J’ai rencontré Didier il y a un peu plus de vingt ans et j’ai été son premier importateur en Suisse. Le personnage m’intriguait, me déconcertait parfois : rebelle (quelle déchirure secrète ?), iconoclaste ; provocateur ; entier ; attachant. Vrai !
Tout était hors du commun chez cet homme, son verbe comme sa présence : physique de bûcheron ou de musher (ce qu’il est devenu, plus tard) ; le cheveu et le poil drus, indomptés ; l’œil vif, acéré et limpide.
Jusqu’à son nom qu’il me semblait retrouver, signature invisible, dans chacun de ses vins. De la dague, ceux-ci ont le tranchant, le stylet, la précision ; du filigrane minéral, ils ont gardé la source qui les traverse, mais transfigurée, l’eau, son versant mystérieux que Bettane nomme si bien eau de roche.

Didier Dagueneau vu par Thomas Bravo-Maza
Il faudrait en dire plus pour, au moment où celle-ci s'achève, ne pas "contenir une vie dans le simple moment où la vie individuelle affronte l’universelle mort.» (Gilles Deleuze), parce qu’il y a tant de choses à rassembler, en-deçà de ce point de cristallisation, de ce pur événement.
Si un jour le silence finit par gagner la partie, ce sera un silence habité.
Salut à toi, Didier, là où tu es, funambule des quatre éléments…

Une histoire belle et troublante. Merci Aldo !
Post sriptum : un ami viticulteur, très proche de Didier Dagueneau, vient de m'appeler d'Italie pour me raconter cette histoire que je relate ici. Elle est belle et troublante.
"Hier matin, le 17, je suis allé dans notre vigne de Mengo et j’y ai trouvé une pierre. J'ignore pourquoi celle-ci m’a fait penser à Didier. Elle était comme une libellule ou comme un Christ en croix. Comme si j’avais trouvé quelque chose du silex de Didier. Il y a des choses qui t’arrivent et dont tu ignores le sens au moment où elles se passent.
J’ai laissé la pierre à cet endroit et suis reparti m'occuper des vendanges.
"Hier matin, le 17, je suis allé dans notre vigne de Mengo et j’y ai trouvé une pierre. J'ignore pourquoi celle-ci m’a fait penser à Didier. Elle était comme une libellule ou comme un Christ en croix. Comme si j’avais trouvé quelque chose du silex de Didier. Il y a des choses qui t’arrivent et dont tu ignores le sens au moment où elles se passent.
J’ai laissé la pierre à cet endroit et suis reparti m'occuper des vendanges.
Un peu plus tard, je ne sais pourquoi, mes pas m’ont ramené vers la vigne et je suis allé ramasser la pierre….
Lorsque je suis arrivé à la maison, j’ai appris la tragique nouvelle : Didier venait de se tuer en avion…"
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C’est vraiment une année de merde.
Passionné, et amoureux de son métier, Didier a marqué notre profession de son empreinte.
Il n’a jamais cédé à la facilité et il laisse à une partie de la viticulture un très bel héritage.
Merci Didier.
Sympathie.
Michel.
Didier était pour beaucoup le vigneron complet : intransigeant sur le respect du sol, de la vigne, du raisin, mais absolument maître des moyens à mettre en oeuvre pour que le vin corresponde à la qualité de la vendange. Sa disparition nous attriste en tant qu’ami mais encore plus par la disparition d’un modèle pour tous les jeunes vignerons et vigneronnes à venir.
Michel Bettane
Adieu à ce madre des vins ciselés !
Il est vrai qu’il est un modèle pour nous.
Salut Didier…
Pour avoir eu le bonheur de rencontrer Didier Dagueneau, la nouvelle de sa disparition me bouleverse.
Didier, un homme rebelle, certes, oui mais quelle immense générosité !
Et Quel talent ! Et pas seulement au travers de ses fabuleuses cuvées.
Toute mes pensées vont à son épouse Suzy, à ses enfants…
HOMMAGE A DIDIER DAGUENEAU
Didier s’est tué en ULM mercredi 17 septembre 2008. Il était mon ami.
Mes pensées vont à Suzy sa chère et charmante épouse, à ses enfants. Il restera
toujours dans ma mémoire l’homme, ses invitations dans la maison du grand-père,
ses dégustations d’une générosité folle qui étaient la quintessence de ce vigneron d’exception ! Il a écrit parmi les plus belles pages de la vinification contemporaine et
et donné au sauvignon ses lettres de noblesse.
Didier, je te dédie ce déjeuner et ne t’oublierai jamais !
Pierre
24 septembre 2008
Didier Dagueneau, Homme d’exception.
En 2005, Mon épouse et moi l’avions rencontré pour des raisons professionnelles. Un entretien qui ne devait durer que 2 petites heures, autour des vignes franches de pieds.
Nous ne sommes repartis qu’au milieu de la nuit, séduit par l’Homme qu’il était. Nous avons passé un moment privilégié, fait la connaissance de son épouse, partagé un repas à l’image de Didier. Généreux. Découvert un homme profondément attaché à sa famille, à sa tribu.
Je me suis senti "bête" lorsqu’il m’a demandé de choisir dans sa cave personnelle les vins d’amis vignerons qu’il souhaitait me faire découvrir au cours du repas, je n’ai pas su répondre. Timidité déplacée. Ce qu’on est con parfois face à tant de simplicité !
J’étais tendu à l’idée de rencontrer un homme de cette envergure, il nous a "testés", puis il s’est ouvert, nous a fait partager sa passion de musher, mais bien d’autres centres d’intérêt encore, nous a confié quelques
blessures… Les regards, parfois, en disent beaucoup.
La dégustation de ses Pouilly-Fumé 2002 m’avait laissé pantois…Quelques temps plus tard, j’ai découvert "les Jardins de Babylone". Il avait tenu à m’en offrir un flacon, comme à son habitude, heureux de partager.
Le temple de Saint-Andelain qu’il avait transformé nous avait permis de découvrir encore une autre facette du personnage. Un lieu d’ouverture, mais aussi destiné à quelques expositions de qualité. Discret, réservé en public
lorsque les éloges venaient le saluer,
Didier, je te dédie ce déjeuner et ne t’oublierai jamais !
Pierre
La mousse de foie gras, gelée de queue de bœuf et petits légumes
L’émulsion de potimarron et graines de courge torréfiées
Dom Pérignon 1961
Le tartare de langoustines de Saint-Guénolé
au concombre et caviar osciètre, vinaigrette d’agrumes
Blanc-Fumé de Pouilly « Silex » 2003 Didier Dagueneau
Le homard bleu de Bretagne rôti aux girolles,
jus des carapaces à l’estragon
Blanc-Fumé de Pouilly « Astéroïde » 2002 Didier Dagueneau
Le filet de rouget de roche poêlé,
lasagne de crabe royal de Norvège,
émulsion au lemon grass
Hermitage 1999 Jean-Louis Chave
La grouse d’Ecosse rôtie
embeurrée de choux vert aux châtaignes,
émulsion au foie gras
la cuisse confite et consommé au Porto
Château La Mission-Haut-Brion 1975, servi en Magnum
Domaine Clarence Dillon
Les fromages frais et affinés
Vinho Fino Do Douro « Tawny Doce » 1880 – Maria Amelia Pereira Lopez
Le croustillant au miel et à l’ananas parfumé au curry doux de Madras,
glace à la noix de coco, jus au fruit de la passion
Hermitage « Velours » 1982 Michel Chapoutier
La tarte aux mirabelles à la cardamome,
sabayon au chocolat « Pur Venezuela »,
glace au lait d’amandes
Château de Fargues 1990 Lur Saluces
Je viens d’apprendre la nouvelle et suis bouleversé pourtant nous nous étions jamais rencontrés,Didier et moi, et pourtant…
Je vis à la Réunion, de passage cet été à Saint Andelain, le rendez-vous était pris pour rencontrer le domaine. Didier était dans le Jurançon, c’est Benjamin, le fiston, qui m’a fait la visite et la dégustation aux côtés d’un jeune couple allemand. Je me suis régalé, dommage qu’il a fallu crâcher. Un superbe pur sang 2002 m’a donné une émotion comme jamais. J’ai connu Didier grâce à un de ses amis que j’ai lu, Gérard Oberlé.Je suis un jeune auteur et n’ai pas de gros moyens, pourtant j’ai tenu à acheter quelques bouteilles du millésime de naissance de mon fils, 2005, pour lui constituer une cave. J’ai joint à ma commande une lettre ainsi que mon livre dédicacé. Didier a fait un geste de prince, de roi: il a offert un bouteille de sa cuvée Astéroïde à mon fils, ceux qui connaissent savent l’infinitésimal volume et la rareté de cette bouteille. Mon fils va grandir, je lui expliquerai plus tard quand on ouvrira cette bouteille, l’histoire de celle-ci et celle de ce grand homme, le pape du sauvignon.
Mes pensées vont à son épouse ainsi qu’à ses nombreux enfants, en particulier à Benjamin.
Merci Didier.
Thierry Kasprowicz
Je l’ai rencontré une fois. J’ai été saisie par sa vérité, marquée par son assurance, son naturel criant. Cette impression s’est confirmée lorsque j’ai goûté ses vins en sa présence. Des vins aussi vrais que le disent ses yeux, aussi intenses que son caractère, aussi uniques que son personnage. Je ne l’oublierai jamais. J’éprouve un chagrin immense aujourd’hui. Je lève mon verre à sa mémoire.
J’ai enfin pu goûter hier le Sancerre Monts Damnés 2007 de Dagueneau (à l’aveugle).
Un vin pur, variétal, pas minéral pour un sou, d’une belle finesse citronnée, facile d’accès (15,5/20).
Très proche d’une cuvée de Mellot (ou d’un Pouilly-Fumé de Dagueneau, curieusement !).
Et très loin du caractère minéral affirmé des vins de Cotat ou Vatan sur Chavignol.
Le style de vinification prenant le pas sur le terroir ?
Didier Dagueneau et Guy Pautrat "Les Jardins de Babylone" 2005 :
Goûté dans une longue série de Jurançon.
A part avec ses accents grillés prononcés.
Matière citronnée, tonifiante.
Très cher.
Très étrange eneffet ce clin d’oeil de la nature…ou bien serait-ce…?
Très bel hommage à un homme que je suis en train de découvrir en écrivant une mini bio dessus à la demande de Wikio-experts.
J’ai connu Didier à une époque où "faire" son vin n’était qu’un rêve pour lui !
Il était plutôt passionné de side-car cross et nous avons vécu des moments merveilleux ensemble.
C’était un homme, un vrai, attachant, fidèle en amitié mais écorché vif par une ancienne et douloureuse blessure …
Je suis heureux que Louis-Benjamin, que j’ai vu naître, perpétue ce fabuleux travail de Didier !
Une chose à dire : énorme !