Les rationalistes, les millénaristes et les gardiens du temple s’agaceront de ce total manque de goût, déguster un tel millésime, promis sans doute à l’éternité, en phase de fermeture. On leur épargnera le cliché contradictoire selon lequel les grands vins seraient toujours bons.
Au final, des déceptions, des grandes confirmations, des surprises aussi, dont le classement du GJE reflètera sans doute. Et des émotions personnelles dont voici une liste non exhaustive (sans les notes évidemment puisque prévalent celle du Grand Jury).
Bons plans
Château Branas-Grand-Poujeaux, Moulis Belle robe soutenue. Nez sur des notes de coulis de fruits. Beau boisé. Mine de crayon. Cèdre. La bouche est très nuancée, plus souple qu’attendue Très belle texture. Beaux tanins bien découpés. C’est très suave, caressant même si la finale n’est pas transcendante.
Château Haut-Bergey Notes florales, cacao, fruits noirs, réglisse, Belle entrée en bouche, très pulpeuse, une des plus jolies « pulpes » dégustées jusqu’ici. Il développe des notes de fruits noirs légèrement épicés. Témoigne d’une certaine opulence avec de la fraîcheur. Un vin étonnamment voluptueux.
Dans un style encore plus expansif et chatoyant mais pas nécessairement plus long Branon est également une réussite.
Haut Carles, Fronsac Très beau profil aromatique, fruits noirs, menthe fraîche, entrée en bouche très crémeuse profil avenant avec une belle densité dans la texture, il évolue ascendant et finit sur des tannins suaves et juteux avec une très belle persistance. Remarquable dans sa catégorie qu'il fait exploser !
Château Haut-Condissas J’avoue avoir été longtemps piégé par cet outsider qui sort régulièrement dans nos dégustations. En dégustation à l’aveugle, c’est simple : il y a les vins que l’on ne reconnaît pas et qui nous bluffent (pour moi Haut-Condissas était longtemps dans cette catégorie ; il y a les vins que l’on croit reconnaître et que, en réalité, on prend pour d’autres (scénario dangereux…). Enfin, il y a les vins que l’on reconnaît et que l’on aurait tendance à pénaliser parce que, pendant longtemps, ils nous ont bluffés. C’est le cas de ce Haut-Condissas auquel j’ai attribué une très bonne note même si je l’avais « démasqué » au préalable.
Château Monbrison En juillet dernier, je l’avais trouvé bon. Cette fois-ci, il m’a surpris (et je crois ne pas être le seul) par son allonge, son raffinement aromatique et sa classe évidente.
Château Haut-Brion Ce vin a suscité quelques débats et, aussi, pas mal de dispersion dans les notes. La mienne est très élevée car j’ai aimé sa grande complexité, sa définition de terroir, son incroyable velouté de texture. On peut certes ergoter sur la richesse du vin, son côté merlot, son style un peu « décadent » mais la race est là, selon moi. L’avenir dira si j’ai raison. La Mission Haut Brion est quasiment au même étage.
Château Lafite-Rothschild Une sève immense, une présence vibrante, grand nez de tabac, de violette et d’épices et une sève inégalée.
Château Latour Grand nez, notes de cèdre, tabac, épices orientale. Nez d’une grande noblesse. Entrée en bouche savoureuse ; belle densité, trame serrée ; construction rigoureuse, stricte et finale aux tannins archétypiques du cru.
Château Mouton-Rothschild Superbe robe sombre. Suie, fumé, notes empyreumatiques. Notes un peu animales à l’ouverture. Il affiche une présence imposante sur un corps monumental avec un tannin dense, juteux, magnifiquement sculpté et une finale d’anthologie.
Château Ducru-Beaucaillou Beaucoup de style et de pureté. Notes de graphite, fruits noirs, cèdre. La bouche est un modèle d’élégance avec un tannin d’une grande noblesse, une énergie interne remarquable qui éclate sur la finale, irradiante.
Demain la suite avec d'autres Rive Droite !
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Un ami de Tokyo vient de me dire qu’on était déjà de(ux)main: après la gauche, on attends la droite, avec impatience…
Faut dire qu’on a eu quand même droit à un intrus: Haut Carles
Sur fût, Haut-Brion 2005 délivrait des notes effectivement un peu insolites ("éthérées"), de terre, de myrtille, et surtout de marc.
Mission-Haut-Brion 2005 racé, fumé, puissant.
Lafite 2005 très racé et Latour 2005 plus organique, rogue, sculptural, campé sur ses tannins.
Dans les beaux 2005 bus en bouteilles (Sociando, Malartic, Gloria, Batailley, Phélan-Ségur), beaucoup de tout : maturité, puissance et masse tannique imposante.
De la classe, de la tenue, du naturel, sans le côté peut-être un peu « trop bichonné » des 2004.
Réserve et potentiel impressionnants
AMTHA !!!!!
Vidéo: "nazisme et ceps de vigne" faut oser! faut que je recherche le bouquin de Gobineau au fond de la poubelle pour voir si il en parle… de la race des ceps……
Voyons Yves pour le Bordeaux, des cèpes avec un e 😉
ARMAND j’ai besoin de vous sur le blog de M Mauss
Vox mortem…
"Il parait que les vignerons du Bordelais parlent, pour le raisin, de la pourriture noble. A mon avis, le mot est faible. Pourriture sacree me conviendrait mieux"
‘Ce serait un beau sujet de dissertation que de faire commenter par des eleves de rhetorique cette phrase de Georges Duhamel. Cette sacralisation de la pourriture se justifie si l’on songe que, dans le cycle naturel des choses, le stade acheve d’un fruit est sa maturite tandis qu’ici, il faut attendre son pourrissement – sa mort, pour ainsi dire – avant d’obtenir la quintessence de ses qualites divines. A la suite de Duhamel, n’ayons pas peur des mots: le vin du pays Sauternais est un vin de resurrection.’ BG, Parrain
Pfiouuu…http://www.youtube.com/watch?v=D...
Heeter : vos tubes ne sont pas pourris du tout ! Où officiez-vous ? Du côté des grosses graves à teintes orangées, jaunes et grisées ? AVez-vous terminé les vendanges ?
youtube.com/watch?v=PemH6…
Qui sait? du cote de quelques ceps noueux
Yves,
Une petite entorse, à la Céline, pour évoquer les nouvelles asiatiques de Gobineau ?