Dans cette distance je pense à Jacques Derrida, à la dédicace qu’un jour il me fit d'un livre au titre évocateur, Glas. Aux pages contraintes et, pourtant, si lumineuses, qu’il écrivit ; à ce qu’il sut dire de l’amitié bouleversée dans « chaque fois unique, la fin du monde. »
Je songe à ces penseurs, à ceux qui ont imaginé que la philosophie pût servir un jour à quelque chose. Nous apprendre à mourir, peut-être.
Je songe à ces penseurs, à ceux qui ont imaginé que la philosophie pût servir un jour à quelque chose. Nous apprendre à mourir, peut-être.
A vous stoïciens, maîtres ès douleurs, danseurs des événements ; vous qui avez inventé une idée du destin plus haute que notre liberté !
A vous, Nietzsche, qui nous entraînez si loin, dans la seule affirmation qui vaille, celle de la vie !
« Gardons-nous de dire que la vie est le contraire de la mort. La vie n'est qu'une variété de mort, et une variété très rare. »
« Gardons-nous de dire que la vie est le contraire de la mort. La vie n'est qu'une variété de mort, et une variété très rare. »
Je pense à vous, amis disparus. Je voudrais dire "mes" amis. Vous n’êtes plus miens dans l’amitié séparée : de vous je n’ai que ces souvenirs, ces fragments, cette brisure sur la ligne. Je suis dénué de vous.
Je pense à vous, la mort dans l'âme, amis dans le lointain, dont le seul goût est désormais celui des larmes et de l'oubli.
Je pense à cet instant où la vie vous a débordés et vous a quittés. Comme un excès et un achèvement.
Je pense à vous Denis, Hans Ulrich, Didier, et Rick aussi, à vos héritages, à tout ce que nous aurions aimé vous dire et partager avec vous, à la trace légère, indélébile, qui subsiste de vous, à ce rêve qui parfois me vient de vous…
Sur ce thème, lire absolument Ce peu de bruits de Philippe Jaccottet, livre dont j'ai parlé ici.
5 Comments
"On ne voit pas mourir les fourmis"
Cette année est particulièrement dure, beaucoup de proches et de moins proches sont partis. Même si je les connaissais peu, la seule connaissance de leur existence donnait un sens à ma vie et une joie d’être içi. Chaque disparition c’est un peu de moi qui s’en va. Ce millésime est difficile.
"de mémoire de roses, on a jamais vu mourir un jardinier"
Influencée par Derrida : http://www.liberation.fr/portrai...
Et un dernier portrait dans libé, ce jour.
Décidément, Laureng, vous êtes un vrai "scanner": rien ne vous échappe. L’itinéraire intellectuel de Sylviane Agacinsky ne peut que me plaire. J’ai aussi eu ce privilège, croiser les chemins de traverse des deux "D" de l’époque : Gilles Deleuze et Jacques Derrida.
Ses propos sur la procréation en plein procès Courjault sont fascinants …
Fascinant la névrose liée aux secrets de familles.
Et pendant ce temps-là, M. Agacinski se repose à l’île de Ré en laissant Martine dans la panade … 🙂