• Cœur de bœuf : une classique (sans doute la Reif Red). Superbe couleur et un charnu remarquable, assez ferme. On déguste deux versions, à deux moments de maturité différents. La saveur est douce, équilibrée avec une rémanence pas très intense.
• Agay : j’ai peu de renseignements concernant cette variété de tomate qui doit son nom à la baie d’Agay dans le Var. Le nez est plutôt intense mais avec beaucoup moins de finesse dans l’expression que la précédente. C’est une tomate avec un côté « pétant » et immédiat mais sa finale est rêche. « Il s’agit d’une variété productive, c’est un peu la tomate de M. et Mme tout le monde ! » conclut Bernard Delessert.
Lequel en profite pour nous brosser les grandes lignes de la tomate. Arrivée en Europe par l’entremise des Conquistadores vers la fin du XVIeme, la tomate provient des Andes où elle était régulièrement cultivée par les Incas. C’est une solanacée, comme la pomme de terre. Elle a longtemps été considérée comme toxique. A noter que les premières tomates arrivées des Andes étaient jaunes, couleur qui leur a valu des noms comme Mala aurea, Pomum armoris et Poma aurea qui a donné le fameux Pomodoro.
On doit à Parmentier qui sut convaincre Louis XVI d’en planter et Benjamin Franklin d’en goûter le début de l’adoption de la pomme d’amour comme élément gastronomique.
La tomate, rappelle B. Delessert, est une plante auto-fertile qui ne s’hybride pas facilement. Au fil des siècles, il y a quand même eu une évolution et aujourd’hui on dispose d’un nombre incroyable de variétés : on les estime à environ 6000 dans le monde.
• Corne des Andes : sa forme est caractéristique, allongée, en forme de corne. Vraisemblablement elle a très peu muté au fil du temps et est demeurée très proche de l’une des variétés originales « héritées » des Incas. Très beau fruit avec de la présence et, souligne Bernard Delessert, « un côté pelati très prononcé, quand elle est bien mûre. » La chair est ferme, croquante, avec un bel éclat aromatique.
• Carotina : son nom désigne sa couleur légèrement flavescente. La saveur comme la texture, assez fermes, sont intéressantes. La peau est assez ferme et on l’imagine aussi bien dans une salade et en carpaccio.
• Sommer Cider : d’après M. Delessert, c’est une des variétés de tomates qu’il est assez facile de reconnaître au goût. Sa couleur est proche de celle de l’abricot et ajoutez-y une note subtilement safranée sur la finale et vous comprendrez là qu’il s’agit d’une tomate de grande classe à associer avec une cuisine de poissons par exemple.
• Ananas K : encore une merveille. Esthétiquement belle, nuancée de notes sanguines et fauves, elle étonne déjà par sa présentation. La chair est remarquable, texture ferme et douce à la fois et beaucoup de persistance de goût. A associer avec la Carotina et la Green Zebra dans un carpaccio. Juste tiédie au four et parsemée de thym, elle conviendrait également parfaitement pour une tarte en entrée.
• Trily : B. Delessert a choisi de nous présenter ces deux hybrides parce que leurs qualités gustatives sont intéressantes. La Trily est un vrai bonbon que l’on croque entière et qui fond dans la bouche sur des saveurs presque sucrées. Une des participantes à la dégustation l’imagine en sucette, juste enrobée d’un caramel de romarin. Bien vu !
• Santa : tomate-cerise, sphérique, parfumée, elle est assez linéaire dans son goût mais avec un côté très évident. Parfaite pour des brochettes apéritives.
Merci à Bernard Delessert d’avoir organisé cette dégustation originale. Si vous souhaitez vous procurer quelques-unes des variétés évoquées, c’est ici.
Si vous cherchez des inspirations culinaires autour de la tomate. Voici quelques pistes. En gaspacho. En braconnot. En tarte. Ou encore confite, séchée. On peut aussi l'apprêter façon carpaccio ou chantilly. Pour finira avec ce condiment extraordinaire, façon extrême, comme on l'aime. Toujours.
10 Comments
Et pour les amateurs désireux de découvrir d’autres variétés, une adresse : Le conservatoire de la tomate du château de la Bourdaisière, sur les bords de la Loire, à Montlouis, en France.
Le Jardinier en chef, Nicolas Toutain est un passionné (Nicolas le jardinier, ça ne s’invente pas !).
Ouvert jusqu’à fin octobre, plus de 600 variétés y sont à découvrir.
Et puis, dans la région, les chenins y sont passionnants…
Il me souvient avoir goûté chez Michel Bras à Laguiole en 1982 (je crois) un sorbet de tomate rouge sur une compte de tomates vertes
Les tomates, c’est comme Mille Plateaux :
Quod abundat non vitiat
!!!!
Le hasard fait bien les choses, je parlais justement à Nicolas de mon petit repas tomates cultivées "maison" de ce soir.
Au menu : Green Zebra, Ananas, Noire de Crimée et Poires jaunes (mes Cornues des Andes ont été dévorées la veille…).
Le must culinaire, en cru, reste pour moi la Green Zebra qui allie acidité et fraîcheur aromatique. Je vous rejoins sur l’association avec l’Ananas, qui arrive a avoir une chair imposante sans devenir farineuse, avec plus de "corps" (elle est plus difficile à cultiver, elle a tendance à s’abîmer). La Noire de Crimée ne se présente plus, je la trouve esthétique et en plus le côté salin en fait un bon compagnon de divers plats (j’ai apprécié l’accord avec le bastardo, mais goût personnel) tandis que les poires jaunes, du type "cerises" sont gorgées de sucre, mais restent plus acides, pour mon plaisir.
Concernant la partie culturale, quel plaisir de voir pousser ses tomates dans son jardin, même en Belgique. Pas de traitements, pas trop d’engrais, peu de rendements mais tant de bonheur dans son assiette!
Bref, que dire à part merci pour ce bel article, j’en aurais de nouveau l’eau à la bouche 2heures après mon repas…
ps. Peut-on conclure de votre intro que le parfumeur achète ses tomates en grande surface tandis que le chercheur suisse s’octroie un potager?
Jehan, je penses que votre conclusion est tout à fait logique.
Tomates d’accord,mais avec ou sans la peau?
Jacques,
Je confirme cette schizophrénie végétale de texture pour les tomates de jardin goûtées avant-hier soir.
La tomate possède également son forum :
tomodori.com/phpBB2/index…
Magnifique repas tout tomate chez mon ami Cornalin le week-end passé à Lausanne, clôturé avec une tarte de mirabelles de Lorraine.
Laurentp
Jehan : votre conclusion me paraît tout à fait pertinente. Merci pour ce commentaire.
Pascal : c’est une question que nous nous sommes posée durant la dégustation (pour l’instant sans réponse précise…) : est-ce qu’une part importante des arômes de la tomate ne se trouve pas dans les assises sous-épidermoiques, comme dans le raisin ? Cela dit, il est frappant de constater qu’il existe chez plusieurs variétés de tomates une sorte de décalage entre la douceur de la chair et le caractère parfois abrupt, rêche, de la peau.
J’étais ce we à la fête des vins de Langon.
Un stand présentait de nombreuses variétés de tomates. Glané ceci : http://www.jardinsdetomates.fr/