On s’amuse d’une Gelée de melon, dés de St-Jacques et caviar, prélude à toute conversation, agréable à contempler mais qui, loin de vous mettre en appétit, vous émousse le palais par sa dominante sucrée.
La Salade de tomate et sorbet huile d’olive qui suit ne casse pas trois pattes à un canard ? On se consolera avec le Marbré d’asperges vertes aux truffes et foie gras glacé qui a au moins ce mérite : révéler la maîtrise technique du chef dans l’art des présentations, ainsi que sa dilection pour l’huile de truffes.
La Salade de tomate et sorbet huile d’olive qui suit ne casse pas trois pattes à un canard ? On se consolera avec le Marbré d’asperges vertes aux truffes et foie gras glacé qui a au moins ce mérite : révéler la maîtrise technique du chef dans l’art des présentations, ainsi que sa dilection pour l’huile de truffes.
Le Marbré d'asperges vertes et foie gras.
Restons dans le maniérisme avec les Langoustines poêlées à la betterave parfumé de miel et maniguette, une des compositions somme toute les plus probantes de la soirée, l’épice du paradis jouant les lutins dans cette redondance sucrée (miel et betterave).
Les langoustines rôties à la betterave
La Roulade pintade et ris de veau, sauce à la crème de morilles ne s'éloigne pas des rivages d’un classicisme studieux mais, au moins, le chef connaît la chanson : ce plat nous permettra au passage d’apprécier un Tour Séran 2003, Médoc, généreux et souple ainsi qu’un Petit Cheval 1998, frère de l’illustrissime, et qui donc quelques lettres de créance dans sa poche.
Le monde des signes…
Le Japon est, pour reprendre le titre du livre de Roland Barthes, l’empire des signes. Je me souviens de sa merveilleuse intelligence, musicale, des événements et des rites : «manger n'est pas respecter un menu (un itinéraire de plats), mais prélever, d'une touche légère de la baguette, tantôt une couleur, tantôt une autre, au gré d'une sorte d'inspiration qui apparaît dans sa lenteur comme l'accompagnement détaché, indirect, de la conversation (…)."
Au moment des compliments et des critiques, lorsque le chef, jailli de sa cuisine, vient recueillir vos impressions et savoir pourquoi vous avez renvoyé son Filet de daurade grillée à la sauce verjutée, un seul impératif (que tout gaijin doit savoir) : ne pas faire perdre la face à un Japonais, ne pas s’approcher trop près, ne jamais exprimer le honne (« ce que l’on pense vraiment »). Pour cela, la langue japonaise, art de la nuance et de la subtilité, vient à notre secours. Mes premiers mots dans cette langue seront pour exprimer la différence entre Tottemo oishi (« c’est bon ») et Tottemo oishikata (« c’était très bon »).
Le retour à pied dans la nuit fut encore plus aventureux. Un conseil : ne sortez jamais à Tokyo sans un plan de la ville et l’adresse (en japonais) de votre hôtel. On a tôt fait de s’égarer, de prendre une voie de chemin de fer pour une autre, de se méprendre sur les signes, de se tromper d’adresse tel cet écrin qui ne fut pas celui de nos rêves.
Et, au retour, ces jeunes filles auxquelles vous pensiez demander votre chemin, qui ressemblaient à des vestales tokyoïtes en goguette du côté de Shinjuku ou de Roppongi, que vous preniez pour des diseuses de bonne aventure, n’étaient-elles pas des ike-ike onna ?
Le restaurant
L’Ecrin
Mikimoto BLDG, B1 4-5-5 Ginza Chuo-Ku Tokyo
T. 03-3561-9706 mail : takara@lecringinza.co.jp
2 Comments
hello Jacques ainsi que les autres chanceux qui t’accompagnent au pays du soleil levant.
je ne peux me retenir de te dire o combien il m’est dorenavant difficile de manger une simple " tortilla de patatas ou une tranche de Jamon Bellota " en voyant ces images.
je m’emoustille devant mon ecran a voir tes fotos, frustré de ne pouvoir aller plus loin dans ce panorama gastronomique.
profitez et bravo encore.
Bonjour Fredi, on pense à toi mais comme je sais que tu es dans le beau Priorat, la vie doit être belle pour toi aussi !