D’autres sont arrivés juste après : les frères Liesch, Irène Grünenfelder, etc…
Au total aujourd’hui on compte environ 75 producteurs qui mettent en bouteilles sous leur nom.
Le blauburgunder comme on l’appelle ici, le pinot noir, demeure avec près de 80 % de la surface viticole du canton le cépage principal de la Bündner Rheintal.
Voici quelques impressions et notes de dégustations in situ, prises sur le vif, c'est-à-dire à table.
Eichholz 2004, Pinot noir, Jenins, Irène Grünenfelder Hunger
Belle robe profonde. Encore jeune. Le premier nez est sur des notes boisées encore très présentes. Léger « réduit de bois ». Il mériterait un passage en carafe. A l’ouverture, il gagne en expressivité sur des notes de fruits rouges d’une belle intensité. Du volume et de l’ampleur à l’attaque et au développement avec une belle continuité. Les tannins sont de qualité mais il finit sur une impression un peu alcooleuse. Bon vin mais on a un peu perdu la finesse du pinot noir et l’élevage pourrait être plus précis. 87
Malanser 2006, Thomas Studach
Robe rubis intermédiaire. Beaucoup de densité et de classe au nez. L’élevage est ici parfaitement maîtrisé avec une très belle fusion du bois, sur des notes fumées et fruitées de grande classe. La bouche est une merveille d’équilibre et de fraîcheur (caractéristique du 2006 dans les Grisons) avec une dimension tactile, un déploiement dans la texture, qui signe le grand pinot. Remarquable ! 92
Robe rubis. Le nez est expressif, dans un style assez démonstratif et flamboyant. Framboise, vanille, notes empyreumatiques. Attaque riche, souple. Du volume et de l’ampleur au développement mais il n’a pas l’équilibre et le dynamisme du précédent et il s’achève sur des notes un peu lourdes, de fruits macérés. 88
Malanser 2005, Thomas Studach
J’ai dégusté le 2005 un jour après le 2006 et j’en attendais monts et merveilles. Le cadre s’y prêtait parfaitement, le met qui l’accompagnait était superbe… Est-ce une bouteille "défectueuse" ou un vin marqué par le caractère plus solaire du millésime ? le 2005 de Studach, sans démériter vraiment, n’est pas irradiant comme l’est le 2006. La robe est un peu évoluée et le nez est marqué par un élevage un peu « violent » (chauffe forte). La bouche est riche, généreuse mais la finale a tendance à sécher un peu. 88
Mon mentor ès vins grisons a tout essayé afin de me détourner de cette bouteille. Intrigué par le nom, j’ai passé outre et m’y suis risqué. Tant pis pour moi… Martin Müller, en grand professionnel, avait vu juste : ce n’est pas mon style du tout ! Massif, puissant, solaire, il porte admirablement bien son nom. Une belle matière première certes, issue probablement de vieilles vignes, mais que la vinification et l’élevage ont exacerbée. On est ici aux antipodes du style du vin suivant… 87
Quand je l’ai connu à l’époque du reportage, Daniel Marugg travaillait avec son père et devait débuter dans le métier. Il privilégiait déjà un style orienté sur la finesse et leur cuvée haut de gamme s’appelait « Veritas ». Quelle merveilleuse surprise que ce Bovel. La voilà la grande expression du noirien, sur la finesse et l’élégance ! C’est subtil, attractif, percutant dans ses arômes, précis dans ses articulations, raffiné dans sa tannicité. On dirait un Chambolle-Musigny, c’est tout dire… 91
Le vignoble de Fläsch
Le vignoble des Grisons en accéléré
Superficie 420 ha
Terroir schisteux et calcaire ; composantes argileuses ou sableuses selon les endroits.
Altitude entre 500 et 620 m.
Climat tempéré avec un régime de foehn automnal favorable à la maturation du raisin
Le vignoble des Grisons est divisé en 2 parties :
1) La Bündner Herrschaft constituée par les communes de Fläsch, Maienfeld, Malans et Jenins
2) Le Churer Rheintal représentée par les communes de Igis, Zizers, Trimmis et Coire.
Et puis comment dit-on Cros Parentoux en italien ? Ce "climat" célèbre de Vosne-Romanée a été remis au goût du jour par Henri Jayer qui transforma ce qui était devenu un champ de topinambours en un cru prestigieux. J'avais publié il y a quelques années des notes de dégustation prises à l'occasion des 80 ans d'Henri Jayer. Elles ont été traduites en italien par les passionnés de Nonsolodivino. C'est à lire ici.
3 Comments
Si ma mémoire ne faillit pas, Irène Grünenfelder était présente à Vinéa il y a quelques années (2002 ?), ainsi que la cave Peter Wegelin & Sylvia Bargähr.
Avez-vous un coup de coeur à partager avec un vin de Completer ?
cordialement,
Laurent
Ah ! le Completer ! Le vin des moines, des complies … Celui qui vous tient éveillé toute la nuit ! Celui de Gian Battista von Tscharner au Schloss Reichenau est excellent, celui de Thomas Studach aussi. J’adore ce cépage ! Sans doute valaisan : Lafetschna ?
De Vouillamoz et al., 2004 : "Le test ADN a permis de démontrer que le ‘Lafnetscha’ est en réalité un croisement naturel entre l’‘Humagne Blanc’ valaisan et le ‘Completer’". Le ‘Completer’ devait donc exister en Valais avant le ‘Lafnetscha’ et il se pourrait donc qu’il s’y trouve encore sous un nom d’emprunt.
Cette présence a, par la suite, été confirmée par MM. M. Pont, D. Maigre et J-M. Chanton qui ont repéré à Eyholz du ‘Grosse Lafnetscha’ et du ‘Kleine Lafnetscha’ qui sont en fait du ‘Completer’.