, devant lequel chacun y va de sa méditation, comme le disent nos amis transalpins.
Superbe couleur ambrée, lumineuse, « comme une soleil couchant » précise Philippe Bourguignon. L’émotion est déjà là, dans cette façon qu’a le vin de refléter la lumière. Notes d’écorce d’agrumes confites, de coing, une nuance safranée, la figue sèche, la crème brûlée. Toutes les fragrances d’un dessert idéal réalisé par un pâtissier imprévisible. 1976 fut, on s’en souvient à cause de l’impôt « sécheresse », une année très chaude avec, précise Egon Müller, une pluie importante en septembre qui nous a obligés à vendanger assez vite. Le corps est monumental, d’une volume évasé avec une finale irradiante, sans rien de pesant. Avec le temps, la liqueur, importante, s’est parfaitement intégrée. Un vin solaire, de concentration, aujourd’hui complètement apaisé, quasi zen, devant lequel chacun y va de sa méditation, comme le disent nos amis transalpins.
Vous l’aurez peut-être deviné : ici, à l’imitation du maître de céans, on déguste religieusement chaque cru, on ne recrache rien et on termine ses verres. Le cérémonial a commencé, je le rappelle, à 9h00, avec un exquis Scharzhofberger 2007 Kabinett et, après 8 vins dégustés, les deux Taiwanaises qui s’étaient jointes à notre groupe avaient des fous rires, des privautés et des rougeurs ma foi fort sympathiques.
17 Comments
Un immense domaine en effet (quel émotion pour moi sur l’ausele 1999 lot 22).
Mais je n’ai pas retrouvé cette classe dans le lot 28, moins côté.
J’ai eu aussi l’occasion de goûter de beaux vins sur ce terroir :
Reichsgraf Von Kesselstatt – Scharzhofberger – Riesling Spätlese Trocken 2002 (L35).
Savez-vous quel est le dernier millésime qui fut propice à la production d’un TBA ?
J’aime beaucoup le dernier paragraphe…
Amusantes asiatiques. Certains en ont même fait des sujets d’étude fort sérieuse. "4-Methylpyrazole and the Cutaneous Vascular Sensitivity to Alcohol in Orientals" ou comment vivre sans rougir avec une déficience en alcool deshydrogénase.
Alfredo,
Un calembour assumé, de Georges Pérec :
http://www.sciences.u-psud.fr/fr...
J’ai très rarement rencontré un homme, un vigneron qui, par son attitude, son style, sa classe naturelle était aussi proche du style et de la classe de ses vins.
Je garderai toujours comme référence absolue du riesling son 1959 qu’il avait offert si généreusement lors d’un salon en Italie.
Un Seigneur.
Charlie Parker
J’assistais un jour à une lecture de René Char. Je crus d’abord qu’il lisait, mais je m’aperçus bientôt que ses yeux ne regardaient pas les lignes du livre posé sur la table, et qu’il connaissait parfaitement ses poèmes.
Perec sans accent sur le e
On avait entendu parler des attentions de Lulu la Nantaise, mais Les privautés taïwanaises, en plus fort sympathiques, on se prend à rêver. heureux Hommes!
Quel dur métier que le vôtre, du Scharzhofberger, en dansant la Taiwanaise !
Armand,
Merci … comme Petrus, donc !
Laurentg,
"Chez Egon Müller, le miracle du Scharzhofberg s’est produit dans les millésimes suivants: 1959, 1971, 1975, 1976, 1989, 1990, 1994, 1995, 1997, 1999, 2000, 2001, 2003 et 2004." de D. Fornage sur ecole-nobilis.ch
Ne manque que le meilleur, l’absolu, le TBA Scharzhofberger 1997, peut-être la plus grande réussite d’Egon Müller de ces trente dernières années dans ce style de vin ! Voici mes notes prises à la vente aux enchères vendredi :" On goûte ce nectar au moment où les enchères s’envolent vers des hauteurs inconnues. On n’est plus, ni d’un côté, ni de l’autre, dans la réalité, mais dans une certaine forme d’idéal. Chaque gorgée représente une forme d’absolu. Chaque gorgée a son prix, qui n’est plus de cette réalité, un peu comme si deux mondes, coexistaient, parallèles, sans jamais vraiment se rejoindre, celui de l’échange économique et celui de la grâce de la nature et du génie des hommes.
Egon Müller, Sandrine Garbay, Alexandre de Lur-Saluces étaient sur Toulouse cet après-midi, dans le cadre d’une dégustation de grands liquoreux du monde (organisée par le club oenophile du midi).
Egon Müller Scharzhofberger Auslese Goldkapsel 2006 : un futur grand, encore dans son cocon fruité et floral feutré, visqueux, d’un équilibre diabolique. (18/20+)
Egon Müller Scharzhofberger Beerenauslese 1994 : un très grand vin, balsamique et terpénique, vibratoire, ascensionnel, irradiant. Une formidable interprétation du Riesling, transcendante, rare, chère. (19/20)
Si je peux me permettre :
Allemagne – Egon Müller Scharzhofberger Auslese Goldkapsel 2006 : 17,5/20+ – 25/4/09
Un seul lot/7,5° d’alcool/150gr sucre résiduel/9,5gr acidité, 500 bouteilles/Prix : 180/200 €
Senteurs excitantes, pures, pénétrantes, assez exclusives : fruit de la passion, melon confit, terpènes, citron vert, mangue confite, jasmin, fraîcheur d’un beau bouquet de menthe fraîche.
Bouche très dense, presque visqueuse, charmeuse mais repliée sur elle-même (avec une sensation sucrée importante).
On y perçoit une grande énergie interne, comprimée, qui ne se déploiera qu’avec l’âge (à ce stade, le vin est comme dans son cocon feutré et ne se termine pas sur la queue de paon qu’offrait par exemple l’auslese 1999 lot 22).
Un futur grand, prouvant encore la grandeur du Riesling mosellan, d’un équilibre diabolique. Egon Müller semble avoir voulu prouver la nécessité du vieillissement de ces grands Rieslings (en proposant ici une épure embryonnaire).
Allemagne – Egon Müller Scharzhofberger Beerenauslese 1994 : 19/20 – 25/4/09
Un seul lot/7,5° d’alcool/150gr sucre résiduel/9,5gr acidité/270 bouteilles/Prix : 1500/1800 €
On est ici immédiatement séduit par une corne d’abondance aromatique, irradiante, pure, croquante : terpènes, orange, cire, abricot subtilement caramélisé, citron vert, angélique confit, raisin de Corinthe, résine …
Puissance libérée mais canalisée, sucre estompé, immense longueur. L’acidité est importante mais complètement au service d’un vin gustativement explosif, d’un équilibre magistral (avec une petite évocation d’un grand Tokaji hongrois ou encore d’un eiswein mosellan, Egon Müller nous expliquant toutefois que l’équilbre sucre/acidité y serait moins vibrant).
Un très grand vin, balsamique et terpénique, époustouflant, ascensionnel. Une autre formidable interprétation de cet immense cépage qu’est le Riesling, vibratoire, transcendante, rare, très chère.
Allemagne Egon Müller – Scharzhofberger Kabinett 2007 : 13,5/20 – 25/4/09
Prix : 35 €
Comme dans le cas du 2007 de Klaus Keller (von der fels) bu récemment, le plaisir n’est pas vraiment au rendez-vous pour ce vin trop jeune, primeur, rappelant un peu le sprite, servi de plus un peu trop chaud.
Superbe dégustation Laurent. Merci pour ce compte-rendu !
Merci, Jacques !
Il y avait aussi de beaux vins de Yquem (2001, 89), Fargues (2005, 97), Constantia 2004 (adorable muscat du cap), Kracher, Szepsy (Tokaji 6p 99, magnifique).
Yquem 2001 est impressionnant et le 89, un peu chaud, rancioté, a divisé …
Une question à propos du verres de vins:
Ce qui me frappe….Monsieur Müller, il a toujours utuilisé les mêmes verres de vins non?
Il s’agit d’un verre pour le Riesling.
Il n’a pas differencié entre Kabinett, Auslese et Beerenauslese?
cordialement
Markus, (Allemagne)