– Alors Angelo, comment se passent les vendanges en 2007, dans les Langhe et en Toscane ?
Angelo Gaja : en général, la vendange est très réduite au niveau de la quantité (le volume le plus restreint de l’histoire italienne de ces dernières années suite au manque de neige en hiver et à la sécheresse dans le sud). On va vers un volume d’un peu moins de 43 millions d’hl (contre 50 millions d’hl en moyenne). Presque partout, on observe déjà une tension au niveau des prix des raisins. Je pense toutefois que cette situation sera bénéfique car elle va contribuer à réguler le marché en rééquiibrant les stocks après la récolte abondante de 2004.
En ce qui concerne maintenant les domaines Gaja, nous avons 40 % de raisins blancs en moins sur Barbaresco suite à la grêle de mai et à la sécheresse estivale. Sur le nebbiolo, nous aurons environ 25 % de récolte en moins. En Toscane, la diminution sera de 15 % sur Pieve et de 10 % sur Ca’Marcanda. Je peux déjà dire que ce sera excellent sur Ca’Marcanda ! Au niveau de la commercialisation, nous arrivons aujourd’hui sur le marché avec les Barolos 2003 et les Barbarescos 2004. Sur le Barolo, le 2003 peut se présenter avec des arômes cuits et marmelade mais il y a des producteurs qui ont fait de très bons vins. Pour les Barbarescos 2004, ils ont un caractère que moi j’apprécie beaucoup, qui est celui de l’élégance. Maintes fois, je suis retourné dans la considération que l’Europe, dans un passé pas si lointain, produisait des vins avec un caractère d’élégance. Puis, dans différentes zones viticoles, on a voulu produire des vins d’opulence, des vins riches, même sans concentrateur car le changement climatique y a suffi.
Je ne dis pas qu’on a perdu l’élégance mais l’opulence est devenue plus évidente, a en quelque sorte pris le dessus. L’opulence, c’est ce qu’il y a de plus facile à capter. L’élégance est plus intérieure.
Même les dégustateurs européens – et là je dois faire très attention à ce que je dis – n’ont pas toujours cherché à souligner ce caractère d’élégance et sont quelques fois, eux aussi, tombés amoureux de la marmelade !
Qu’est-ce que l’élégance, c’est le contraire de montrer tout, de mettre tout sur la table, c’est quelque chose à découvrir, à imaginer. Chose difficile quand, dans les media, dans la pub, nous sommes prisonniers de la richesse des formes, du tape à l’œil.
Dans cette perspective, le Barbaresco est un vin qui a un caractère plus subtil, où l’impression d’élégance est plus importante que sur le Barolo, vin naturellement plus riche.
Pourquoi retrouve-t-on tout particulièrement cette touch of elegance sur les Barbarescos 2004 qui arrivent maintenant sur le marché ? Rappelons que 2004 a été un millésime de rendements importants. Ceux qui ont fait des vendanges en vert se sont retrouvés avec une récolte de qualité excellente. Il est toujours hasardeux de tirer des parallèles mais on peut dire que 2004 ressemble à la fois à 1990 et à 1964 dans le Piémont, deux millésimes de rendements confortables mais de qualité avec des vendanges qui se sont terminées très tard. Mi-novembre pour 1964 : 2004 a été le millésime d’autrefois. On a commencé les vendanges sur le nebbiolo fin septembre et on a terminé, sur Serralunga, le 10 novembre.
Au contraire, d’autres grands millésimes du Piémont, tels les 1961, 1971, 1989 ou 1997, sont des millésimes de rendements très bas.
En ce qui concerne maintenant les domaines Gaja, nous avons 40 % de raisins blancs en moins sur Barbaresco suite à la grêle de mai et à la sécheresse estivale. Sur le nebbiolo, nous aurons environ 25 % de récolte en moins. En Toscane, la diminution sera de 15 % sur Pieve et de 10 % sur Ca’Marcanda. Je peux déjà dire que ce sera excellent sur Ca’Marcanda ! Au niveau de la commercialisation, nous arrivons aujourd’hui sur le marché avec les Barolos 2003 et les Barbarescos 2004. Sur le Barolo, le 2003 peut se présenter avec des arômes cuits et marmelade mais il y a des producteurs qui ont fait de très bons vins. Pour les Barbarescos 2004, ils ont un caractère que moi j’apprécie beaucoup, qui est celui de l’élégance. Maintes fois, je suis retourné dans la considération que l’Europe, dans un passé pas si lointain, produisait des vins avec un caractère d’élégance. Puis, dans différentes zones viticoles, on a voulu produire des vins d’opulence, des vins riches, même sans concentrateur car le changement climatique y a suffi.
Je ne dis pas qu’on a perdu l’élégance mais l’opulence est devenue plus évidente, a en quelque sorte pris le dessus. L’opulence, c’est ce qu’il y a de plus facile à capter. L’élégance est plus intérieure.
Même les dégustateurs européens – et là je dois faire très attention à ce que je dis – n’ont pas toujours cherché à souligner ce caractère d’élégance et sont quelques fois, eux aussi, tombés amoureux de la marmelade !
Qu’est-ce que l’élégance, c’est le contraire de montrer tout, de mettre tout sur la table, c’est quelque chose à découvrir, à imaginer. Chose difficile quand, dans les media, dans la pub, nous sommes prisonniers de la richesse des formes, du tape à l’œil.
Dans cette perspective, le Barbaresco est un vin qui a un caractère plus subtil, où l’impression d’élégance est plus importante que sur le Barolo, vin naturellement plus riche.
Pourquoi retrouve-t-on tout particulièrement cette touch of elegance sur les Barbarescos 2004 qui arrivent maintenant sur le marché ? Rappelons que 2004 a été un millésime de rendements importants. Ceux qui ont fait des vendanges en vert se sont retrouvés avec une récolte de qualité excellente. Il est toujours hasardeux de tirer des parallèles mais on peut dire que 2004 ressemble à la fois à 1990 et à 1964 dans le Piémont, deux millésimes de rendements confortables mais de qualité avec des vendanges qui se sont terminées très tard. Mi-novembre pour 1964 : 2004 a été le millésime d’autrefois. On a commencé les vendanges sur le nebbiolo fin septembre et on a terminé, sur Serralunga, le 10 novembre.
Au contraire, d’autres grands millésimes du Piémont, tels les 1961, 1971, 1989 ou 1997, sont des millésimes de rendements très bas.
Faites vos jeux, rien ne va plus !
Et puisqu’on parle d’élégance, je ne vais tout de même pas passer sous silence la soirée Casino Royale organisée au Beau-Rivage pour la remise des Etoiles du millésime 2006. Une théorie de belles femmes. Miss Suisse en personne. Un peintre people qui, avec ses pompes Berluti bien lustrées aux pieds, ne figurera jamais au catalogue des artistes maudits. Le directeur Devanthery, impérial, en smoking : il a même poussé la chansonnette vers la fin de la soirée. You need coolin, baby, Im not foolin/ I'm gonna send you back to schoolin / Way down inside honey, you need it / I'm gonna give you my love. Les initiés ont pensé à Robert Plant dans Never Say Never Again. Les autres n'y ont vu que du feu. Tous les vins primés en dégustation et des tables de jeux avec de vrais croupiers et des faux-jetons. Tout à coup, nous étions au Bellagio à Las-Vegas… L'enfer du jeu ! Heureusement qu'on pouvait se remettre de telles émotions avec des vins comme le Vétroz Grand Cru de la Cave de la Madeleine, l'Humagne blanche du Domaine du Grand Brûlé, la Petite Arvine de René Favre et fils, la Syrah de la Cave du Verseau ou l'Humagne rouge vieilles vignes de Philippe Darioli ! Le grand Roland Collombin lui-même en était tout remué.
6 Comments
Que le Grand Angelo se rassure ! S’il a un doute quelconque pour mesurer les capacités de perception de la finesse et de l’élégance, il suffit qu’il écoute les commentaires des zeus admis à déguster le Monfortino 2000 de Roberto Conterno.
On a là le sommet du Piémont avec quelques Giacosa, mais on restera toujours amoureux des crus de Voerzio, de Sandrone, de Parusso, Pelissero et Bruno Rocca : les confitures et marmelades, c’est pas pour eux !
Et faut-il rappeler l’étonnante capacité du Grand Angelo à se lancer dans des comparaisons amoureuses – strictement interdites aux moins de 21 ans et autres Zwinglistes de droite (pas ceux de gauche, hein ?) – entre l’amour très physique que l’homme donne aux femmes selon qu’il est américain ou fin piémontais, et la femme élue pour cette joute universelle de la conquête par la séduction. Du grand art !
Angelo, nous te saluons bien bas car, de mémoire de dégustateur, je n’ai jamais connu chez un autre vigneron une organisation aussi pointue d’une belle dégustation où tu nous as laissé en totale liberté ! Un grand Seigneur !
Précision : écrit à jeun à 21H15 depuis un hôtel qui vaut le voyage pour sa modernité (le mot est faible) juste en face du Douro où on vient travailler avec Dirk van der Niepoort pour une éventuelle session du GJE en février 2008. L’endroit a une réelle magie, mais connaissant l’amour du Grand Jacques pour les architectures audacieuses, il aura là, à la puissance dix, une sorte de savant mélange de la maison de Bras à Laguiole et du nouvel hôtel de Mr Lundin.
Waaouuu ! Je me réjouis de découvrir cet endroit. A quand la prochaine session ? On emmènera le docteur Bonobo encagé !
Monsieur Mauss, on veut voir des photos. Je connais Bras à Laguiole. Puissance dix, vous plaisantez ! Y a pas mieux comme concept d’hôtel extra-terrestre. Et quel est le nouvel hôtel de Mr Lundin ?
Est-ce qu’on peut avoir l’adresse de l’hôtel et le site internet ?
Jean-René : au Crozet, près de Genève
Al dente :
http://www.aquapurahotels.com/de...