Pas de nouvelles. Mauvaises nouvelles. Personne ne sait quoi que ce soit. Qu’est-ce qui se passe avec ce nuage ? Tous repartent vers les ascenseurs, esquissant un invisible pas de danse, heureux peut-être (qui sait ?) de cette liberté imposée… Le monde est devenu une immense salle d’attente. Peut-être est-ce désormais la seule solution : danser au milieu des chaos, et attendre. Une touriste belge hausse pourtant le ton, cette nuit elle sera à la rue, menace d’en référer à son ambassade : comme elle doit être exiguë la chambre de l’ambassadeur ! Beaucoup déploient d’étranges stratégies de fuite.

Eyjafjöll
Là-haut, dans le ciel, que nul avion n’éraille, tout demeure obstinément obscur, silencieux. L’eau, la glace, le feu, la terre, l’air mêlés en une lutte présocratique. Les éléments nous captivent ; ils nous rappellent notre fragilité essentielle, que ce que nous appelons l’ordre des choses n’est peut-être qu’un miracle permanent que nous avions fini par transformer en certitude. Cet Eyjafjöll mystérieux devrait nous intriguer. Sa soudaine activité sous-glaciaire, disons entre Jules Verne (Voyage au centre de la terre) et Freud (Délire et rêve dans la Gradiva de Jensen), exerce tout à coup son emprise. Il y entre une part de fascination.
Sur Orchard Road, dans la nuit constellée de signes, de lumières, de tourbillons factices, au cœur même de l’empire des marques, une voix demande s’il ne s’agit pas du retour du refoulé ? Quel refoulé ? Celui du capitalisme, de la croissance infinie ? Voyons… ces mots n’ont plus cours, murmure-t-elle depuis l’autre bout de la terre, ne sommes-nous pas déjà passés à autre chose ? Elle dit encore ceci : plus rien ne sera désormais comme avant.
Le vol de retour était programmé pour 23.00. « Stop dreaming ! Definitely no ! There will be no flight to day, everything is canceled » nous a dit, imperturbable, l’employée de Lufthansa.
Ici, à Singapore, la nuit ne finit jamais. Je flotte, léger, dans cet instant suspendu, une suave moiteur aux notes de frangipane, de mangoustan et d’épices. C’est la vie ! Je ne pars plus…
A minuit, un sms vient troubler cette extase : flight LH779 SIN-Fra is delayed, estimated 2.30 AM. Please keep to original check-in deadline.
Je crois d’abord à une plaisanterie ! Puis je boucle ma valise en 320 secondes exactement, fonce en direction de l'aéroport, le cœur battant à mille pulsations minute comme celui d'un colibri.
Merci aux amis – ils se reconnaîtront ! – qui, eux, n’ont cessé de croire à ce départ providentiel, se sont couchés devant l’avion pour l'empêcher de décoller sans moi, m’ont arraché à ce rêve…
Vingt-deux heures plus tard, me voilà de retour en Suisse. Sauvé !
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Sans iphone, sans ipad … en suisse errant :
à Tabriz, la neige l’a bloqué pendant six mois ; à Tokyo, c’est un séjour forcé à l’hôpital, et à Mahabad, celui dans une prison débonnaire. Le voyageur s’accommode de cette lenteur, et même la célèbre : « Tu te pousses à petite vitesse, un mois passe comme un rien. »
hebdo.nouvelobs.com/somma…
L’homme s’ingénie à raccourcir le temps,quelle prétention!un simple nuage de cendres vient lui rappeler que ce n’est pas lui qui décide.
Sans oublier Ceylan qui pour le coup porte bien son nom 🙂
http://www.alapage.com/m/ps/mpid...
Je savais qu’il trainait un esprit de vacanciers chez mes zozos : hasard de la sortie de Camping 2 ?
Bon, heureusement qu’il reste LPV et le solide Christian Roger pour porter haut les lourdes tâches promotionnelles du GJE dans un pays grandiose où même l’anglais de base de Madame Michu serait considéré ici comme l’expression d’un diplôme oxfordien.
On a plein de choses à te dire Grand Jacques, la première c’est que tu dois fissa faire partie du prochain voyage au Pays du Lotus Bleu.
Je vais y aller chez le Lotus Bleu, j’ai déjà réservé mon billet : j’attends seulement que le volcan se calme. Que vouliez-vous me dire encore ?