Bien au contraire ! Examinons le cas du Beaujolais. Cette vaste région viticole souffre aujourd’hui d’un déficit d’image certain, victime de ses excès comme du succès de ce qui fut pendant longtemps son étendard, le Beaujolais-Primeur. La majorité de la production des 25 000 ha de vignes reste hélas médiocre, voire indigente.
J’ai eu plusieurs fois l’occasion d’évoquer ici le « vrai » Beaujolais, cher à Jules Chauvet, celui des vins gourmands, sapides, traduisant les nuances de leur terroir, façonnés par une poignée de vignerons idéalistes et résistants. Nous sommes en train de préparer un numéro spécial de Vinifera dans lequel Nicolas Herbin, passionné par les vins de cette région, dresse un état des lieux complet des crus et des meilleurs producteurs.
La Chapelle de la Madone à Fleurie.
Je viens d’y passer quelques jours, en compagnie de Michel Bettane, autre grand connaisseur du Beaujolais et qui a la chance d’y vivre une partie de l’année, du surcroît au cœur même de l’un de ses plus beaux terroirs.
Dégustation chez Jean-Louis Dutraive à Fleurie, l'auteur de la confidentielle Cuvée Vieilles Vignes 2005 "Champagne"
J’ai même eu le bonheur de déguster plusieurs véritable chefs-d’œuvre, des vins sidérants. Avec Bettane, nous sommes très souvent sur la même longueur d’onde. Dégustant à plusieurs reprises la Cuvée Vieilles Vignes « Champagne » 2005 du Fleurie du domaine de la Grand’Cour, nous ne pouvions qu’être d’accord : voilà sans doute un des plus grands, si ce n’est le plus grand, cru du Beaujolais de ces 25 dernières années. Hélas, pour le goûter, il n’y a pas trente-six adresses : deux établissements seulement commercialisent les 500 bouteilles produites (L’Atelier du Cuisinier à Villé-Morgon et le Fleurie à Lyon).
Daniel Bouland, son Morgon Vieilles Vignes est un must !
Quant au meilleur vin des trente prochaines années, je ne suis ni prophète ni devin. J’essaie juste de lire dans les entrailles des fûts. Parmi ceux que nous avons dégustés dans le millésime 2009 et qui, la plupart, sont encore en élevage, il y a quelques vins stratosphériques et qui – on l’a peu oublié avec les vins du Beaujolais – évolueront superbement !
Cédric et Michel Chignard à Fleurie. Du grand classicisme.
Eric Janin, son Clos du Tremblay 2009 a tout l'avenir devant lui !
Jean-Marc Burgaud, talentueux et attachant viticulteur de Morgon.
Jean-Paul Brun, ce géant cache une sensibilité d'artiste et cisèle des vins qui n'auraient pas déplu à Jules Chauvet.
Michel Bettane et Fabien Duperray : ce dernier place très haut le curseur…
Il faut citer ici les grands « classiques » comme Michel et Cédric Chignard avec leur Fleurie Morier, Eric Janin avec le Clos du Tremblay, Daniel Bouland avec son Morgon Vieilles Vignes, Jean-Louis Dutraive avec son Fleurie Champagne, Marie-Elodie Zighera avec son Fleurie La Dot, Jean-Marc Burgaud avec son Morgon Côte du Py, Jean-Paul Brun avec son Fleurie Grille-Midi, ou les différents lots de Moulin-à-Vent de Fabien Duperray, un presque inconnu qui s’est lancé dans l’aventure il y a peu : établi à la Chapelle de Guinchay, celui-ci est en train, sous le nom du domaine Jules Desjourneys, de redéfinir les normes à partir desquelles on jugera désormais les grands vins du Beaujolais.
Quand je vous dis que même si la lumière ne brille plus à tous les étages, des étoiles ont commencé de naître…
La suite prochainement dans Vinifera !
10 Comments
Bon, message pour Nicolas : va falloir fissa réétudier la chose. Voilà de nouveaux noms inconnus à mon si faible panthéon beaujolien !
Et y’en a encore d’autres, François… c’est quand tu veux et peux pour y retourner, peut-être une fois le Davos passé, ou juste avant, comme l’année dernière ?
Ca fait peut être gnangnan de dire ça mais tous ces gens, je les aime : pour ce qu’ils sont, pour ce qu’ils font, et l’état d’esprit qui est le leur.
Les choses changent dans la région, on le répète. Les grands terroirs de moulin-à-vent ne cessent de changer de main, des investisseurs et vignerons venus de partout sautent sur les occasions, une émulation naît, la presse anglo-saxonne – Parker en tête via Schildknecht – célèbre les grands 2009, j’ai des demandes de revendeurs spécialisés en grandes "étiquettes" pour des Bouland et Burgaud 2009, ça bouge, ça se réveille, on vous le dit, depuis déjà des mois…
J’y retourne le week-end prochain, tiens. On va goûter ce fameux Fleurie 2005 de JLDutraive qui tire des épithètes en nombre à Michel B., fier comme Artaban sur la photo du bas, à côté de Fabien qui a l’air réjoui comme jamais !
Superbe en effet …
Un petit séjour sur place j’espère fin octobre et nous monterons une grande dégustation de ces crus pour début 2011 (merci pour ces pistes consolidées).
Vivement le prochain Vinifera :o) prévu pour quand?
J’ai quelques bouteilles de Morgon cote du puy 2005 bien à boire où il vaut mieux encore attendre quelques années?
Si c’est celui de Jean-Marc Burgaud, en bouteille ça se goûte très bien, en magnum c’est à attendre, selon mon expérience qui date de juin dernier.
Le Vinifera sortira au milieu de l’automne, et vous pourrez venir aux Bastions fêter sa parution avec Eric Janin et Cédric Chignard le 17/11. Mais attention, il n’y aura pas de primeurs, que des (grands) crus 2009 : http://www.cavesa.ch/ecole/cours...
!
Merci pour l’info, en effet j’ai pas précisé mais c’est celui de Jean-Marc Burgaud.
Aie, le 17/11 c’est en plein milieu de la semaine, cela va être compliqué, c’est que je suis à Paris :o(
Je suis une grande admiratrice de notre cher Robert Walser dont vous parlez dans l’une de vos rubriques. Vous disiez écrire un texte à son sujet, ou en référence à lui. Ce projet est-il à ce jour visible, publié ? Merci.
Bien aimé ce midi le Morgon Côte de Py 2009 de Louis-Claude Desvignes … très marqué par la richesse de ce millésime.
75 Beaujolais en cours de dégustation …
Après une première série un peu en deçà, très belles réussites hier soir sur :
* Fleurie Roilette cuvée tardive 2009 et 2005
* Fleurie Grand’Cour VV 2000 et VV 1991
* Moulin-à-Vent Janin Clos du Tremblay 1991
Merci à Nicolas Bon et Nicolas Herbin pour avoir partagé cette expérience avec nous.
Suite et fin ce soir.
Les meilleurs vins de la troisième série :
* Fleurie : Domaine de la Grand’Cour "Clos de la Grand’Cour" 2009
* Juliénas : Michel Tête Domaine du Clos du Fief "Cuvée Prestige" 1999
* Régnié : Domaine Christian Ducroux 2007
* Moulin-à-Vent : Paul Janin "Clos du Tremblay" 2009
* Moulin-à-Vent : Yvon Métras 2009(première rencontre pour moi avec ce cru chez ce producteur "nature" célèbre pour ses vins de Fleurie).
La production "boisée et pinotante" du château des Jacques reste incompréhensible, vraiment peu emballante.
Que veut-on donc montrer avec ces vins atypiques ?