Les Guinaudeau nous accueillent avec grande courtoisie. Une partie de l’équipe Bettane & Desseauve partage la visite avec nous. Tout le monde est concentré. On entend voler les papillons pendant que Baptiste Guinaudeau évoque le millésime. Lafleur a cette épure, cette saveur, ce caractère unique qui signe le grand vin. Au passage, j’admire ce blanc-qui-n’existe pas : A Louima 2012, un sauvignon PLG (pour les Guinaudeau). 240 bt de produites et une vraie merveille qu’on hésite à recracher mais la journée est encore longue.
Dégustation à Pétrus en compagnie de J.C. Berrouet. LaurentG est concentré – Photo Armand Borlant
A Pétrus, le nouveau chai et la cave d’élevage sont opérationnels. Barrage à l’entrée car mon nom ne figure pas sur la liste. Heureusement, Jean-Claude Berrouet vient à mon secours. Heureusement, je ne pouvais pas manquer le 2012 au corps monumental qui, c’est certain, sera un des benchmark du millésime !
Chez Denis Durantou à l’Eglise-Clinet, on reste sur ces hauteurs avec son superbe Eglise-Clinet. Ici, le nouveau millésime est salué par un haiku. Pour le 2012, ce sera :
Fameux douze et moi
Vrai classique océanique
Patience en septembre
Et puisqu’il question de climat océanique, nous évoquons les vendanges, les premières pluies, les bénéfiques, et les autres. Denis résume la situation à sa manière : »tout le monde vendange après une pluie ou avant une autre. » C’est bien dit ça !
Les célèbres chênes de Pavie-Macquin
Armand Borlant a un spasme du pylore. Normal, il est 12.30. Après avoir déposé notre directeur de la photographie à La Couspaude qui, à en juger par les hordes de véhicules stationnant à ses abords, est réputé autant par les vins présentés que par la munificence de son buffet, nous rallions Pavie Macquin la nouvelle (superbe !) salle de dégustation de Pavie-Macquin. Nicolas Thienpont et David Suire nous attendent pour une dégustation des vins de la galaxie N. Thienpont.
Le temps d’admirer la vue – c’est sans doute d’ici que nous avons une des plus belles vues sur St-Emilion – et de saluer les chênes de Pavie-Macquin. Ceux-ci figurent sur l’étiquette du vin. Avec une corde. On y rendait autrefois une justice qui n’avait d’expéditive que l’apparence. Question sans réponse : pourquoi l’étiquette du Pavie-Macquin 1945 représente-elle un seul chêne et trois cordes, alors que les autres millésimes on y distingue deux chênes et une corde ?
Lafaurie-Peyraguey, le ciel tangue à nouveau…
La prochaine dégustation a lieu dans le Sauternais, à Lafaurie Peyraguey. Le millésime n’a pas été favorable à cette appellation et le retrait médiatisé d’Yquem (suivi par Rieussec et Suduiraut), pour légitime qu’il soit à l’aulne de l’exigence de la propriété, a plombé le millésime dans le Sauternais. Pourtant, nous goûtons quelques très jolis vins, pas très complexes, mais équilibrés et purs. Les dieux sont injustes. Ils passent leur temps à se disputer dans le ciel. Est-ce un signe ? A l'instant où nous quittons Lafaurie-Peyraguey, le ciel tangue à nouveau ?
Retour sur Saint-Emilion par la rocade engluée. Le déjeuner n’ayant été qu’une sinécure, il est temps de songer aux choses sérieuses. J’ai rendez-vous aux Belles Perdrix pour une cène gourmande.
Restaurant Les Belles Perdrix, château Troplong-Mondot
C’est tendance à Bordeaux actuellement : transformer son château en restaurant & maison d’hôtes. C’est le cas de Troplong Mondot qui dans une belle salle propose une cuisine de saison, pas donnée certes, mais bien calée, frétillante et savoureuse. Des plats signés Jérôme Cadillat, un ancien du Crillon et de Dutournier, que l’on a connu aux Botanistes.
Après un apéritif au Beaucastel blanc 2005 (hors carte), cela pourrait commencer par des Petits choux farcis de volaille fermière aux cèpes, jus de canard à la coriandre, puis, pour accompagner le vin maison (à la carte, vous avez le choix entre Troplong et Mondot, pour ne pas faire de l’ombre aux voisins sans doute), un Carré d’agneau rôti, cannellonis de champignons et Parmesan.
Allez, encore un dessert pour conclure cette belle journée. Un simple Baba au rhum, chantilly à la vanille Bourbon. Celui-ci valait le détour. Tout vaut le détour. Nos chemins de traverse nous enseignent la patience. Ils nous apprennent plus sur nous-même que les routes balisées. La nuit s'avance. Je pense à ce poème de François Cheng dans "Que dira notre nuit ?"
L’adresse : château Troplong-Mondot.
7 Comments
A lire ailleurs, on voit bien cette année qu’il y a un grand consensus sur Petrus comme "le" sommet du millésime.
Espérons qu’il le restera 🙂
Partie business : il devient de plus en plus évident que dans ce type de millésime, la fonction "achat primeurs" n’a guère d’intérêt, ni aux USA ni en Chine.
Et hop : ce sera encore la GD qui nous offrira ses vins aux mêmes prix, mais là, en ttc et non en ht.
Suis-je baigné d’audace en écrivant cela ?
Va savoir, Charles !
N’oublie pas, Grand Jacques, ton classement original comme chaque année.
Le Classement est prêt. Je le publie après la prochaine Chronique !
"la vérité comme l’amour n’est pas une chose que l’on sait mais que l’on vit"
(Christian Mouze dans la Quinzaine Littéraire, à propos de la parution de "la Conscience malheureuse" de Benjamin Fondane aux éditions Verdier)
C’était La Couspaude et pas Grand Corbin Despagne
Que de beaux souvenirs, Jacques ! …
(des vins superbes)
Il y avait une ambiance de fin du monde à Sauternes …
Un chef japonais serait à son aise chez Pavie-Macquin …
🙂
Pourquoi un chef japonais, Laurent ? Remarque, c’est une idée. On va la souffler à Nicolas Thienpont. De toute façon, la région manque de bons restaurants japonais !
J’ai beaucoup apprécié la sérénité de la salle de dégustation, chez Pavie-Macquin.
Plus facile de manger japonais à Beaune, en effet …
A ce propos, j’ai donc testé la table du Breizh café à Cancale (vue sur le port et la baie du Mont St-Michel), chef japonais étoilé : excellent niveau (notamment le homard/ris de veau), calme, précis, frugal, assez cher !