Déjà la dix-huitième édition de la Percée qu’on ne présente plus. Dire que je n’y avais encore jamais mis les pieds. Et pourtant, je crois faire partie des Juradolâtres de la presque toute première heure. Donc me voilà, on my own way, à franchir des cols et des reculées, au rythme de Ramble on du Zepp’ de la grande époque.
Pas de chance. Comme la dernière fois, à Biodyvin, le temps est au crachin et à la neige. Bref, il fait ben frette comme on raconte du côté du Labrador.
Arrivée à Perrigny. On attend des hordes de visiteurs. Ils sont déjà là. Au rond-point les histrions en bleu de chauffe s’agitent. Tout est barré. Où est le parking ? Circulez !
Un tour dans les rues pour humer l’ambiance. Costumes de carnaval. Une foule en liesse venue s’ébaudir et qui boit jaune. Le verre à la main. Le porte-verre en bandoulière.
Des caveaux montent les rumeurs et les fragrances de sotolon. Les Jésus de Morteau font un tour de piste. La foule se densifie. Une visite rapide à salle de presse pour goûter les vins fraîchement clavelinés
Un expert local explique que tel vigneron a vraiment le coup de patte pour le jaune. Je déguste. Puissant, marqué par l’éthanal. Sans finesse.
Bien aimé, au passage, le château-chalon 2006 du domaine Grand, le 2004 de Jean Macle, le 2005 de Berthet-Bondet, le vin jaune 2007 de Daniel Dugois et le 2006 de Christian Pêcheur.
Un morceau de Comté et cap sur Conliège à quelques kilomètres. Ça giboule, ça brasse, ça déclame, ça éructe, ça glougloute avec allégresse. Parfois, ça crache aussi. Quoi ? Du jaune, de l’âme du jaune et du feu.
Certains, chaussés de skis de fond, dévalent même la pente sur la place du village. La percée se fait dionysiaque, délurée, avec des réminiscences médiévales.
A la salle des fêtes, c’est l’heure des enchères. 250 lots dénichés et rassemblés par Bernard Pujol vont trouver preneur. Quelques raretés. Pas de Chinois à l’horizon. Pas de fonds d’investissement sur le vin. Les enchères sont molles, vite pliées.
Tout pour se faire plaisir avec des Macle, des Lucien Rouget, des Camille Loye, des Lucien Clavelin, des Pierre Richerateaux. Ou encore un Louis Florin.
Sûr que nous allons pouvoir organiser au CAVE une grande soirée Jura l’an prochain. Au programme, c’est sûr, il y aura un chalon 1934 de chez André Perrin et le Clos Bacchus. D’autant que François Rousset, présent également à la vente, nous prépare aussi une surprise.
Le lendemain, j’ai raté la messe, la mise en perce, le frimas et la neige. Trop de monde.
Déguster au coude à coude sur un ring. Pas pour moi. J’ai repris la route. Toujours au son trépidant du Zepp, versus Kashmir. Un crochet par Arbois engoncée dans son Revermont aux murailles ourlées de brouillards.
Noms de lieux, noms de vignerons. Villages et millésimes. Tout est propice à une rêverie proustienne sur les noms, malgré la lourde frappe de John Bonham, dit Bonzo. Pont de Poitte / Clairvaux les Lacs / Arthenas / Arc-et-Senans / Villerserine / Abergement / Saint-Lothain / Abergement / La Ferté / Montigny les Arsures / Cize / Syam…
Et, sur la route du retour, un Comté de 24 mois accompagné d’un verre de château-chalon 2004. Le temps a ce goût étiré de fruits de patience, d’orient épicé et d’herbes magiques. Puissant et subtil à la fois. Inoubliable.
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