Le soleil a parfaitement activé le métabolisme de la vigne tout au long des cycles végétatif et reproductif, mais chaque semaine amenait son ou ses orages, heureusement sans gravité, sauf dans certains endroits bien localisés, sans que ce soit dramatique. Ainsi le secteur sud de Gevrey-Chambertin, par exemple, a souffert, comme le secteur nord de Morey-Saint-Denis. Là il y eut des pertes de récolte voisines de 25 %. Chambolle-Musigny et Vosne-Romanée qui ont évité la grêle seront sans doute les finages où les réussites seront les plus somptueuses.
Quand le vigneron a fait ce qu’il fallait d’avril à juillet, la vigne était en condition pour affronter la période sèche qui s’est imposée pendant tout le mois d’août. Les pluies de printemps ont offert à la vigne, grâce à des bonnes réserves d’eau, l’énergie nécessaire pour éviter le stress hydrique synonyme de blocage des maturités. De surcroît, les orages du 15 août, sans grêle meurtrière, ont donné le petit coup de pouce qui consacra définitivement 2009 comme « millésime exceptionnel » !
Comme l’exprime bien Aubert de Villaine, « cet équilibre hydrique a permis au feuillage de remplir pleinement son rôle « d’usine à sucre » et le raisin est parvenu à une maturité exceptionnelle. Les raisins qui ont défilé sur notre table de tri sont les plus beaux que nous ayons connus. »
2009 a offert beaucoup de petites grappes, beaucoup de baies millerandées. Comme lors de tous les grands millésimes, les vieux ceps peu fructifères en général, ont enfanté cette année une récolte généreuse de petits raisins. Par ailleurs, Aubert de Villaine, grâce à son talent d’observateur, hérité de son ancêtre Jacques-Marie Duvault-Blochet (on lira avec bonheur son magistral « De la Vendange, 1822-1868 », édition Terre en Vues), a pu noter que « les baies les plus exposées au soleil avaient « rôti » et le sucre quasi concentré qu’elles contenaient ne se livrait qu’en fin de fermentation. Le vin a connu ainsi un véritable enrichissement naturel progressif. Il a alors terminé avec une richesse encore plus élevée que celle qui avait été constatée en début de fermentation. »
Cette observation, apparemment anodine, est essentielle. En effet, souvent on met un peu de sucre dans la cuve, même si la chaptalisation est inutile, pour prolonger les fermentations alcooliques. Avec 2009 on n’en avait pas besoin, ayant bénéficié d’un allongement complètement naturel des fermentations, grâce à ces grumes « rôties » ! Du coup, cette superbe matière a permis des cuvaisons longues, synonymes de grande complexité, tant aromatique que gustative. Ainsi on tient un millésime de grande garde… que nos descendants pourront encore apprécier en 2109, quand les vins seront issus des grands « climats » de la Côte !
La quantité est également au rendez-vous, grâce à la belle sortie de raisins au printemps. (Tous les fruits étaient bons cette année). Cette floraison généreuse a donné une récolte comparable à celles de 1999 et 2005. Il était donc nécessaire de réguler les rendements quand cela s’avérait nécessaire, en particulier sur les jeunes vignes issues de sélections clonales. Il était également important d’éviter que les raisins ne se touchent pour prévenir les risques d’attaque de botrytis. Heureusement on a vu beaucoup de monde dans les vignes au mois de juillet, et la grande majorité étaient travaillées et non désherbées chimiquement. Cela leur a permis de mieux assimiler l’eau donnée généreusement par les orages fréquents !
Les vins blancs sont également très réussis. La floraison des vignes plantées en Chardonnay était très en retard sur celle des vignes plantées en Pinot, mais les dernières semaines de chaleur avant les vendanges ont permis de réduire cet écart. Les raisins étaient bien mûrs, dorés à souhait.
A suivre par la dégustation des vins qui commencent leur lente maturation en fût. Les robes sont magnifiques, les bouches onctueuses et complexes ne demandent qu’à se déployer !
6 Comments
Merci de ce beau topo. Tous les clignotants sont donc au vert pour de magnifiques 2009 dans plusieurs régions.
Bonnes nouvelles, donc …
J’irai goûter les 2008 du DRC dans quelques semaines …
Les 2009 Laurentg….Les 2008 devraient être un ton en dessous.
Nous, nous n’allons pas tarder à découvrir les 2009 des hospices de Beaune (le 13 novembre prochain).
Je mettrai un petit commentaire sur ce blog.
Merci pour cette magnifique description de 2009 et cette bonne nouvelle!
Chambolle-Musigny et Vosne Romanée sont mes appellations préférées :o)
Oui, 2009 …
Et un peu plus vieux en bouteilles dans ce chai magique !
Leroy 2009 : nous les goûterons l’année prochaine car le domaine met les 2008 en bouteille début décembre.