Sans trop forcer sur le parallèle, on s’attendrait à y rencontrer Naomi Klein dont ce pourrait être l’anonyme cantine, si d'aventure elle posait ses basques un jour à Genève…
Pourquoi pas – tant l’actualité y inciterait – pour une tournée de promotion de son dernier livre, La stratégie du choc. Mais la belle n’aurait, dit-on, guère apprécié le détournement de sa « marque »… Avec la publication de No Logo en 2000, Naomi Klein a en effet connu la gloire et le succès. Vendu à près d’un million d’exemplaires et traduit dans 28 langues, son livre contre la tyrannie des marques est devenu un des étendards de l’altermondialisme.
De la marque et du détournement de la non-marque.
Etrange de parler de cela entre une délicieuse Burrata et des Paccheri au homard ? Why not ?
Sur ce thème, il faut lire le Mal propre, l’essai passionnant du radieux Michel Serres, avec lequel je partage le goût de la langue, de la montagne et des embruns, sans oublier celui de la philosophie.
Celui-ci nous rappelle la façon mimétique que nous avons d’ordonner les territoires, lointains ou familiers, tel le tigre qui pisse aux limites de son antre. Selon Serres, l’homme s’approprie le monde en le polluant et, de ce fait, s’oppose au bien commun. Une façon, symbolique, de s’approprier le monde, de le réduire au même, c’est la marque, qui, marque de son empreinte (comme l’esclave autrefois l’était au fer rouge) nos vies et nos imaginaires.
Intérieur du Nologo : ce qui reste d'une marque avec le temps.
La marque, qui fut d’abord une marche ou les traces que cette activité laisse derrière elle : empreintes de pas sur le sable. Par exemple, celles de péripatéticiennes de la grande Alexandrie…
Toutes ces marques dont nous sommes, qu’on le veuille ou non, les messagers floués seraient-elles donc filles de filles de joie ?
Toutes ces marques dont nous sommes, qu’on le veuille ou non, les messagers floués seraient-elles donc filles de filles de joie ?
Oui, c’est dit !
Michel Serres, un penseur radieux qui ne pratique pas la langue de bois.
« Marquer: ce verbe a pour origine la marque du pas, laissée sur la terre par le pied. Les putains d’Alexandrie, jadis, avaient coutume, dit-on, de ciseler, en négatif, leurs initiales sous la semelle de leurs sandales, pour que, les lisant, imprimées sur le sable de la plage, le client éventuel reconnaisse la personne désirée en même temps que la direction de sa couche. Les présidents des grandes marques reproduites par les publicitaires sur les affiches des villes jouiront sans doute, ensemble, d’apprendre qu’ils descendent en droite ligne, comme de bons fils, de ces putains-là. “ (Michel Serres)
Une raison de plus pour préférer le clin d’œil de Nologo et s’y rendre sans détours…
Quelques plats
Crevettes miel/basilic
Carpaccio de bœuf, crème de parmesan et poires
Mozzarella au four, roquette et tomates cerise
Spaghetti aux vongoles
Linguine à l’encre de seiche et calameretti
Compter entre 50-70 frs par personne à la carte
Le restaurant Nologo 11, rue de Fribourg à Genève
t. 022 901 03 33
Mozzarella au four, roquette et tomates cerise
Spaghetti aux vongoles
Linguine à l’encre de seiche et calameretti
Compter entre 50-70 frs par personne à la carte
Le restaurant Nologo 11, rue de Fribourg à Genève
t. 022 901 03 33
3 Comments
Puis-je oser une re-marque? Est-ce la proximité de la bibliothèque, qui faisait que les prostituées d’Alexandrie, savaient écrire et leurs clients lire leurs initiales?
Très judicieuse remarque, Armand. Cette invention scripturale ne s’est sans doute pas produite à cet endroit par hasard !
M. Serres et si Héraclite, notre vieil ami d’Ephese, réapparaissait tout à coup et disait : NO LOGOS !