La dégustation
Cinque Terre Libeccio 2009 Cantina Sociale delle Cinque Terre
C’est une nouvelle cuvée produite par la cave coopérative qui, selon Gianni Fabrizio, signe ici son retour au premier plan, outre les 3 sélections parcellaires qu’elle fait. Libeccio, c’est le nom d’un vent qui vient du sud-ouest. Nez discret, lentisque, balsamique. Bouche serrée, vive, jolie finale. Il a du caractère. Bien fait.
Cinque Terre 2009 Begasti – Monterosso
Expressif au niveau aromatique, avec une certaine finesse. Il sent la groseille à maquereau et sauvignonne presque…
Monterosso est un terroir très particulier qui donne une empreinte aux vins.
A noter, comme le rappelle Nicolas Herbin, que ces vins ne doivent pas être servis trop frais, sinon on les durcit et on ne perçoit pas les sensations de bouche.
Cinque Terre 2009 Cheo – Vernazza
C’est un jeune domaine dont le premier millésime est 2006. Vinifié sans macération pelliculaire. C’est le plus international dans son style : belle texture, finale d’une belle persistance. De la richesse avec une sensation alcooleuse sur la finale.
Ce vin comporte un fort pourcentage de Picabon, un des autres vieux cépages indigènes.
Cinque Terre 2009 Capellini Luciano – Volastra
C’est un vigneron de la région qui a commencé en 2003. Son vin est élaboré en macération traditionnelle sur les peauxx avec un peu de bois. Le nez n’est pas encore très défini avec ce stade. Notes de fruits secs, léger côté iodé. Belle entrée en bouche, de la fermeté, bel extrait sec, finale sur des notes épicées. De la droiture et de la race. Très bon.
Cinque Terre Acquamarina Tobiolo 2009 Cantina del Tobiolo-Manarola
Nez pierreux, mèche, réduit. Belle bouche, avec de la présence, de l’énergie. C’est un vin continu, très uni, un peu éteint par le soufre à ce stade.
Il est très évolué, un peu confus et dissocié.
Cinque Terre 2009 Burasca – Manarola
Blanc produit sans macération. Nez un peu évolué. Très ample, gras, évolue sur des notes légèrement oxydatives, finale dure. Il offre un certain caractère mais finit lourd, sans finesse, sur des notes d’évolution.
Cinque Terre 2009 Forlini Cappellini – Manarola
C’est le domaine historique de la région qui a le plus de vieilles vignes (moyenne d’âge de 30 ans). Pas de macération. 80 % de Bosco. Jolie robe, claire, lumineuse. Arômes originaux, fruits du verger, poire, notes miellées ; un vin très droit, bonne tonicité, ligne continue. Très belle persistance.
Cinque Terre 2007 Walter De Batté – Riomaggiore
Robe à nuances dorées. Notes de fruits secs, d’épices, balsamiques, touche beurrée, puis essences orientales, rhum-raisin ; très belle bouche, dense, tannique, un peu marqué par l’élevage. Beaucoup d’énergie sur ce vin.
1500 bt produites 70 % bosco – 15 % albarolla – 15 % vermentino. Walter de Batté fait des macérations de 7 jours et a utilisé 80 % de bois. C’est vinifié sans contrôle des températures.
Cinque Terre 2008 Campogrande – Riomaggiore
Malheureusement, le vin est un peu entaché par un bouchon. Difficile à juger, gras en milieu de bouche et finit effilé. On sent une belle matière première. Belle finale avec de l’énergie. Dense.
Ce vin, produit par Elio Altare et Tonino Bonnani, a été vinifié à température contrôlée. Ils se sont inspirés des techniques traditionnelles mais ont préféré mettre plus d’Albarolla (jusqu’à 30 %) pour avoir plus d’acidité. Macérations de 4-5 jours sur les peaux.
Cinque Terre 2009 Possa – Riomaggiore
Intéressant par ses notes de fruits confits. Ici il y a plus de bosco. Très belle bouche, serrée. Il y a un peu plus de bois (notamment de l’acacia, du cerisier, du châtaignier) dans ce vin. Très jolie finale. Beaucoup de finesse dans ce vin. Après quelques heures de carafe, il révèle toutes ses qualités.
Cinque Terre 2004 Bonannini Fellegara – Riomaggiore
Notes grillées, fruits confits. Notes brûlées, balsamiques en bouche. Encore un peu fermé mais il a sans doute encore un beau potentiel de vieillissement ! C'est le premier millésime produit par ce domaine.
Manque un peu de netteté au nez. Intéressant en bouche, belle liqueur avec une finale vive, tendue, notes de thé, raisin de Corinthe. Finale avec un côté laine mouillée. 100 % bosco
Sciacchetrà 2006 Walter De Batté – Riomaggiore
La robe est soutenue, un peu topaze, notes de café, ensemble riche. Très ample, beau volume, notes poivrées, caractère légèrement iodés, notes d'abricot sec sur une très belle finale, enlevée !
800 demi-bt produites.
Sciacchetrà 2008 Campogrande – Riomaggiore
C’est un très beau passerillé (grappes suspendues) élevé en 100 % fûts de chêne. Grande finesse dans l’expression aromatique sur des nuances boisées. Très jolie ligne élancée. Notes d’angélique, orange confite.
360 demi-bt produites.
100 % bois poirier- cerisier. 80 % bosco et beaucoup de rossese bianco (qu’il essaie de mettre en prioritédans le Sciacchetra) Robe soutenue, ambrée. Plus oxydatif au nez, on sent l’oxydation ménagée. La bouche est merveilleuse, superbe texture, grand vin initiatique ! Superbe finale explosive.
400 demi-bt produites.
On termine avec ces merveilleux liquoreux, ces Sciacchetrà, qui ont fait la réputation des Cinque Terre et qui illustrent la magie de ce terroir. Ces liquoreux synthétisent à eux seuls toute la magie des Cinque Terre et semblent capter toutes les essences méditerranéennes, iodées
« Il n’y a rien de superflu ici » comme le dit un des participants.
Une dégustation passionnante qui fut très appréciée par les personnes présentes. Merci à Gianni Fabrizio ainsi qu’à Samuele-Heydi Bonanini et Tonino Bonnani d’avoir fait le voyage pour partager leur passion !
7 Comments
Cela me donne la bougeotte !
🙂
Attention au vertige, si tu y es sensible.
Mais comme dit Heydi, quand on lui demande si monter sur le monorail est risqué : "personne n’est jamais mort…"
Vécu des vertiges sur le Léman, dans les pentes du Douro ou de la Moselle.
Ce ne sont en effet pas les croupes de Pauillac, si pacifiques (et rémunératrices).
Terribles et tragiques inondations dans les Cinque Terre…
http://www.cinqueterre.com/blog/...
Pour information, un des vignerons que nous avons au CAVE, Heydi Bonanini (cf supra) et que j’ai eu hier soir par email a été pris dans les inondations monstres d’avant hier. Il s’en sort indemne mais a du "nager" dans la boue pour se réfugier. Son camion est foutu. Sa jambe peut-être cassée. Dégâts monstres. Vernazza et Monterosso quasi ensevelis et détruits. J’en saurai plus ce soir. Une épreuve de plus, après les intimidations policières inutiles et débiles de l’hiver dernier, les accidents de monorail, et les feux de forêt nombreux de cet été. Lisez bien le Vinifera qui vient de paraître (http://www.cavesa.ch/vinifera_45 ), ce vignoble et cette région miraculeusement belle voient leur survie suspendue à un fil, plus que jamais. Il faut les soutenir et continuer à s’y rendre.
On dirait Sommières 2002…
Quand on connait et aime les Cinque Terre, c’est à en avoir les larmes aux yeux. J’ai reconnu dans les photos et vidéos de ton lien nombre d’endroits où je suis passés, c’est juste méconnaissable.
J’espère que ce ne sera pas un coup d’arrêt pour cette région terriblement attachante. Et j’espère aussi que son classement au patrimoine mondial par l’UNESCO va permettre de débloquer des aides significatives pour remettre ces gens et lieux sur pied.
Effectivement, j’ai eu Heydi par téléphone hier et il n’a même pas le goût d’être en colère, il dit être seulement heureux d’être encore là pour raconter la terreur de ces inondations. Quand on sait qu’en plus il a perdu une nouvelle vigne (la 2ème cet été) dans un incendie il y a à peine une semaine il y a de quoi être songeur. Dur de se retrousser les manches face à ces catastrophes accumulées sur leurs têtes.
J’y étais il y a encore un mois, je suis dévasté par la nouvelle et ce que j’ai pu en voir depuis qq jours. Monterosso, Vernazza, la boue et les gravats sont au premier étage depuis que l’eau s’est retirée, les oliviers, les orangers, les vignes sont en l’air. Pensons aussi au sublime Val di Vara et aux autres régions des terres intérieures aussi durement touchées. Pfff, il va falloir du courage et du soutien …