A la mort de ce dernier, Léoville était devenu le plus important domaine du Médoc et regroupait 120 hectares.
« Le reste du domaine, encore aux mains des descendants des héritiers Lascase, représentait les trois-quarts de la superficie du domaine initial de Léoville.
Le partage foncier de 1840 respecta une répartition équitable du vignoble et des terres. L’aîné, Pierre Jean de « Lascases », reçut la part qui devait constituer le domaine originel de Château Léoville Lascase.
Sa sœur, Jeanne, céda ses droits à sa fille mariée au baron Jean-Marie Poyferré de Cerès, issu d’une maison noble d’Armagnac. Typiquement gascon, ce nom de Poyferré signifie un « point ferré », c’est à dire une partie de chaussée empierrée où chevaux et véhicules se doivent de porter des fers.
Apparenté aux Lawton, familles de notables courtiers plus que séculaires, Armand Lalande, présida aux destinées du domaine dès 1866, et ce, pendant vingt ans. »
1920 la famille Cuvelier, négociant établi à Haubourdin, rachète la propriété
1979 Didier Cuvelier, expert-comptable de formation, reprend la direction, « un peu par hasard » juste avant que Roger Delon, le précédent, ne prenne sa retraite. Son premier mentor dans le métier sera Jean Miailhe.
Léoville Poyferré 2002
20 % m – 70 % cs – 8 % pv – 2 % cf
A partir de ce millésime, le pourcentage de petit verdot ne dépassera pas 5 % dans l’assemblage, même si la propriété en a régulièrement replanté depuis quelques années. Année difficile pour le merlot avec une floraison irrégulière. Didier Cuvelier : « l’été a été épouvantable jusqu’au 25 août puis le mois de septembre nous a sauvés, un peu comme en 2007. On a perdu 20 % du volume et, au final, on a un taux d’alcool assez élevé. »
Nez un peu brouillé au départ. Très légères notes mentholées pour ce vin à la couleur grenat bien préservée. A l’ouverture (il faut le carafer), il s’oriente sur la réglisse, le cachou. Entrée en bouche souple, c’est suave, fondant avec un cœur de bouche charnu, enveloppé qui intègre une tannicité légèrement granuleuse. Jolie finale sur des notes de tabac, de fumé. Verre vide, boisé très perceptible (60 % de bois neuf).
Note : 88
Léoville Poyferré 2004
M. Cuvelier rappelle que 2004 a été une année très abondante et que la propriété a fait le plein avec 56 hl/ha
Robe grenat d’une belle tenue. Pas de trace d’évolution. Nez très épicé, sur des notes de cèdre, cassis. Entrée en bouche serrée, pas très large, beaucoup de fraîcheur, trame serrée, caractère strict mais grande race. Un vin d’un grand classicisme. Il est très Pauillac dans sa forme en bouche. Belle finale aux tannins denses et séveux.
Très belle réussite dans ce millésime. M. Cuvelier pense que le 2004 a moins d’avenir que le 2002. Je penche plutôt pour l’avis contraire.
Note : 90
Léoville Poyferré 2001
65 % cs – 40 % m – 5 % pv
Très belle robe encore jeune. Noblesse d’expression remarquable, sur le Havane, les épices, le poivron chaud. Corps au diapason. Il est fin, stylé, dynamique avec de très beaux tannins, allongés, juteux. La finale, douce, apaisée, offre une très belle persistance. Toujours aussi remarquable ! Un des hits du millésime.
Note : 92
Léoville Poyferré 2000
Faux millésime exceptionnel 2000 ? Didier Cuvelier rappelle que l’été fut très chaud et sec. En septembre, en revanche, il a plu sur St-Julien. Les pluies sont arrivées lorsque les merlots étaient mûrs mais pas les cabernets. Ce qui tend à expliquer les sensations contradictoires que l’on peut avoir à la dégustation de ce vin : l’attaque et le milieu de bouche, marquées par le merlot sont extraordinaires mais la finale n’est pas tout à fait au diapason.
Robe un peu évoluée. Nez café, moka, nuances balsamiques, fruits noirs. Entrée en bouche très veloutée, très cassis, presque exotique, suave, un peu doucereux, beaucoup de chatoiement dans la surface mais on a un peu perdu la grande noblesse du St-Julien. Finale fondante, pas immensément longue, sur des notes de vanille et de zan. Légère amertume dans la tannicité qui freine sa finale et l’empêche de se déployer totalement.
Note : 93
Léoville Poyferré 1999
60 % cs – 30 % m – 10 % pv
Didier Cuvelier : » les vendanges ont été difficiles, sous la pluie mais les cabernets étaient mûrs. L’osmose inverse a été très utile dans ce millésime. »
La robe est plus évoluée que sur le précédent. Notes épices, légèrement truffé, créosote, puis fruits rouges encore présents à l’ouverture. Entrée en bouche savoureuse, il est mûr, déjà prêt au niveau aromatique, sans l’usure de certains 1999. Il a gardé une belle fraîcheur. On note un très léger creux de milieu de bouche et une dissociation entre l’attaque et la finale. Celle-ci est souple, équilibrée avec un assez joli retour en bouche. Il finit sur des notes vanillées, fleurs sèches, encens, bois brûlé. Présence de bois perceptible (75 % de bois neuf sur ce millésime).
Note : 87
Léoville Poyferré 1996
Un vin d’un style très classique. La couleur est plus soutenue, plus jeune que sur le vin précédent. Très belle robe sombre. Nez d’une belle complexité. Café grillé, cèdre, herbes sèches avec, souligne un participant, un côté presque méditerranéen dans les arômes. La bouche est généreuse, ample, sur une très jolie trame ; il finit racé, tannins encore fermes avec un très beau potentiel devant lui. Le carafer impérativement une heure avant.
Note : 89-91
60 % cs – 40 % m
Didier Cuvelier : l’été a été torride avec un stress hydrique énorme. Nous avons manqué d’eau. A ce moment-là, le vignoble, suite à sa restructuration entreprise dès 1979, était encore assez jeune et les vignes ont souffert. Puis, il s’est mis à pleuvoir en septembre… »
Robe grenat évolution normale. Notes mentholées, poivron, puis fruits confits. Entrée en bouche sur une impression suave, presque doucereuse ; forme ronde, très merlot, il manque de centre, un peu diffus. Tannicité appuyée, un peu grésillante, sèche, mais, en dépit des difficultés du millésime, c’est bon.
Note : 88
Léoville Poyferré 1990
Didier Cuvelier : » C’est une grande année solaire, très comparable à 1989 mais en 1989 nous avons cueilli 15 jours plus tôt… 1990 a mûri plus lentement. Les tannins se sont adoucis. Nous avions une rondeur et une sucrosité incroyables. A cette époque, nous pratiquions déjà les vendanges vertes.
Robe grenat. Nez complexe, là on a de la race, crésote, café.Très épanoui, solaire, petite pointe gibier dans l’expression aromatique à l’ouverture. Grande attaque, douce et épicée, milieu de bouche très suave. Finale sur les grains de café, notes fruits confits, les épices. Belle réussite pour ce vin produit sous l’ »ère » Boissenot. Michel Rolland arrive en 1994 sur la propriété.
Note : 92-94
Léoville Poyferré 2003
Robe grenat. Le nez est de prime abord un peu en retrait. Dense, minéral, complexe. Après 3 heures de carafe, il se livre sur ddes notes de fruits noirs, de graphite, d’encens. Bouche imposante avec une masse tannique impressionnante. Il est moins continu, moins séveux, moins de développement que le 2005. Il y a une densité, une épaisseur et, en même temps, une saveur et une fraîcheur incroyables dans la masse tannique. On est sur des notes empyreumatiques, torréfiées sur la finale qui trace longuement. Très grande réussite et un vrai bonheur que de le goûter bien présenté !
Note : 95
Léoville Poyferré 2005
Inutile de présenter le millésime dont j’ai déjà parlé à plusieurs reprises ici. Disons-le tout de suite, ce vin est magistral. Tout y est ! C’est tout simplement le meilleur Poyferré à ce jour.
Belle robe pourpre. Cuir, épices, fruits noirs, graphite, gelée de cassis, le nez est encore dans sa gangue mais quelle présence ! Extraordinaire densité, il présente une trame magnifique, grande vinosité avec une élégance superbe ; il a un côté ascendant, fuselé, beaucoup de fraîcheur. Superbe tenue. Il est droit, rigoureux, et élégant, très St-Julien. Finale mirifique aux promesses présentes et futures tenues. Immense réussite.
Note : 96 +
Léoville Poyferré 2006
Belle robe profonde. Nez balsamique, fruits noirs, épices. Jus de myrtille. Superbe profil aromatique. Belle bouche, avec une attaque fruitée, évolution sur une trame épicée, le bois est encore présent et il est passe de se refermer. On admire l’architecture précise, la ligne très pure et la finale aux tannins nuancés. En primeurs je lui « reprochais » un certain manque de gnac mais j’attendais de le revoir à l’élevage. Il confirme sa réussite.
Note : 92
8 Comments
Un 1999 (13,5/20) qui s’est mal goûté (comme presque tous les autres vins) dans notre récente horizontale Bordeaux 1999. Mieux en mai 2008 (15,5/16).
2004 goûté 5 fois à excellent niveau (17/20) : très beau potentiel.
Le 2002 goûté chez BlG :
bleguern.fr/blg/deg/deg.p…
en mars 2009, un Poyferré 2002 taiseux (14,5/20) : "L’ensemble se fondra-t-il un jour ? Peut-être car la matière est là, mais le vin conservera certainement toujours le caractère froid et strict du millésime…" (cr par Maxime France, qui avait amené le vin et était le seul à ne pas le déguster à l’aveugle)
Tout chaud :
Saint-Julien : Château Léoville Poyferré 1959 – 10/4/09 (repas "1959", cr par Pierre Citerne)
DS17 – PC16 – LG15 – PR17,5 – MF17,5 – MS17,5. Note moyenne : 16,8
Niveau moyenne épaule
Encore une très belle robe, grenat, dépouillée. Beau nez "classique", disert et à nouveau très mûr (liqueur de cassis ?), évocation de cuir et d’épices aussi… Bouche dense, très serrée, vertébrée par une forte acidité et des tannins virils, finissant peut-être un peu secs.
Cela fait plaisir de constater que le millésime 2006 se goûte bien, la veille de notre session GJE sur cette année (17/19 juin).
On verra cela, François … 🙂
Qui dit que ce sera encore le cas dans 2 mois (malgré un mélange homogénéisateur salvateur). ?
Poyf’, l’anti St Julien d’épate.
La dégustation d’hier soir était vraiment superbe. Et je suis pourtant peu enclin à m’enthousiasmer à ce point sur des grandes étiquettes bordelaises, d’ordinaire.
La montée de niveau – précision, profondeur et pureté – à partir du millésime 2003 (hors-classe ici pour l’année) est saisissante.
Un chouchou dans les millésimes "ancien style" ? Le 2001, sans hésiter. Tellement médocain.
Vraiment un grand bravo à toute l’équipe du château et à son directeur (qui n’aime pas trop les spots-lights mais sait mener son "affaire" avec une main de grand chef d’orchestre).
Jacques,
On dirait que la bouteille d’eau flotte au dessus de vos mains jointes, photo1.
Oui, c’est cela, Donzelle, bien vu ! Après les tables tournantes, voici que les bouteilles d’eau, au CAVE, se mettent à se dématérialiser et à flotter dans les airs…
"Les meilleurs divertissements sont les plus futiles." [Jacques Chardonne]
Lévitation …
Musique progressive psychédélique …
http://www.youtube.com/watch?v=E...