Le monde fascinant des argiles
L’argile est une roche sédimentaire composée pour une large part de minéraux spécifiques, des silicates plus ou moins hydratés qui présentent une structure feuilletée. Ce qui explique sa plasticité et ses qualités d'absorption. L'interstice entre les différents feuillets (comme un millefeuilles en fait) peut contenir de l'eau ainsi que des ions. Il en résulte des variations d'espacement entre feuillets, et donc des variations dimensionnelles quand l'argile s'hydrate (dilatation) ou s'assèche (contraction).
Les argiles sont de très fines particules de matière arrachées aux roches par l'érosion. La plupart de ces particules proviennent de la désagrégation de roches silicatées : du granit (mica et feldspath), du gneiss ou encore des schistes. Ces particules sont transportées par le vent ou l'eau sous forme de limon ou de vase. Les fleuves véhiculent des argiles qui finissent par se déposer en alluvions, dans le cours d'eau lui-même, à son embouchure, dans un lac ou dans la mer. Les dépôts peuvent alors sédimenter et former une roche argileuse par diagenèse : déshydratation et compactation. Le fonctionnement est donc cyclique : par érosion la roche devient argile, qui redevient roche, etc. Pour des éléments prétendument inertes, et a priori dépourvus de forces de vie, avouez que c’est étonnant !
Les minéraux les plus communs composant les argiles sont :
– les minéraux du groupe de la halloysite (composés par le même feuillet que la kaolinite, mais leur empilement est désordonné, avec translations aléatoires dans deux directions).
– la montmorillonite (dont une forme est connue sous l'appellation de terre de Sommière, utilisée comme détachant ou bentonite).
– l'illite (qui est la plus répandue, c'est elle qui sert à la fabrication des objets en terre cuite).
– et les vermiculites (dont le feuillet a une composition proche du talc, même s'il diffère au niveau des propriétés).
Me revient d’ailleurs à l’esprit une citation d’Arthur Rubinstein que mon professeur de violon avait encadrée au dessus de son bureau : « si je cessais une semaine de faire des gammes, je l’entendrais de suite ; si je cessais un mois, le monde entier le remarquerait. »
L’ami ignore le conseil et préfère monter grossièrement les bols, quitte à les tournaser ensuite (enlever les surplus de matière et affiner la forme à l’aide d’un couteau ou autre ustensile fin), pensant que le résultat final serait tout aussi abouti.
Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que les argiles ont en quelque sorte une mémoire, liée à leur structure et nature, et "retiennent" d’une certaine façon le geste fait par la main de l'homme ou tout autre force.
A méditer…
Demain : la collecte de cristaux !
4 Comments
Nicolas,
Si ces belles céramiques avaient servi à déguster de grands Bordeaux, les commentaires auraient été plus nombreux et plus réactifs.
Mais, sans argiles pas de grands Bordeaux….
Amitié.
Michel.
Mon juste modelage d’avant me rendra-t-il conforme, au sortir du four ?
Mais je dois avoir envie de tournaser… c’est physique.
A demain.
Il ne faut pas trop tournasser, on obtient des objets bancales: comme dans le vie.
Les belles naissances se font dans le geste. La spontanéité est une des belles qualités dans la vie.
Dans la minute, la forme doit être donnée et les feuillets d’argiles garderont leur structure, le four les figera jusqu’à ce qu’une main maladroite les ramènera à la terre….
Ainsi, va la vie, même pour les argiles: une grande découverte pour moi.
Je geste.