Lors de l’une de nos rencontres au domaine en compagnie de Michel Bettane, j’avais demandé à Simon Maye comment sa vocation était née :”J'ai toujours voulu faire de la qualité. Tout a commencé en 1965. Nous avions une association de propriétaires-encaveurs mais ça tournait mal. M. Imhof, avocat-notaire à Sion, qui avait le domaine de Corbassières, m'a contacté et m'a dit: “j'aimerais fonder une Confrérie mais uniquement avec des vignerons soucieux de qualité!” Nous étions dix-huit vignerons. On s’est mis à organiser des voyages d’études. Nous avons commencé par Bordeaux, la visite des grands châteaux. La presse locale a suivi notre périple: tous les jours un article, avec des photos… Il y avait beaucoup à apprendre. J’étais le secrétaire. On a fait ça pendant 10 ans. Nous avions vraiment la passion du vin. C'était une époque fabuleuse. Il y avait avec nous Charles Caloz, Jules Duc, Victor Moulin, Marc Raymond, etc.”
Simon Maye a toujours continué à suivre les vins, la trace des millésimes…
En 1986, Simon Maye a passé la main à ses deux fils, Axel et Jean-François, après 38 ans de métier. Ils se sont partagé les tâches et travaillent dans une belle intelligence et complicité. A Jean-François le souci d’amener à maturité de beaux raisins sans lesquels il n’est pas de grand vin; à Axel la mission d’en extraire le meilleur et d’amener le vin à son optimum par des élevages bien conduits. En 2007, à la Villa d’Este, leur Syrah vieilles vignes 2001 a triomphé devant les crus les plus réputés de la planète issus du même cépage ! Une juste récompense que le domaine avait accueilli avec la joie et la modestie qui le caractérise.
"Fleurs, oiseaux, fruits, c'est vrai, je les ai conviés
je les ai vus, montrés, j'ai dit :
"c'est la fragilité même qui est la force"
Philippe Jaccottet, A la lumière d'hiver
Simon Maye a continué à s’occuper des tâches administratives, à suivre les vins, la trace des millésimes, dont, dans les derniers temps, il écoutait le battement à travers les murs de sa chambre. Un accident cardio-vasculaire le tenait là, immobile, lui le grand sportif qui la veille encore dévalait les pentes enneigées avec une ivresse rare.
A sa femme, Antoinette, l’âme lumineuse de la maison, à ses filles et à ses fils, à ses petits-enfants, je présente ici toute ma sympathie.
5 Comments
Un immense respect pour ce grand vigneron dont j’ai connu et fréquenté les vins par l’enseignement de Fredy Girardet.
Merci pour cet article très émouvant… Il est le reflet de l’homme qu’était mon Grand-Papa! Les photos sont belles! Sipra (petite-fille)
Ce beau portrait de Simon Maye est d’une grande vérité et un modèle d’une magnifique entreprise qu’il a créé puis suivie jusqu’à la fin de ses forces.
Je m’associe à ce message de sympathie à toute sa famille qui poursuit cette oeuvre vinicole avec talent.
Merci à Jacques pour ce témoignage émouvant.
Je me joints a toi pour transmettre mes sinceres condoleances a cette famille qui est un exemple et dont j’apprecie autant les vins tout comme la chaleur amicale lorsqu’ils te recoivent.
J’éprouve de la tristesse en apprenant cette nouvelle. Je ne le connaissais que par ses vins, et il resterai celui qui a fait une syrah que j’ai confondue avec une Côte-Rôtie de Jamet, ce qui est un compliment.