L’expression aromatique : beaucoup de finesse et de définition de fruit dans les expressions les plus réussies avec des prises de bois parfaitement intégrées. Certains vins sont toutefois en train de se refermer.
Les formes de bouche, la structure : les grandes réussites sont articulées autour d’une trame tannique très serrée avec un velouté de texture remarquable et une notion d’harmonie souvent présente. La richesse de constitution, le côté solaire du millésime est perceptible – a fortiori si le vin est servi à plus de 18 degrés – mais la fraîcheur et le dynamisme caractéristiques du millésime rééquilibre parfaitement l’ensemble.
Dans l’histoire récente (empan de 30 ans) d’un certain nombre de propriétés, 2005 représente une réussite majeure.
Les prix : si vous n'avez pas acheté en Primeurs dont beaucoup de prix étaient déjà extravagants, il y a peu d'illusions à se faire. Les cours des meilleures réussites ont fait plus que se raffermir et ce n'est sans doute pas fini. Le hasard, la chance, qui sait, viendront peut-être à votre secours… Et n'oubliez pas de regarder chez votre négociant préféré, je veux dire au CAVE bien sûr !
Margaux
Brane-Cantenac Très fumé, empyreumatique au nez, il déploie un corps splendide avec une sensation de vinosité inouïe. Un vin de très grande racé qui flirte avec l’idéal.
Durfort-Vivens J'ai été conquis par la personnalité de ce cru, l’élégance et la profondeur de son bouquet. D’une présentation très classique, très mardigalaise, il représente une illustration particulièrement originale du style d’un grand Margaux 2005.
Rausan-Ségla Le 26 avril 2007, j’avais dégusté ce vin lors d’une verticale des crus de la propriété. Il n’y a rien à changer sauf la fin ! Rauzan-Ségla 2005
La propriété : cs 54.5 % – m 39 % – pv 5 % cf 1.5 % – presses 12 % – le gd vin = 48 % et 39 hl.
Le vin : ce vin est encore en cours d’élevage (il s’agit donc d’un échantillon prélevé au fût). Superbe robe profonde. Silhouette harmonieuse, c’est la grande classe, merveilleux tannins, fruité vibrant, beaucoup d’allonge. Tout y est. Très beau vin. Le meilleur Rauzan-Ségla à ce jour. Puisse-t-il conserver toutes ces vertus jusqu’à la mise !
Beychevelle Jamais, dans les millésimes récents, je n'ai dégusté meilleur Beychevelle que celui-ci. Svelte, élancé et pourtant dense, il exprime une vraie noblesse de St-Julien sur des notes florales et épicées d’une grande pureté. Remarquable.
Branaire-Ducru Ici également, on confine à la perfection. Notes de cèdre, d’épices, de fruits noirs et bouche exceptionnelle par sa densité élégante, son allonge et l’élégance de sa trame tannique. L’ensemble est riche, suave avec une fraîcheur préservée remarquable. Les travaux accomplis ici depuis presque vingt ans sont largement récompensés par une telle réussite.
Léoville Barton Un vin d’une grande plénitude, riche, parfumé et suave, doté en même temps d’une grande rectitude d’expression, un peu plus austère au niveau de la finale que son voisin immédiat. Une réussite majeure d’une propriété qui n’en manque pas !
Léoville-Poyferré Un vin d’une concentration exceptionnelle, d’une grande maturité de fruit et d’une fraîcheur d’anthologie. La texture offre un velouté incomparable et intègre à merveille une tannicité dense et subtile. Grande longueur.
Pauillac
Je cite deux vins uniquement dans cette appellation car je n’ai pu déguster ni Lynch-Bages, ni Pichon-Longueville (bouteilles asséchées au moment où je suis arrivé au stand) et je demeure très perplexe en ce qui concerne Pichon-Longueville Comtesse de Lalande.
Batailley Une vraie personnalité sur ce vin, du coffre, du caractère, bref une présence dans ce cru aux notes de réglisse, de tabac, de fruits noirs, à la trame ferme, aux tannins épicés, fermes et nuancés.
Pontet-Canet Une réussite éblouissante, un bouquet explosif de cèdre, d’épices, de fruits noirs, de tabac et une bouche fuselée, d’une profondeur et d’une allonge d’anthologie. Immense finale sur une tannicité parfaitement intégrée. Le travail accompli ici depuis 1994, au cuvier comme à la vigne (la propriété est en biodynamie depuis trois ans) trouve sa consécration dans ce vin magistral.
St-Estèphe
Phélan-Ségur Un des très jolis vins de son secteur. Le tanin est noble, profond, racé, le vin s’avance sur une forme allongée, finement tramée aux nuances aromatiques de cèdre et d’épices.
Pessac-Léognan
Pape Clément Remarquable définition du terroir avec ses notes inimitables de goudron, de thé fumé, de réglisse sur fond de fruits noirs. Au palais, c’est un des vins les plus accomplis, non seulement de son secteur, mais de l’ensemble du Bordelais. C’est un vin à la découpe parfaite, d’une vinosité et d’une élégance énergique remarquables.
Smith-Haut-Lafitte Il dépasse le 1998 qui est également une des grandes réussites de la propriété. Superbe expression aromatique, fine, profonde, avec un boisé mieux intégré que par le passé. Le corps est au diapason d’une finesse d’expression et d’une élégance de structure époustouflantes.
Pomerol
Angelus Noir, sidérant, d’une profondeur aromatique exceptionnelle, minéral, épicé, il révèle un corps énergique, dense, traversé par une sève incomparable. Grande réussite.
Canon Vibrant d’arômes, il se distingue par un corps svelte et dynamique, d’une race exceptionnelle. La plus belle réussite de la propriété depuis longtemps.
Canon-La-Gaffelière La noble austérité du cabernet franc qui s’épanouit dans ce millésime lui convient parfaitement et lui donne un relief aromatique original, sur les épices, la mine de crayon. D’une grande richesse de constitution, le corps, solaire et minéral, se déploie longuement autour d’une trame millimétrique et la finale, soutenue, laisse deviner un très grand potentiel.
Clos Fourtet Quel raffinement, quelle noblesse d’expression dans le fruit ! Très coulis de fruits noirs, suave, mûr et frais. La bouche se distingue par une élégance et un dynamisme, une tonicité hors normes. Etrange de voir que certains dégustateurs puissent être gênés par cette tonicité alors qu’elle est un des éléments importants dans le formidable potentiel de vieillissement de ce vin.
Voilà, il faudrait en citer beaucoup d’autres, notamment sur des secteurs où j’ai été peu loquace, comme Pomerol, avec un grand Clinet (même si definitively de n'est pas mon style de vin) ou un Beauregard qui a considérablement gagné en finesse. Ou encore sur Moulis avec un Chasse-Spleen, égal à lui-même, en finesse. Mais on reparler après une approche plus studieuse et plus soutenue.
2 Comments
trouvé sur un blog suisse même salon
St. Emilion
Canon : bien, équilibré et compact.
Dassault : un peu étriqué à l’attaque. A revoir.
Clos Fourtet : beau. Supplément de corps, d’expression et de longueur par rapport aux précédents.
Gaffelière : très beau. Enfin l’austérité attendue dans un grand cru à ce stade, minéral, strict, chic.
La Couspaude : marqué par le bois, étriqué. A revoir.
Grand Mayne : un peu rustique.
Canon la Gaffelière : sexy…pulpeux, équilibré. Joli.
Figeac : un peu monocorde pour l’instant, paraît un peu borné et limité.
Trottevieille : joli, parfumé, floral, en finesse. Légère verdeur en finale.
Larcis Ducasse : un peu monocorde, concentré, extrait.
Pomerol
Clinet : joli, fin, élégant.
Gazin : joli, bien construit, noble.
Conseillante : très beau, bien construit, expressif, racé. Ça c’est du merlot !
Petit Village : joli, plus en réserve, charpenté, construit.
Pessac Léognan
Chevalier rouge : belle sapidité, de la chair, un peu austère. Un beau chevalier !
Pape Clément : un peu chaud, manque d’éclat.
Médoc
Pontet Canet : un dégustateur a très bien résumé : sudiste mais y a du vin ! Epicé, généreux, construit, en bloc, de garde.
Pichon Comtesse : austère, un poil sec.
Talbot : j’ai toujours un faible pour ce vin qui pour moi est l’archétype du vin de Bordeaux, charpenté, plein, construit.
Gruaud Larose : joli, frais, charpenté, un peu végétal en finale mais plus dans le frais que dans l’herbacé.
Beychevelle : joli, flatteur, sexy.
Sauternes
Pas pris de notes. Coup de cœur pour les Sauternes de ce millésime ! Un plaisir inattendu. Un éclat particulier, fait de finesse, d’équilibre parfait, pour certains, entre
sudiste Pontet Canet ? Vraiment ? Toujours la question de la température de service…