Ce matin, dégustation des vins rouges du Douro du millésime 2005 et d’une série de Porto Vintage 1970
En préambule à la dégustation, Dirk Niepoort a rappelé cette évidence : "dans le Douro, il n’y a aucune tradition de vins rouges secs, sauf la tradition de faire des vins mauvais. Il n’y a donc pas de débat entre tradition et modernité. Il y a vingt ans, c’était : circulez, il n’y a rien à voir. Un des premiers à avoir commencé, c’était Quinta do Cota. On a beaucoup rigolé à l’époque quand j’ai commencé à vouloir faire des vins rouges secs…"
Tout est donc à créer donc dans la région et, s'ils doivent encore, à travers la diversité même de style qui les caractérise, se trouver une identité, les vins rouges du Douro sont sans doute promis à un avenir intéressant. A eux d'exister désormais, parallèlement aux Portos, et d'inventer leur propre chemin, allégés d'une tradition insignifiante et porteurs de nombreux espoirs.
La région viticole du Douro, le fleuve magique – appelé Duero en Espagne – couvre une surface viticole de 40 000 ha entre Barca d’Alva et Régua. Elle comprend trois sous-régions : Douro supérieur, Baixa corgo et Cima corgo. C’est ici que le Porto a pris son essor en 1670 très exactement.
Géologie ce sont des terroirs granitiques.
Encépagement les cépages traditionnels du Porto
Douro 2005 : les vins dégustés.
Quinta do Vale meao un style très moderne, richement texturé avec de jolis tannins fermes et juteux et un fruité expansif.
Xisto issu à 60 % de touriga nacional ce vin est issu d’une synergie entre un producteur de la région, les frères Roquette, et Jean-Michel Cazes. Grande pureté d’expression avec de la fraîcheur et un belle fusion du bois (ce qui n’est pas le cas de tous les vins, tant s’en faut), il se distingue par son élégance et son équilibre. Une belle réussite.
Batuta Niepoort issu des cépages tinta Amarela, tinta Roriz et touriga Franca, ce vin vinifié par Dirk Niepoort est une des belles réussites de la région dans un style assez boisé, très élégant avec une finale qui laisse une belle empreinte.
Quinta do Crasto Vinha Maria Teresa encore un vin culte au Portugal et ailleurs, issu d’une très vieille vigne. De la sève, une texture pulpeuse, chatoyante, une très belle matière et un savoir-faire évident mais un côté flagorneur, ripoliné, cosmétique, saturant. Presque une caricature. On ne sort pas grandi de l’avoir aimé… Andreas Larsson, meilleur sommelier du monde 2007 résume ainsi le débat : "if you like this, you’re not my friend !" Regardez les notes de la plupart des prescripteurs américains sur cette cuvée. Elles sont stratosphériques. Comme les prix d'ailleurs ! Ne serait-ce que pour cette raison, il est bon, périodiquement, de retourner aux fondamentaux et de déguster à l'aveugle. Quelques légendes en voie de constitution peuvent s'en offusquer à juste titre.
Poera très coloré, fruits macérés, un soupçon animal, d’une grande fraîcheur avec un style évident mais un peu marqué par le bois, ce vin a quelque peu divisé. Certains ont aimé son austérité et son caractère ; d’autres lui reprochent ses notes un peu animales.
Quinta do Infantado Reserva nous l’avions déjà dégusté hier lors du déjeuner au restaurant DOC le long du Douro. C’est un vin séveux, dynamique, assez haut en tonalité et présentement austère mais avec un potentiel évident. C'est historiquement la première propriété qui a disposé de ses chais d'élevage dans le Douro et qui, dès 1979, a embouteillé ses vins dans la région de production.
Quinta do Noval 2005 très coloré, notes de marron, tabac blond. Belle amplitude, du volume même si, présentement, il est un peu pris dans sa gangue boisée.
Pintas ce vin culte du Portugal ne manque pas d’atouts : clarté d’expression, trame serrée, finale soutenue même si pour l’heure la tannicité est un peu à découvert.
Demain, les Vintage Port 1970 et 2003 !
3 Comments
Voilà effectivement une région d’oenotourisme qui ne demande qu’à s’affirmer. Outre des paysages fascinants (ce doit être une sacrée cagna en été), on reste véritablement étonné par l’extrême gentillesse des habitants du Douro : On va jusqu’à espérer se faire arrêter par la police municipale, histoire de voir jusqu’à qul point on peut négocier.
Même le Dr Bonobo, expert auto-déclaré en mutage, fut ravi de cette escapade en terres quasi-australes.
Sait-on que cette région du Douro fut la première à connaître des lois encadrant strictement la production, dès 1756 ? Ici, le système de contrôle des vins, du producteur au consommateur, en passant par le commerce, est probablement le plus élaboré d’Europe. mais on en parlera en détail dans le rapport de session.
Bravo pour ces reportages sur le Porto et la région du Douro. A ceux qui aiment ce vignoble, je ne saurais trop conseiller la lecture de Miguel Torga, en particulier son roman "Vendange". Pour en savoir plus sur Torga : http://www.marincazaou.fr/cont/t...
A rapprocher de Ramuz et de ses "Vendanges" : on pourrait lui appliquer sans problème la célèbre maxime de Torga, "L’universel, c’est le local moins les murs".
Merci pour cette info ! On se réjouit de lire cet auteur.