Cornalin de Sierre 1998, Maurice Zufferey. Les vignes de cornalin de Maurice Zufferey sont situées sur Muraz et Venthone, ainsi qu’à l’entrée ouest de Sierre.
La robe est normalement évoluée. Nez sur des notes des fruits mûrs, tabac, thé, épices. Entrée en bouche, assez vive, de la fraîcheur. Belle tension et très joli naturel d'expression sur ce vin. C'est mûr et vif à la fois. Tanin bien fondu.
Cornalin de Sierre 1998 Denis Mercier : "c’est le premier millésime élevé en fûts de chêne. A cette époque, tout le cornalin du domaine provient de la colline de Goubing (vignes de 10 ans à ce moment-là). Le cornalin produit sur Corin viendra plus tard. « 1998 est un millésime droit et érigé », dixit Denis. Si nos rendements sont aujourd'hui de 4 à 500 g., ils étaient à l'époque plutôt de 600 g." précise celui-ci.
Notes boisées bien intégrées. Il est orienté sur les fruits noirs, cerise, belle bouche, avec une très jolie pulpe de fruit. L’élevage sous bois lui a donné de l'allant et une suavité de texture très séduisante. Belle fraîcheur aromatique.
Cornalin « Viouc » 2001, Maurice Zufferey 2001
Cornalin 2001, Denis Mercier. Robe sombre. L’empreinte boisée est présente. A nouveau un fruit très mûr, très cerise. Belle bouche, plus sphérique que le précédent. Très jolie texture. Il paraît un peu plus solaire, plus chatoyant.
Cornalin de Sierre 2004, Maurice Zufferey 2004 (version cuve). Maurice précise les conditions du millésime : « Juillet avec pas mal de pluie. Assez frais ensuite et pas mal de foehn ensuite. Cycle assez long. Petits rendements dans les cornalins ».
Cornalin 2004, Denis Mercier. La robe est beaucoup plus jeune que celle du vin précédent. Nez sur les fruits noirs, la myrtille. Boisé encore prégnant. Très beau volume en bouche. C'est un vin d'une belle ampleur, continu, richement texturé, avec une trame très fine, aux tanins juteux. Longueur remarquable. On a une énergie sur ce vin qu'on n'avait pas sur les millésimes précédents. Denis Mercier : » le cornalin n'est pas toujours opulent mais il garde une certaine sveltesse. On a installé le froid en 2003 qu'on n'a pas très bien utilisé. La préfermentaire à froid fera ses effets plus tard… »
Cornalin « Viouc » 2006, Maurice Zufferey. Selon ce dernier, 2004 est un "millésime avec des tempêtes de foehn. Récolte assez abondante, diminuée par le foehn. »
Très belle couleur sur ce vin. Nez sur le moka, la vanille, les fruits mûrs avec un léger côté viandé. Bouche ample, il offre une texture généreuse, avec une très belle acidité. C'est long, soutenu. Belle finale expressive. Sur un tanin encore assez ferme.
Les participants. Au premier plan, à gauche, le Dr José Vouillamoz qui est intervenu sur la généalogie du "Rouge du pays". Voir ci-dessous !
Cornalin 2006, Denis Mercier
Denis Mercier : "Pour nous, 2006 représente le moment où le côté macération à froid et pigeage commence à apparaître."
Belle robe. Nez boisé, fin, beau fruit. Très cerise. Bouche d'un équilibre remarquable. Très belle tension. Finale sur la cerise, d'une très grande fraîcheur. Superbe élégance sur ce vin !
Cornalin « Viouc 2007 », Maurice Zufferey. Robe un peu brunie. Notes de feuillu, un peu sous-bois. Cassis. Bouche un peu sur la constriction, il manque un peu de chair et finit sur un tanin resserré mais assez juteux. Equilibré et fin, il s’articule autour d’un tanin un peu resserré mais la finale est expressive et d’une belle persistance
Cornalin, Denis Mercier 2007 Notes élégantes de pivoine. Très jolie texture, ample, on a des sensations très kirschées qui reviennent. Belle finale au tanin très fin.
Denis Mercier : « on a une expression du cornalin plus originel, on retombe sur des saveurs un peu plus simples, ça n'enlève rien à leur charme, bien au contraire. ça me rappelle plus les cornalins de ma jeunesse, si je peux dire comme ça ! »
Cornalin de Sierre 2008, Maurice Zufferey (version cuve)
Cornalin, Denis Mercier 2008 Jolie robe sombre. Nez élégant, boisé mais bien intégré. Réglissé. Très agréable entrée en bouche, savoureuse, belle évolution, continue, finale aux tanins juteux, longue. Texture élégante, c'est un vin frais, avec une belle trame.
Denis Mercier : «C’est une année de maturation lente, assez fraîche. J'aime bien la virilité de ce millésime. On a pu commencer à appliquer la problématique du pigeage et la macération préfermentaire à froid d'une semaine donne ici toute sa mesure ».
Un participant qui a consulté son fichier météorologique sur son Iphone : « le 22 octobre, il neigeait à 800 mètres… »
Cornalin « Rouge du Pays » 2009, Maurice Zufferey Robe sombre. Structure charnue, dense, équilibrée. C'est un très beau cornalin, au tanin savoureux. Une partie de ce vin a été élevée en fûts.
Cornalin 2009, Denis Mercier. Boisé très bien intégré. Les vins ont gagné en précision dans l’élevage. Nez très fin, sur les notes de fruits noirs, de réglisse. Egalement beaucoup de précision dans la bouche. Il a gardé une belle fraîcheur, un vin très séduisant, beaucoup de charme sur ce vin. Très jolie finale.
Cornalin « Viouc » 2010, Maurice Zufferey
Cornalin 2010, Denis Mercier Superbe robe sombre. Nez somptueux, avec une concentration et une plénitude de fruit incroyables. C'est un immense cornalin, dense, serré, sans mollesse, très pulpeux, aucune sensation alcooleuse. Très belle finale. Egalement remarquable ! Avec le 2008, un des plus grands cornalin de Denis Mercier !
Denis Mercier : ce fut un millésime pas très chaud, un petit peu plus que le 2008 tout de même. Il y a tout ! 2008, 2009, 2010, c'est une très belle trilogie. Ces vins sont plus faits par le ciel que par nous. Les belles années, ce n'est pas nous qui les faisons. La syrah est beaucoup plus lisse, beaucoup plus sociable, le cornalin est beaucoup plus sauvage.
Le cornalin ou Rouge du pays vu par José Vouillamoz :
"Au début des années 70, il restait 5 vignes dans la région de Sierre, toutes virosées. C’est à partir de là qu’on a reconstitué le cornalin. Jean Nicollier et Jean-Louis Simon. « Je suis très reconnaissant à ces gens-là d’avoir sauvé ce cépage », dit Denis Mercier
En 2002, je travaillais en Californie dans la génétique de la vigne, j’ai pu grâce à l’ADN découvrir les parents du cornalin. Le cornalin est issu d’un croisement naturel entre deux cépages valdotains, le petit rouge (le cépage le plus répandu dans le Val d’Aoste) et le mayolet. Fort de cette découverte, j’ai continué à explorer cette voie. Ce cornalin – que j’appelais valaisan à l’époque – je vois qu’il a eu des descendants au Val d’Aoste. Il a deux parents et en tout cas quatre enfants au Val d’Aoste. Ça en fait un cépage valdotain pure souche même si, aujourd’hui, il a disparu du Val d’Aoste. Il a traversé les Alpes, probablement par le Grand Saint-Bernard. Parmi ses descendants, il y a un autre cépage qui s’appelle le…cornalin. Il y a deux cépages différents qui ont le même nom. C’est un problème. Il faut savoir qu’en 1972, Jean Nicollier, qui était chef de l’office cantonal de la viticulture, a dit : ce cépage qu’on appelle Rouge du pays, on va lui donner le nom de cornalin, on sait qu’il existe au Val d’Aoste, qu’il aura bientôt disparu, c’est un beau nom, on va le donner à notre Rouge du pays. Il y a une règle, c’est l’antécédence, ce n’est pas de ma faute. Le cépage valdotain s’appelait cornalin avant. Le valaisan n’aurait donc pas de légitimité ampélographique à s’appeler cornalin. Surtout que ce cornalin valdotain, il en existe de plus en plus, il y a en Valais, il y a en même beaucoup : c’est l’humagne rouge ! Vous voyez le problème ? Je conclus en disant que le cornalin que nous buvons ce soir, c’est un cépage valdotain, que moi j’aime appeler « Rouge du pays » pour ne pas avoir de confusion, parce que si vous dites le cornalin est le père du cornalin, on ne comprend plus rien ! Donc, on va dire le Rouge du pays est le cornalin, d’ailleurs, si dès 2009, Maurice Zufferey a commencé à écrire sur les étiquettes Cornalin – Rouge du pays, je n’y suis pas pour rien.
Voici en quelques mots l’histoire un peu compliquée du cornalin… Après, savoir si c’est valdotain ou valaisan, ça ne signifie par grand chose. On parle le même dialecte, on a les mêmes races de vaches, on faisait tous partie du Royaume de Savoie et des pays du Mont-Blanc avant, finalement c’est presque insensé de se demander est-ce que le cornalin ou Rouge du Pays est valaisan ou pas, d’autant plus qu’il existait bien avant que le Valais existe. "
Merci à Denis Mercier et Maurice Zufferey qui fêtent cette année la trentième année d'existence de leurs caves ! Et merci à José Vouillamoz pour son intervention !
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