Plus, bas, au village, règne toujours cette effervescence. L'air bourdonne de vibrations étirées et de trilles.
Je débarque tout à coup dans une Suisse oubliée, secrète, fiévreuse à sa façon. Hantée sans doute par un impossible rêve agreste.
4000 musiciens (eh oui !) se sont donnés rendez-vous ici pour la Fête cantonale bernoise des jodleurs ! Venus de tout le canton de Berne, ils déambulent en tenues d’armailli, vestes noires et barbes fleuries, le pas lourd et grave, méditatifs, le cor des Alpes porté avec une feinte nonchalance. Les dames qui les accompagnent ne sont pas en reste (certaines jouent aussi du cor), des étoiles plein les mirettes.
Diantre, dans quelle Suisse perdue ai-je débarqué ? Je tente de me frayer un passage parmi les senteurs de soldanelles et de saucisses grillées, tel un Levi-Strauss égaré au milieu d’une tribu non répertoriée. J’ai rendez-vous pour déguster des vins avec Yvan Letzter au Chesery mais ceci attendra un peu.
Sur la belle pelouse du Parkhotel, les joueurs de cor (Alphorn) s’affrontent en joutes très sérieuses. En solo, en duo, voire en trio. Les sonorités sont graves, profondes, quasi telluriques. Le son est transmis par une colonne d’air impressionnante (3m40 en fa dièse) et la vibration complète de la colonne produit le ton fondamental. Evidemment, le choix des mélodies est plutôt limité. Même, j’ai l’impression que les concurrents jouent tous la même mélodie et me demande si, comme au patinage artistique, on a affaire à des figures imposées.
Sur la belle pelouse du Parkhotel, les joueurs de cor (Alphorn) s’affrontent en joutes très sérieuses. En solo, en duo, voire en trio. Les sonorités sont graves, profondes, quasi telluriques. Le son est transmis par une colonne d’air impressionnante (3m40 en fa dièse) et la vibration complète de la colonne produit le ton fondamental. Evidemment, le choix des mélodies est plutôt limité. Même, j’ai l’impression que les concurrents jouent tous la même mélodie et me demande si, comme au patinage artistique, on a affaire à des figures imposées.
Tout un peuple vaillant et robuste, le cor dressé vers le ciel.
Je me laisse peu à peu gagner par cette quiétude alpestre, quasi émolliente, oubliant que, à l’origine, ces plaisirs sonores étaient, pour tout un peuple de bergers farouches, associés à la lutte à la culotte et au jet de la pierre dite d’Unspunnen.
Ajoutez à ce tableau les facéties sonores des yodleurs, cette technique de chant si particulière qui consiste à passer sans crier gare de la voie de corps à la voix de tête. Vous pouvez toujours essayer mais, au début, il est recommandé de n’avoir pas de témoins…
Ajoutez à ce tableau les facéties sonores des yodleurs, cette technique de chant si particulière qui consiste à passer sans crier gare de la voie de corps à la voix de tête. Vous pouvez toujours essayer mais, au début, il est recommandé de n’avoir pas de témoins…
La nuit est tombée. Je demande à la blonde croisée par hasard au milieu de la foule si elle n’a pas l’impression que le paradis se trouve là, peut-être, dans cette quiétude, dans ces sons qui traversent la vallée, cette simplicité. Elle pouffe discrètement de rire, Verena. Malgré ses nattes et son petit air tyrolien. J’avais pourtant cru…
Là-haut, autre monde, le Palace est illuminé. Il brille dans la nuit, vaisseau céleste, avec ses étranges tours crénelées. Il a un petit air Ludwid II et je suis sûr que Verena y pense.
Là-haut, autre monde, le Palace est illuminé. Il brille dans la nuit, vaisseau céleste, avec ses étranges tours crénelées. Il a un petit air Ludwid II et je suis sûr que Verena y pense.
Tout est faux. Tout est vrai. Entre le cliché et la sincérité. Qu’il paraît loin tout à coup Roman et son vilain coup de canif sur la narine de Jake J. Gittes…
Un vilain coup de canif qui entaille la narine de Jack J. Gittes.
Je vous dois cet aveu. Polanski ou pas, j’adore Gstaad ! Ici, mêmes les nuages ont l’air d’être différents.
Oh, rien de snob dans cet amour – ce n’est pas mon monde, rassurez-vous ! – mais l’amour d’une Suisse miraculée, insolite, paradoxale. 7000 âmes et autant de vaches. Des fromages à se damner. Des gens d’une grande civilité qui vivent encore au rythme des saisons.
Oh, rien de snob dans cet amour – ce n’est pas mon monde, rassurez-vous ! – mais l’amour d’une Suisse miraculée, insolite, paradoxale. 7000 âmes et autant de vaches. Des fromages à se damner. Des gens d’une grande civilité qui vivent encore au rythme des saisons.
Et, surtout, j’ai toujours en mémoire ces merveilleuses sessions du GJE au Grand Chalet (la deuxième et la troisième sauf erreur). Les Dovaz, Bettane, Desseauve,Thorel, Bourguignon, Poussier, Bureau, Dutournier, Diel, Payne and co, arrivés ici, éberlués, dans le soleil du mois de mai, après un voyage en petit train rouge où de sérieuses minutions furent sorties. Nous avions été reçus comme des princes pas Franz Rosskogler et, vraiment, cela ne s’oublie pas.
La suite ? Vous la connaîtrez bientôt avec le Chesery du grand Robert Speth. Et pour ce qui concerne l’éventuelle suite du GJE à Gstaad, mister Tippa, on compte sur vous !
3 Comments
Onirique …
Tout de même :
Le bal des vampires 1967
Le locataire 1976
Le pianiste 2002
Avec LPV, nous avons croisé au Laurent, une Dame faisant partie depuis des temps immémoriaux de cette belle ville de Gstaad que le GJE a si bien connu grâce à toi (et regarde : même Bizeul y a ses habitudes maintenant).
Nous discutions doctement du corps médical suisse, et cette Dame, de noble extraction, avec un ton lapidaire très "ancien régime" nous a asséné un formidable :
"A Gstaad ? Il n’y a que des vétérinaires… et encore, juste pour chiens !" Quand je vais dire cela à Hanspeter !
Va falloir que Christian Roger, qui y attend dans son châlet tout le GJE, rappelle à Bonobo d’apporter sa valise, un temps oubliée dans le lointain pays de Tokaj !
Une autre époque, tout un programme; le Louis attaché à son lampadaire, le petit Maurange travaillant la Laurence.
Les taux de sucre dominants : bouh, quelle histoire !
Cette Dame a sans doute. Il n’y a que des vétérinaires mais ne sont-ils pas plutôt dévolus à la gent des bovidés ? 7000 vêlages par an, ça compte non ?