Nous sommes chez Milena et Aldo Vajra, à Vergne, juste au-dessus de Barolo. Il y a deux jours, Laurence et Eric Rousseau, célèbres producteurs de Gevrey-Chambertin, m’ont signifié leur intention de visiter la région de Barolo et de Barbaresco. Nous nous sommes donnés rendez-vous directement ici. Arrivés avant nous sur les lieux – nous étions encore à traîner nos basques du côté de La Morra – les Rousseau ont offert très belle surprise à Aldo Vajra qui, comme tout viticulteur piémontais qui se respecte, voue un culte aux grands vins de la Bourgogne.
Les interactions dans une dégustation sont toujours intéressantes. Surtout lorsqu’il s’agit de deux grands vignerons qui se découvrent pour la première fois.
La rencontre fut belle ! Ponctuée par toute une série de vins que les Rousseau découvraient avec grand intérêt, parfois avec étonnement. De l'irrésistible Dolcetto Coste e Fossati 2008 au Barolo Bricco delle Viole 2005, beau comme un parfum de sylphides, juste après un violent orage.
Ici aussi, comme chez Altare, un nouveau vin devrait bientôt venir surfer sur les fonts baptismaux, le Barolo Baudana dont le 2005 a été mis en bouteilles (mais pas vinifié) par Aldo Vajra. Le 2009, vinifié en cuves tronconniques, sera, nous assure Aldo, plus proche de la vérité de son terroir.
Un détour par le Kyé 2006 qui illustre, si besoin était, cet axiome : Vajra est à la freisa ce qu’Accornero est au grignolino ! De ces cépages en voie de disparition, ces deux artistes révèlent le meilleur.
Difficile de savoir ce que pense Eric Rousseau de ce vin « météopathique », que l’on déguste pourtant dans un de ses bons jours : « le freisa, c’est un peu comme un camaléon : un jour vous ouvrez la bouteille, il a tel goût ; un autre jour, il révèle d’autres facettes, complètement différentes. Il est très sensible au temps qu’il fait ! »
On en saura plus, en revanche, sur le Pinot noir 2006 soumis au jugement du maître gibriaçois :
– C’est du pinot ? Pour moi, ce vin ne pinote pas… »
– C’est du pinot ? Pour moi, ce vin ne pinote pas… »
Eric Rousseau dégustant le Casa Maté 1996 d'Elio Grasso.
Aldo Vajra est l’homme le plus délicieux du monde. Il remercie Eric pour sa franchise, prend acte du verdict et nous emmène tous dîner au Ristorante Bovio à La Morra où nous poursuivrons nos gammes piémontaises autour de la solide cuisine du chef Mario.
Entre un Barolo Vigna Rionda 1999 de Massolino et un Barolo Casa Maté 1996 d’Elio Grasso, la conversation est revenue subrepticement sur ce pinot noir piémontais atypique, l’occasion de rappeler que le grand vin s’éloigne de son cépage comme l’enfant de sa mère et que, peut-être, la force du terroir de Barolo efface ici toute expression variétale.
Demain, c'est une autre féerie qui commence. On ouvre les volets et voilà le paysage. Embarcation immédiate. Si le cœur vous en dit !
Région de Serralunga d'Alba, vue de Castiglione Falletto.
8 Comments
Grand Jacques : tu donnes des lettres de noblesse au périlleux métier (sens noble, hein !) de "go-between".
Quel était déjà le blondinet qui jouait ce rôle dans un film de qui ? Un film de Losey ? En perfide Albion ? Au XVIIIème ?
Help !
James Fox, the servant :
tcmcinema.fr/films/fiche/…
Laurentg en panne : pierre mémoriale à constituer !
Non, c’était un blondinet qui jouait une sorte d’ange, dans une campagne anglaise à la David Hamilton : tu n’étais pas né, barbare ! 🙂
Bienvenue chez les chtis ? (pas vu)
Un blondinet ? David Hamilton ? Le siècle des lumières sous les projecteurs ? Pas mon monde, cher François… Ignare, je sèche !
La tête d’Aldo quand Eric lui a dit que son pinot ne pinotait pas, ça valait tous les kopeks du monde ! Mais au moins ils ont le même bouchonnier !!!
🙂
La vita è bella…
La panne vous salue bien bas … http://www.youtube.com/watch?v=O...
Finalement il y a l’étiquette sur cette bouteille quand je l’ai dégustée elle avait une étiquette écrite à la main.
Dans mon compte rendu j’ai décrit plutôt un Pinot qui "baroleggia".
nonsolodivino.over-
blog.com/article-un-pomeriggio-con-aldo-milena-e-francesca-vaira-a-barolo-36783788.html
Est-ce que vous avez dégusté aussi l’Albarossa?