Il était temps : septembre, une fois de plus, a sauvé un millésime sur le fil. Et – thanks to the gods ! – octobre continue de gratifier d’un merveilleux été indien. En attendant que les vendanges se terminent, voici une idée de rando vraiment épatante. Je l’ai testée la semaine dernière en compagnie d’un ami. Un ballade sur des lignes de faille et des bouleversements telluriques qui, par les mystères de la géologie, vous téléportent en quelques dizaines de mètres, de l’Europe en direction de la vieille Afrique.
Si vous avez une journée de beau temps devant vous, n’hésitez pas, quittez tout : ce voyage sur les hauteurs est superbe. Il vous mènera du val d’Hérens dans le sauvage vallon de Réchy, cher à Maurice Chappaz.
Attention, cette année, la chasse est exceptionnellement ouverte dans ce sanctuaire écologique. Une autochtone rencontrée sous le Pas de Lona nous a pourtant assuré que nous ne risquions rien : à l’heure qu’il est les chasseurs sont en train de préparer leur repas de midi. Et après ? Après, ils reposent et sortent à la tombée de la nuit… Une balle perdue, même en plein jour. On ne sait jamais.
Nous étions prévenus. Il fallait faire vite. Heureusement, mon sigisbée en gardait sous le pied : de retour des goulottes Macyntire dans la face nord des Grandes Jorasses, il se préparait déjà à repartir pour la face nord du Cervin. C’était clair : pour lui, ce tour de la Maya n’était qu’un prélude. Je me suis pourtant gardé de lui demander s’il lui arrivait, parfois, de s’exposer au soleil…
Du soleil, nous n’en avons pas manqué durant la course, même si juste avant d’arriver à la cabane des Becs de Bosson, dans la montée du col de la Tsevalire, les premières neiges scintillaient déjà.
Par temps clair, la vue depuis le refuge est sans doute une des plus impressionnantes qui soient. Tous les joyaux des Alpes pennines sont présents, du Simplon à Chamonix. A l’exception du Cervin que l’on se contente de deviner, perdu entre la coquette monstrueuse (la Dent blanche) et la Dent d’Hérens. Un des clous du spectacle, depuis ici, est assurément l’étrave quasi himalayenne du Weisshorn que l’on peut contempler confortablement installé dans un transat du refuge en sirotant un Fendant Molignon de Constantin.
Pour la descente, c’est simple. Elle revient sur le versant du magique val d’Hérens, juste sous les contreforts de la Maya (vieux restant de la nappe africaine comme le Cervin) dont on fait ainsi le tour esthétique.
Départ : alpage de Lovégno (on y accède par une route en terre battue depuis le village de Suen). Monter en direction du Pas de Lovegno (2668 m) puis du Col de la Tsevalire (2965 m), au fond du vallon de Réchy pour accéder à la cabane des Becs de Bosson (2983 m). Depuis le Grand Bandon descendre à flanc de coteau (par un sentier apparemment peu fréquenté) en direction du lieu-dit les Communaux, alpage de Trogne, puis continuer en direction de l’alpage de Lovegno. Compter 4 heure pour la boucle.
3 Comments
Une magnifique balade en très agréable compagnie…que veut-on de mieux ?
Merci Jacques
Il n’y a rien de meilleur, cher David. En tout cas en montagne !
Bel article, mais j’aurais juste voulu que 《coquette monstrueuse》ou plutôt 《monstrueuse coquette》soit entre guillemets pour rendre hommage au meilleur écrivain français de tous les temps.